Surtout ne pas perdre le nord

CHRISTINE LAURENT

DONC BART DE WEVER PERSISTE. DONC BART DE WEVER multiplie les ultimatums. Donc Bart De Wever assure le show. L’ogre a toujours faim, il n’est pas rassasié. Dans le no man’s land politique dans lequel nous sommes embourbés, pas un jour ne passe sans que nos négociateurs se maudissent mutuellement. Pis, les partis francophones glissent, eux aussi, lentement mais sûrement, vers une  » deweverisation  » des esprits, une sorte de pensée unique qui voit dans l’autre l’ennemi absolu. Un climat d’autant plus empoisonnant qu’il favorise davantage les tacticiens que les stratèges. Or, pour sortir de la mouise dans laquelle s’enfonce notre pays, c’est bien de stratèges qu’il nous faut. Mais pas n’importe lesquels. Non. Que faire du socialiste Philippe Moureaux, par exemple ? Celui-là même qui, comme solution à la crise institutionnelle actuelle, nous suggère, sans rire, de  » creuser des tranchées et d’attendre  » ! Une man£uvre qui rappelle furieusement la formule désopilante de Pierre Dac :  » Tirer d’abord, viser ensuite et réfléchir après. « 

Non, pour mettre toutes les chances de son côté, mieux vaut se tourner du côté de Tony Blair qui a réussi avec brio, en 1998, à boucler un accord historique entre les catholiques et les protestants d’Irlande du Nord, après des décennies de luttes sanglantes. Dans ses Mémoires, l’ex-Premier ministre britannique épingle quelques règles d’or à respecter pour résoudre un conflit communautaire (voir en page 18). Rien moins qu’un précieux viatique dont nos responsables politiques seraient bien avisés de s’inspirer. Première règle : établir une confiance minimale entre les partenaires. Hélas, hélas, comme s£ur Anne, dans notre plat pays, de ce côté-là, on ne voit toujours rien venir. Pis, plus le temps file, plus les relations entre Flamands et francophones se délitent. On dit même que Di Rupo et De Wever ne pourraient carrément plus se supporter. Aïe, ça finira mal.

Deuxième règle incontournable, pas de réunions par intermittence, pas de business as usual, il faut agir vite, tuer net la routine, ne pas craindre de travailler au finish. La tension doit être à son comble, et c’est encore mieux si elle est soumise à une pression extérieure, Communauté européenne, marchés financiers … Electrochoc garanti qui obligera les  » belligérants  » à composer. Attention, également, à ne pas oublier d’intégrer dans la discussion des éléments de la logique de l’autre. Essentiel pour éviter le dialogue de sourds. Un bon accord est un accord win-win, on ne le dira jamais assez. Enfin, nul doute que la personnalité des leaders joue un rôle essentiel. Il faut choisir : homme d’Etat ou politicien. Un océan de différence. Là où l’homme d’Etat osera prendre des risques, le politicien, tétanisé par le citoyen, ne pensera qu’aux urnes, surtout quand on sait que l’électeur récompense rarement les signataires d’un compromis. Dure loi. Vraie ingratitude… Reste à trouver les perles rares.

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Di Rupo et De Wever ne pourraient plus se supporter. Aïe, ça finira mal

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