Sur la (longue) route de l’Unesco

Pour retrouver son lustre touristique européen d’antan, Spa compte beaucoup sur sa reconnaissance au patrimoine mondial de l’Unesco. Un projet qu’elle porte avec d’autres villes thermales. Mais qui prend du retard, faute de vision commune.

Après la Grand-Place de Bruxelles, le centre historique de Bruges, la cathédrale Notre-Dame de Tournai et les béguinages flamands, Spa va-t-elle allonger la liste des onze sites belges inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco ? La ville d’eaux y oeuvre en tout cas activement. Elle (ou plutôt son centre culturel et ses associations de sauvegarde du patrimoine, soutenus ensuite par le collège) avait déjà tenté sa chance en 2006 et avait fait partie de la short list de huit noms du ministre wallon du Patrimoine de l’époque, Jean-Claude Marcourt (PS), qui avait finalement choisi deux ans plus tard de ne proposer à une inscription définitive que les quatre principaux sites miniers. Blegny-Mine, Grand-Hornu, Bois-du-Luc et le Bois du Cazier ont obtenu leur consécration en 2012. Malgré cette déconvenue, Spa n’a pas abandonné son projet. Mais elle a par contre dû renoncer à l’idée de se présenter seule. Cela tombait bien : une autre ville thermale allemande avait essuyé un refus similaire, bien que l’Unesco lui avait dans la foulée suggéré que la réponse pourrait devenir positive si elle s’associait à d’autres entités.

Une décision attendue pour 2016, au mieux

C’est donc ainsi que Spa a décidé de lier son destin  » unescosien  » à Vichy (France), Bath (Royaume-Uni), Wiesbaden, Bad Kissingen, Baden-Baden (Allemagne) et Montecatini Terme (Italie), ainsi qu’à quatre villes tchèques (Karlovy Vary, Lucmacovice, Marianske Lazne et Frantiskovy Lazne). Cette candidature commune est d’ailleurs portée par la République tchèque. Problème : celle-ci entend bien élargir le cercle et pousse l’intégration de trois autres cités allemandes (Bad Homburg, Bad Ems et Bad Pyrmont) et de Baden, en Autriche.

Ce qui ne fait pas l’unanimité au niveau de tous les membres fondateurs. Dont Spa.  » Ce n’était pas du tout prévu au départ. Nous voudrions vraiment que cette candidature réunisse les villes historiques du développement thermal des XVIIIe et XIXe siècles, plaide Paul Mathy (MR), échevin en charge du dossier avec sa collègue libérale Sophie Delettre. Nous préfèrerions être onze plutôt que quinze. Si nous sommes trop nombreux, cela deviendra ingérable.  »

Les négociations doivent se poursuivre lors de la prochaine réunion des maires en mai prochain à Prague. Quelques lenteurs administratives doivent aussi être accélérées. La décision, initialement espérée en 2015, s’en retrouvera plus que probablement retardée. Les plus optimistes avancent l’année 2016… En attendant, pour financer les différentes démarches, Spa a versé un subside de 1 500 euros en 2013 et 6 000 euros en 2014, comme toutes les autres villes de moins de 50 000 habitants, alors que les plus grandes ont dû s’acquitter d’une somme de 14 500 euros.

Des montants qui semblent dérisoires au regard de ce qu’une reconnaissance par l’Unesco pourrait engendrer comme retombées pour les thermes, le casino, les hôtels et autres établissements Horeca de la perle des Ardennes. Il paraît que figurer au patrimoine mondial entraîne presque du jour au lendemain une hausse de 10 à 15 % de la fréquentation d’un lieu.  » Peut-être aussi pourrions-nous obtenir plus facilement des subsides pour aider à remettre à niveau tout notre patrimoine, espère Paul Mathy. Car avant d’être une ville wallonne et belge, Spa doit redevenir une ville européenne et retrouver le statut qu’elle a pu perdre par le passé.  »

M. Gs

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