Que gagnent les politiques ?

Gagnent-ils trop ? Pas assez ? Difficile à dire pour une vie aussi précaire que la politique. Ce n’est pas tant la hauteur des traitements qui interpelle, que leur disparité.

Fin 2010, le Premier ministre, les vice-Premiers et le ministre des Affaires étrangères bénéficiaient d’un traitement mensuel net identique de 11 251 euros, soit légèrement plus que les autres ministres (10 931 euros) et les secrétaires d’Etat (10 491 euros). A ce revenu s’ajoutent les indemnités pour frais de représentation, de logement et de domestique, qui sont doublées pour les premiers cités. Même en affaires courantes, ce n’est pas le pactole. Et c’est sans commune mesure avec les salaires mirobolants des managers des entreprises publiques autonomes (Belgacom, bpost, SNCB…), qui peuvent gagner jusqu’à six fois plus.

Plus étonnant, Kris Peeters, ministre-président du gouvernement flamand (10 536 euros) gagne un  » chouia  » de moins que son homologue bruxellois Charles Picqué (10 600 euros)… et tous deux sont dépassés par Rudy Demotte et ses 11 226 euros !  » Cette incohérence s’explique par la structure de la rémunération, ainsi que par le montant du traitement de base et des indemnités qui s’y ajoutent « , explique Jean Faniel, du Crisp, qui a recueilli toutes les données (1). Mais c’est André Flahaut et Danny Pieters, présidents respectivement de la Chambre et du Sénat, qui décrochent la timbale avec 16 241 euros mensuels, alors qu’un simple parlementaire ne perçoit que 5 616 euros. Explication : dans l’ordre protocolaire, les présidents des différentes assemblées devancent les ministres-présidents et ministres. D’autres fonctions sont également plus juteuses. Ainsi, les présidents des groupes politiques à la Chambre perçoivent un revenu mensuel net de 7 280 euros si leur groupe est composé d’au moins cinq membres et de 7 988 euros si leur groupe en compte au moins 12.

Et au niveau local ?

La rémunération nette d’un bourgmestre varie de 1 374 euros (commune de moins de 300 habitants) à 5 157 euros par mois, rapporte Jean Faniel dans une autre étude (2). Le bourgmestre de Daverdisse, la commune wallonne la moins peuplée (1 342 habitants en 2005), peut compter sur un traitement de 1 849 euros, bien en deçà de son homologue de Charleroi et ses 5 157 euros mensuels. Quant aux échevins, leur traitement équivaut à 60 ou 75 % de celui du bourgmestre de la commune, selon que celle-ci compte moins ou plus de 50 000 habitants. Rappelons ici que, chaque année, les élus doivent mentionner dans une déclaration tous leurs mandats ou professions, et pas seulement dans le secteur public.

Irresponsable et insensé

Quant aux eurodéputés, ils reçoivent dorénavant une rémunération identique de 7 957 euros brut, financée par le budget du Parlement européen, soit 6 201 euros net après déductions. Les parlementaires de certains Etats membres, comme l’Italie, qui voient leurs émoluments fondre subitement, peuvent toutefois bénéficier de l’ancien système jusqu’en 2014. Les eurodéputés ont récemment fait parler d’eux en réclamant une rallonge de 1 500 euros, officiellement pour payer leurs assistants, alors que leur enveloppe mensuelle à cet effet se monte déjà à près de 20 000 euros. Dans l’hémicycle, certains ont toutefois jugé cette augmentation  » irresponsable et insensée  » en ces temps d’austérité…

(1) Le financement de la vie politique,Dossier n° 75, 80 p.

(2) La rémunération des mandataires locaux, Crisp, Courrier hebdomadaire, n° 2084-2085, 2010.

FRANÇOIS JANNE D’OTHÉE

MÊME EN AFFAIRES COURANTES, CE N’EST PAS LE PACTOLE

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