Orrorin tugenensis: le fémur manquant du bipédisme?

(Belga) Une nouvelle analyse d’un fémur fossile d’Orrorin tugenensis, un ancêtre de l’homme qui vivait en Afrique il y a 6 millions d’années et était sûrement capable de marcher debout, met en évidence des affinités à la fois avec les grands singes du Miocène et les hominidés qui lui succéderont.

Le fémur fossile d’Orrorin tugenensis, aussi surnommé Homme du millénaire, a été découvert au Kenya en l’an 2000, devenant un sérieux prétendant au statut de premier hominidé bipède, même si ce statut a pu lui être contesté par certains. Les scientifiques s’accordent à le considérer comme bipède, mais le débat reste ouvert sur sa manière de marcher. Le fémur d’Orrorin tugenensis a déjà fait l’objet de plusieurs études au préalable. Mais pour la première fois, une équipe menée par Sergio Almécija (Université Stony Brook, New York, Etats-Unis) a utilisé les techniques de morphométrie les plus modernes pour le comparer à la fois avec des fossiles d’hominidés, tels que des australopithèques ou des espèces du genre Homo, des grands singes (chimpanzés, gorilles, orang-outans) et des représentants de la famille des hylobatidés (gibbons, siamang), mais aussi des fossiles de grands singes datant du Miocène. « Nous avons trouvé que la morphologie fémorale d’Orrorin tugenensis est intermédiaire entre les grands singes fossiles du Miocène et les australopithèques de la période suivante du Pliocène », a expliqué à l’AFP Sergio Almécija, principal auteur de l’étude publiée mardi par la revue Nature Communications. Selon les chercheurs, il s’agit d’une « mosaïque unique ». « Durant la période du Miocène (qui s’étend de 23 millions à 5,3 millions d’années), existait en Afrique, en Europe et en Asie une grande diversité de grands singes qui ne ressemblaient pas du tout aux primates d’aujourd’hui et qui ne se déplaçaient pas comme eux », a-t-il souligné. La plupart n’étaient pas physiologiquement adaptés à la suspension dans les arbres, comme le sont les grands singes d’aujourd’hui. « Nos résultats confirment la présence d’au moins un certain type de bipédie naissante chez Orrorin », a déclaré Sergio Almécija. « Mais ce qui est encore plus important, ils indiquent que la morphologie fémorale du dernier ancêtre commun des chimpanzés et des humains pourrait être mieux cernée par la morphologie de certains singes fossiles », a-t-il poursuivi. Selon les chercheurs, les fémurs des humains modernes et des grands singes vivant aujourd’hui ont évolué dans des directions différentes à partir d’une forme plus primitive montrée chez certains singes fossiles. « Nos résultats indiquent que seule une meilleure compréhension de l’évolution des grands singes au cours du Miocène aidera à élucider les changements morphologiques initiaux menant aux origines du genre humain », a-t-il estimé. (Belga)

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