Un site pour les amis ?

Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

MySpace s’apparente plus à une carte de fidélité de grande surface qu’à un site de réseau social. C’est l’avis d’un groupe d’activistes qui lance une alternative au système des sites associatifs américains

Créez votre profil, importez vos photos et faites-vous des amis.  » Selon le site MySpace, a Place for Friends, il suffirait de suivre ces trois étapes pour entrer de plain-pied dans l’ère du réseau social. Pour ceux qui auraient raté un épisode, la base du réseau social à la mode Web se compose d’un site sur lequel l’utilisateur ouvre un blog, expose ses photos et remplit une série de petits modules dans lesquels il fournit quelques informations personnelles. Les plus doués peuvent même y placer leurs compositions musicales en croisant (très fortement) les doigts pour qu’un directeur artistique d’une maison de disques les repère – selon la légende, le groupe de rock britannique Arctic Monkeys a débuté ainsi. Le système propose également une messagerie qui permet aux membres de communiquer entre eux et, cerise sur le gâteau, un espace de la page est laissé vierge pour y afficher les commentaires des visiteurs. Cette dernière option est importante, car c’est à partir de ces commentaires que se tisse le réseau social. Si Lulu commente votre page en expliquant que vous êtes une personne vraiment géniale et que vos photos sont trop belles, il serait mal élevé de ne pas lui renvoyer le compliment sur sa page… Voilà pour le principe.

Une formidable machine à vendre

Simple et bougrement efficace – surtout auprès des adolescents – le système MySpace a très rapidement pris de l’ampleur, au point que News Corp, une société du groupe de Rupert Murdoch, l’a racheté en juillet 2005 pour 580 millions de dollars. Etant donné la somme dépensée par le magnat de la presse, l’opération est tout, sauf philanthropique. MySpace est en effet une formidable machine à vendre de l’espace publicitaire. En plaçant en ligne des informations personnelles, en y parlant de leurs goûts, les utilisateurs facilitent la vie des équipes marketing qui n’ont même plus besoin d’analyser leur comportement pour leur proposer de la publicité personnalisée. C’est là que les utilisateurs du système devraient se rendre compte que leur petit bout d’espace Web, qu’ils imaginaient personnel, ne leur appartient finalement pas.

 » Nous offrons un service gratuit car nous prônons la liberté. Internet est l’endroit où les esprits libres doivent pouvoir s’échanger de l’information librement.  » Un rien pompeux, le message de bienvenue de MyOWN- Space (mon propre espace) a le mérite de la clarté. Lancé en juin dernier par des activistes du Net, ce service,  » gratuit comme la lumière du soleil « , se veut une alternative aux services commerciaux. Copie presque conforme de MySpace, le nouveau venu (entièrement programmé en php, sous licence libre GPL) se targue d’avoir déjà attiré plus de 100 000 utilisateurs. Même si un tel chiffre paraît exagéré (et difficilement vérifiable), il reste dérisoire comparé aux 119 millions d’utilisateurs affichés par MySpace. N’empêche, la machine alternative – qui ressemble à une blague de potaches – semble lancée. Selon une journaliste du quotidien Libération, MyOWNSpace serait rapidement devenu le repaire de tout l’underground parisien. Le fait que les bannières publicitaires et les liens sponsorisés renvoient tous à des projets artistiques n’y est probablement pas pour rien.

L’utilisateur qui souhaite ouvrir un compte sur MyOWNSpace ne doit pas s’attendre à recevoir de l’aide des administrateurs. Outre que la FAQ ( Frequently Asked Question ou Questions fréquemment posées) est encore en construction, les responsables techniques ne répondent pas aux messages qu’on leur envoie. Pour autant, si on a l’habitude des outils propres au réseau social, on ne devrait pas être trop dépaysé : MyOWNSpace est à ce point identique à MySpace qu’il permet de produire des sites aussi moches que ceux réalisés avec son prédécesseur commercial.

Informations : www.myspace.com et http://myownspace.fr

Vincent Genot

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