Le sourire à l’ère high-tech

Signe de bonne santé et d’une qualité de vie, témoignage de confiance et de gentillesse, le sourire est une clé pour ouvrir les portes de la réussite. Tour d’horizon des techniques pour sourire mieux. Et plus blanc.

Les gens souriants rassurent d’emblée leurs interlocuteurs. Le sourire fonctionne comme une invitation, une promesse de bonne relation pacifique. Important pour le bien-être social, il est aussi une source d’épanouissement personnel. Quand il n’est pas parfait, il peut générer des complexes. Mais c’est quoi, un sourire parfait ? Un sourire  » ultra bright « , des dents blanches et éclatantes, rigoureusement alignées ? Les professionnels de la santé sont unanimes : un beau sourire est un sourire naturel et harmonieux.  » L’harmonie peut être une somme de dysharmonies, explique Amélie Mainjot, cheffe de clinique en prothèse fixe au CHU Liège (considérée comme l’une des plus pointues en Belgique) et chargée de cours en biomatériaux dentaires à l’ULg. Notre cheval de bataille et notre objectif consistent avant tout à rendre le sourire aux patients en utilisant des techniques minimalement invasives, c’est-à-dire qui préservent au maximum les tissus dentaires. Nous cherchons également à réaliser des restaurations les plus biomimétiques possibles, c’est-à-dire qui s’inspirent de la nature sur le plan esthétique et biomécanique. Plus on abîme une dent, plus on limite son espérance de vie. Il faut que la technique soit la moins invasive possible. Dans un lointain avenir, on espère même pouvoir mettre en oeuvre des biomatériaux qui régénèreront les tissus dentaires. Car l’important pour nos patients, c’est avant tout de pouvoir garder leurs dents toute leur vie. L’esthétique s’arrête là où commence la préservation des tissus dentaires.  » Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui à tous de retrouver le sourire de leur jeunesse et de restaurer les dents de manière très respectueuse des tissus restants.

Les solutions les moins invasives

Souvent, le détartrage suivi d’un aéropolissage soigneux à l’aide d’une poudre de bicarbonate de soude, visant à éliminer le tartre, les colorations superficielles et la plaque dentaire, suffiront à redonner un coup d’éclat au sourire de façon simple, peu onéreuse et tout à fait inoffensive.  » Le blanchiment, ou plutôt l’éclaircissement, pour utiliser le terme plus approprié, améliore la clarté des dents et peut apporter une solution dans un grand nombre de cas « , souligne Jacques Benizri, dentiste généraliste qui pratique notamment la dentisterie cosmétique. Technique conservative et non invasive, elle peut être appliquée de deux façons. Chez soi, en portant une gouttière personnalisée préalablement confectionnée par le dentiste que l’on emplit d’un gel oxydant (à base de peroxyde d’hydrogène le plus souvent) et que l’on porte généralement de 9 à 14 jours durant 45 à 120 minutes quotidiennes. Un port plus important peut être indiqué selon le résultat désiré. Au cabinet dentaire où le praticien applique sur les dents, après isolation des gencives, un gel oxydant plus concentré, exposé ou non à une lumière spéciale. Après 45 minutes, l’effet éclaircissant est immédiat. Cette méthode conviendra particulièrement aux gens pressés. Cependant, l’association de l’éclaircissement professionnel suivi par celui pratiqué à la maison donnera sans doute le meilleur résultat. Des retouches seront nécessaires pour maintenir l’éclat obtenu. Il faudra répéter des séances d’éclaircissement tous les 6 à 12 mois. Ce traitement peut résoudre la majeure partie des cas que présente au départ une dentition saine. Mais il ne faut pas rêver de sourire plus blanc que blanc.

