Vous m’en mettrez pour 10 000 euros

Curieusement, les procès, les référés préventifs, les saisies, les retraits des affiches et les dommages et intérêts dus suite à des  » dérapages  » des magazines people ne dérangent pas toujours ces médias . Aux yeux d’un public naïf et avide de nouvelles croustillantes, ces procédures confortent leur croyance : leur journal est un chevalier blanc, un acteur de la transgression, un valeureux qui  » ose « .

Preuve que les magazines savent très bien ce qu’ils font et jusqu’où aller trop loin :  » Quand je passe devant les kiosques, je me dis, tiens, celui-ci, je vais le juger « , raconte la juge Francine Levon-Guérin dans Les Dessous de la presse people. En France, où la loi est intransigeante en matière de protection de la vie privée, Voici a été la reine du bal en 2005, avec 70 procédures en référé et, en tout, 130 procès. Cette année-là, les deux principales juridictions qui traitent de ce type d’affaires, à Paris et à Nanterre, ont rendu 349 décisions, pour 167 contentieux  » seulement  » en 1998.

Ces recours aux tribunaux ont coûté 884 000 euros à Voici (sans les frais de justice dus aux plaignants), 402 250 euros à FranceDimanche et 245 250 euros à Paris-Match. Mais le jeu en vaut souvent la chandelle : Match a vendu plus de 1 million d’exemplaires avec sa révélation du fils caché d’Albert de Monaco (dont coût : 50 000 euros de dommages et intérêts). Petite anecdote qui ne manque pas de charme : après un procès, certaines célébrités renoncent à une publication judiciaire et échangent leur honneur bafoué contre monnaie sonnante et trébuchante.

Selon un avocat spécialisé,  » avant la télé-réalité, les plaintes étaient plus conséquentes, peut-être plus réelles et mieux fondées « . En fait, depuis Loana ( NDLR : une participante d’une émission de téléréalité française), les dommages et intérêts se sont effondrés, loin des 20 000 euros en moyenne que l’on pouvait obtenir auparavant (sauf cas grave qui faisait exploser le tarif, ou l’inverse). La multitude des dossiers lasserait-elle les juges ? Banaliserait-on les fautes et dérapages en matière de vie privée ? Le double jeu de stars, tantôt complaisantes ou complices des magazines people, tantôt endossant la toge d’accusateurs, brouille les cartes. Certaines d’entre elles ont même déjà été condamnées à payer les journaux qu’elles avaient attaqués !

En attendant, au rayon des dommages et intérêts, en 2005, les Grimaldi ont touché le gros lot (525 303 euros), suivis par Amanda et Patrick Bruel (170 501 euros) et Mylène Farmer (93 750 euros). Viennent ensuite Gérard Depardieu et Claire Chazal, habituée des prétoires. La survie d’aucun des journaux concernés n’a semblé menacée, merci pour eux.

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