L’½uvre de la semaine: à l’heure où l’ours hiberne…

Le Vif

Cela se passe en France à un jet de pierres de nos frontières dans ce très beau musée de Flandre dont une part est consacrée aux traditions populaires. C’est cet espace qu’investissent les gravures, parfois monumentales d’Agnès Dubart.

Et la fête commence, à coups de tracés décidés et de rondeurs ivres d’encre et de sève. Les corps nus dansent et se retournent. Ils ont la tête en bas, parfois et parfois des clochettes sur la tête. Les compositions gravées sentent bon la terre et la forêt. Jamais le parc arboré. L’homme s’y fait tronc et les racines taquinent le ciel.

Le temps s’ouvre au cycle plutôt qu’à l’instant perdu et l’artiste y trouve un écho à sa profonde nature. Comme elle, nous n’avons plus qu’à accepter la descente vers ce monde d’en bas et aller à la rencontre des elfes et des géants, des animaux fantastiques et de ces autres que les laboureurs et les bergers ont observé, compris et intégré dans leur rapport à la vie. Ainsi l’ours.

A Andenne, en mémoire d’un miracle de la sainte Begge, on les jette en pâture à la foule. Ils font peur. Ce sont des « surhommes » et on songe au Cocteau de « La Belle et la bête ». Mais ici, parions qu’il s’agit d’une femelle. A l’heure de l’hibernation, elle couve la vie à venir en son ventre plein et noir comme le cosmos. Derrière, est-ce la lune, cette présence vaporeuse toute en blancheurs ? Un souffle ? Cet intérêt pour les traditions populaires (très vives dans le nord de la France) pourrait rejoindre l’illustration.

Mais Dubart ne tombe pas dans le piège parce qu’elle vit comme elle imagine et cuisine comme elle grave. Sa « lune » par exemple n’est autre qu’une crêpe de Chandeleur. L’aviez-vous vu ?

Guy Gilsoul

Cassel, musée de Flandre. « Charivari, l’oeuvre gravé d’Agnès Dubart ». Jusqu’au 12 février. www.museedeflandre.lenord.fr

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