Il est bon de rappeler que les dentifrices  » blanchissants  » n’ont pas d’effet blanchissant intrinsèque. L’inclusion de particules abrasives (souvent du bicarbonate de soude) donne juste un meilleur effet de nettoyage par action mécanique. Il faut donc s’abstenir de les utiliser sur le long terme.  » Attention aussi aux techniques de grand-mères vantées parfois sur Internet qui prônent l’utilisation d’un cocktail composé de bicarbonate de soude et de jus de citron, intervient Jacques Benizri. C’est à proscrire totalement car on érode l’émail très rapidement !  »

Initiée à la fin des années 1980, la micro-abrasion est toujours d’actualité. Elle est pratiquée pour venir à bout des colorations et des taches plus importantes. Il s’agit, à l’aide de gel acide et de pâte abrasive, d’enlever quelques microns de la surface de l’émail. Cette technique facile donne de l’effet en une seule séance. Elle peut être pratiquée chez tout le monde, mais uniquement sur les dents naturelles, non couvertes. La micro-abrasion est surtout efficace contre les taches dues à une hypo-minéralisation localisée se manifestant par des opacités blanches et contre les taches de fluorose dans l’émail. De couleur jaune-orange, celles-ci sont provoquées par l’absorption d’un excès de fluor durant la formation de la dent. La micro-abrasion est un traitement non invasif et efficace. Elle va diminuer l’intensité des taches et homogénéiser la couleur des dents.

Blanc opaque façon  » carrelage  »

Pour obtenir un sourire idéal et très blanc, on peut faire appel à la technique des facettes. Elle existe actuellement en deux variantes : pelliculaire et traditionnelle, toutes deux en céramique. La pose des premières, pratiquée depuis vingt ans aux Etats-Unis et depuis dix ans en Europe, est un traitement à peine plus invasif.  » On fait des empreintes de la dentition en haut et en bas, on les scanne, puis on simule un sourire idéal pour le patient pour déterminer la forme des dents, poursuit Jacques Benizri. Une machine-outil informatisée va réaliser de fines pellicules de céramique d’une épaisseur de 0,2 à 0,3 mm qui seront ensuite collées sur les dents. Elles pourront corriger des défauts d’alignement mineur, des diastèmes (espaces) et des défauts de forme, tout en éclaircissant considérablement la couleur des dents.  » On obtient ainsi des dents parfaitement alignées, d’une couleur extra-blanche opaque et uniforme… sans aucune nuance et sans vie. Mais comme tous les goûts sont dans la nature, certains ne jurent que par cette dentition impeccable et plus que parfaite qui ressemble un peu à un carrelage blanc de salle de bains flambant neuve. Ce sourire artificiel, sans aucune personnalité, est fabriqué en deux séances. Il demande très peu, voire pas du tout, de préparation des dents. Autrement dit, il ne faut pas les tailler et la technique est donc réversible. L’inconvénient ? Dans le cas des dents très colorées, par exemple dévitalisées et noirâtres, la couleur peut transparaître au travers de la facette, étant donné sa faible épaisseur. Le coût ? Il faut prévoir entre 400 et 600 euros pour une facette, non remboursés ni par la mutuelle ni par une assurance privée car on est dans le domaine des soins esthétiques. En revanche, un remboursement peut avoir lieu lorsqu’il s’agit d’une réparation médicale dans le cas d’une dent cassée.

Considérée comme le nec plus ultra, la pose de facettes traditionnelles en céramique est souveraine pour modifier la couleur des dents et leur forme. Les facettes masquent des colorations intenses sur des dents intactes ou précédemment obturées ou fracturées. On enlève très peu de matière dentaire : entre 0,5 et 0,7 mm avec un maximum de 1 mm. Au niveau du bord libre, on réduit la dent de 2 à 2,5 mm. L’avantage de cette technique est indéniable : on peut donner de la vie à la dent et obtenir la même progression de la teinte que celle de la dent naturelle. En effet, ces facettes sont stratifiées au laboratoire de telle sorte qu’on obtient une couleur saturée du côté des gencives et plus de transparence au niveau du bord libre des dents. Ce dégradé de la couleur imite la nature, est biomimétique, et s’inscrit donc dans le but visé par la belle dentisterie. En fonction du praticien et du laboratoire, le prix varie entre 800 et 1 200 euros par facette.

Tout le monde, de 18 à 99 ans, peut avoir recours à cette technique (les femmes seraient plus nombreuses à la demander) avec une exception cependant : elle est contre-indiquée chez les personnes qui grincent des dents. Bien que la colle soit extrêmement solide, elle aura du mal à faire face à ce traitement rude et continu et la facette pourra se décoller ou se briser. En revanche, quand on prend soin de ses facettes (prudence, entretien minutieux, nettoyages fréquents, utilisation du fil dentaire), elles vont durer entre dix et quinze ans, voire plus.

