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La situation humanitaire au Soudan du Sud reste catastrophique

Le Vif

La situation humanitaire au Soudan du Sud reste catastrophique, près de six mois après le début des violences. Les conditions de vie et d’hygiène dans les camps pour réfugiés sont déplorables, a alerté mardi l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) lors d’une conférence de presse, alors que le Soudan du Sud fêtera le mercredi 9 juillet ses 3 ans d’indépendance.

Le Soudan du Sud est l’une des principales interventions de MSF dans le monde, avec 22 projets disséminés dans le pays et plus de 3.500 personnes travaillant pour la mission. Au total, 330.679 personnes ont été assistées par l’ONG entre décembre 2013 et juin dernier, dont 41% d’enfants de moins de 5 ans.

Le budget annuel s’élève à quelque 80 millions d’euros. « C’est une des plus grosses sommes débloquées pour une intervention de MSF. Cela nous met donc une pression supplémentaire pour réussir à aider un maximum de personnes », explique le responsable des activités d’urgence de l’ONG au Soudan du Sud, Henry Gray.

Les violences ont fait depuis décembre des milliers, voire des dizaines de milliers de morts, et chassé de chez eux plus de 1,2 million de Sud-Soudanais. A la rivalité politique entre le président M. Kiir et son ancien vice-président M. Machar se greffent de vieilles rancunes entre peuples dinka et nuer dont ils sont respectivement issus, et les combats s’accompagnent de massacres et d’atrocités sur des bases ethniques contre les civils.

« Il est extrêmement difficile de délivrer les soins nécessaires dans certaines régions du pays. Les défis logistiques s’ajoutent aux défis médicaux. Nos équipes travaillent dans des conditions dangereuses, mais nous ne sommes pas suicidaires. Le manque d’accès aux soins de santé est le deuxième facteur de mortalité au Soudan du Sud, après les violences directes sur la population », estime M. Gray.

Les déplacements de la population fuyant les combats engendre la multiplication d’épidémies. Depuis le 15 mai dernier, des épidémies de choléra se sont déclarées à Juba. « Les conditions sanitaires déplorables et la surpopulation dans les camps de réfugiés ont offert les conditions idéales pour la propagation de la maladie », explique le coordinateur médical de la mission, Ahmed Abdelrahman. « Le nombre de cas de malaria a également doublé », poursuit M. Abdelrahman.

Plus d’un tiers de la population – 3,7 millions de personnes – est menacée par la faim, selon les Nations unies. L’ONU a estimé à 1,27 milliard de dollars l’aide nécessaire, dont seulement 40% ont été réunis jusqu’ici.

Oxfam a également attiré l’attention sur le sous-financement de l’intervention humanitaire, mardi dans un communiqué. « Le Soudan du Sud connaît actuellement la plus grave crise du continent africain: près d’un tiers de la population risque de souffrir gravement de la faim, or l’aide ne parvient à ce jour qu’à la moitié des personnes dans le besoin. L’ONU a déjà averti que, faute d’un renforcement de l’aide, 50.000 enfants risquent de mourir de malnutrition », selon Oxfam.

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