» Mettre en évidence notre singularité « 

Quatre questions à Philippe Van Cauteren, directeur du musée d’Art contemporain de Gand, le Smak.

Le Vif/L’Express : Comment se situe la mission du Smak face à la prolifération des musées d’art contemporain ?

Philippe Van Cauteren : Quand le Smak a été inauguré, il était le seul en Belgique. Depuis, en effet, ce n’est plus le cas. Face à cette multiplication qui gagne aussi l’Amérique du Sud, l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient, on doit abandonner le projet encyclopédiste au profit de collaborations en cherchant à mettre en évidence ce qui fait notre singularité. La nôtre est liée aux caractéristiques de la Ville de Gand. De taille moyenne, elle offre la possibilité d’analyser des phénomènes que ne peuvent plus se permettre les mégapoles, par exemple. Du coup, nos expériences muséales, dont les expositions sont l’expression, intéressent d’autres musées urbains. Ainsi, l’une d’elles a été présentée à Rio de Janeiro.

Comment réagissez-vous face à la multiplication des musées privés d’art contemporain ?

La concurrence est déloyale. Les musées vénitiens du collectionneur Pinault ont un budget d’acquisition supérieur à celui du Centre Pompidou. Mais notre pauvreté est aussi notre richesse parce qu’elle nous rappelle notre responsabilité. Quelles expositions, pour qui et pour quoi ? En plus, nous ne jouons pas la carte de la spéculation financière. Nous avons un devoir de mise en évidence (en perspective) face à l’actualité du monde et à l’histoire de l’art.

Il n’empêche que vous êtes amené à affronter ce qu’on pourrait appeler une industrialisation de la culture. Songeons au million de visiteurs de l’exposition Monet.

Bien sûr, le public aime les stars. Les grands noms comme McCarthy ou Morellet ont attiré du monde vers le Smak. Mais nous voulons aussi révéler des £uvres méconnues qui sont alors présentées en rétrospective pour la première fois chez nous. De ce fait, nous pouvons tisser une histoire de l’art que les musées de collectionneurs n’envisageraient jamais.

Comment vous situez-vous face à ces collectionneurs qui, il est vrai, ont aussi été à la base de bien des collections muséales ?

Les £uvres appartiennent-elles à un musée ou à la collectivité ? Au Smak, nous avons déjà réalisé un transfert vers le musée des Beaux-Arts d’une part de nos collections (expressionnisme, surréalisme) et nous en préparons un autre avec des £uvres datant des années 1950. Avec le Muhka, le musée d’Ostende et le Middelheim, nous réfléchissons à cette question qui vise aussi à réunir en un seul lieu des pièces disséminées.

G.G.

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