Composites collés et couronnes high-tech

Si votre budget est limité, la pose de composites collés peut aussi être une bonne solution. Le praticien applique par collage, dent par dent, des couches de résine composite qui seront ensuite photopolymérisées (fixées) avec une lampe halogène. Comme dans le cas des facettes céramiques, on arrive à masquer les imperfections, on peut rallonger les dents et modifier leur couleur, le tout sans les tailler. Lors d’une séance de 2 heures, on peut donner une nouvelle apparence à plusieurs dents et le patient quitte le cabinet avec un sourire modifié et radieux. Si le collage est d’une résistance élevée, un accident peut toujours arriver. Pas de panique, car des réparations s’effectuent facilement dans devoir tout recommencer. Cette technique n’est toutefois pas indiquée pour les fumeurs ou les grands buveurs de café ou de thé, car le matériau est microporeux. Le prix ? Il faut compter entre 150 et 300 euros par dent.

Cela dit, lorsqu’une dent est très reconstruite par des obturations ou dévitalisée avec une coloration noirâtre et très opaque, il vaut mieux réaliser une couronne à recouvrement périphérique total. Elle va consolider la dent et l’embellir dans sa forme et dans sa couleur. Les couronnes actuelles sont souvent réalisées avec une armature en zircone, plutôt que métallique. Il s’agit d’une matière blanche très dure sur laquelle on cuit de la céramique. Cela évite qu’un liséré grisâtre apparaisse lors d’une rétraction de la gencive avec le temps et permet plus de passage de lumière au travers de la dent. Le résultat est de longue durée, entre dix et quinze ans. Quant à l’éventail des prix, il est large (entre 500 et 2 000 euros), et varie selon la difficulté du cas, l’expérience du praticien, etc.  » Il est certes tentant de chercher toujours le meilleur coût, mais la qualité a un prix, rappelle Jacques Benizri. Pour obtenir un beau sourire sur mesure, beaucoup de paramètres entrent en jeu : les matériaux, les techniques, le travail et les finitions. La meilleure dentisterie esthétique nécessite une approche totalement personnalisée et ne peut pas faire objet de  » promotions « . De plus, aucun traitement n’est définitif. On ne peut jamais dire :  » c’est pour la vie « . Toutes les techniques nécessitent la bonne indication, de la prudence, des contrôles réguliers, un entretien et une hygiène irréprochables, destinés à maintenir le résultat le plus longtemps possible.  »

Bars à sourire, attention !

La recherche du sourire parfait a généré, il y a quelques années, l’éclosion de multiples bars à sourire offrant la possibilité de se faire blanchir les dents pour un coût bien moins élevé que chez le praticien. En Belgique, aucune réglementation ne les contrôle. Les bars à sourire clament que le blanchiment des dents est un acte purement esthétique et non médical. Ils ne prétendent pas remplacer les dentistes. Au début de leur existence, ces bars proposaient des dents blanches obtenues à l’aide de produits à base de peroxyde d’hydrogène, comme chez les professionnels. On promettait de gagner quelques teintes lors d’une séance de 20 à 30 minutes. Cependant, l’utilisation de peroxyde d’hydrogène, sans indication adéquate, sans un examen de l’état de la dentition et des muqueuses buccales, peut être néfaste pour la santé. Pour protéger la population face au danger d’une utilisation abusive, la réglementation européenne des cosmétiques encadre plus étroitement, et ce depuis le 31 octobre 2012, tous les produits de blanchiment dentaire contenant de peroxyde d’hydrogène et appliqués sur la face externe des dents. Aujourd’hui, la concentration maximum autorisée est de 0,1 %. Les dentistes, quant à eux, peuvent utiliser des produits à une concentration maximale de 6 %. Autant dire qu’actuellement, étant donné la faible concentration autorisée, l’effet blanchissant est quasi nul et peu durable. Face à l’interdiction, les bars à sourire ont trouvé la parade en remplaçant le peroxyde d’hydrogène par le perborate de sodium. Ce produit libère de l’oxygène et peut certes avoir un effet blanchissant, cependant très faible et non durable. Mais surtout, il n’est pas sans danger pour la santé générale. En effet, il est classé mutagène et peut présenter un risque de stérilité chez les hommes.

Par Barbara Witkowska

 » Dans un lointain avenir, on espère même pouvoir mettre en oeuvre des biomatériaux qui régénèreront les tissus dentaires  »

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