Bernard De Vos réclame une décision rapide sur le rapatriement des enfants belges de Syrie

Le délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos, a appelé mardi le Premier ministre Charles Michel et les informateurs royaux en vue de la constitution d’une majorité fédérale à prendre rapidement la décision de rapatrier tous les enfants belges nés de djihadistes partis combattre dans les rangs de l’Etat islamique (EI) et retenus en Syrie, principalement ceux séjournant dans des conditions « horribles » dans le camp de déplacés d’Al-Hol, dans le nord-est du pays.

« Parce que la situation dure (depuis) très longtemps. On a eu une période électorale assez longue, avec les élections communales, puis les élections fédérales et régionales, et tout ça a fait que les décisions étaient difficiles à prendre, semblerait-il (…). Il faut donc aujourd’hui se dire que la situation est telle dans les camps au nord-est de la Syrie qu’il ne faut plus attendre. On ne peut pas attendre un nouveau gouvernement pour prendre des décisions courageuses et pour faire en sorte que ces enfants puissent revenir en Belgique », a-t-il affirmé à la RTBF-radio, dans la foulée d’une lettre ouverte publiée lundi.

Dans cette dernière, citant des chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) datant de début avril, M. De Vos fait état de 249 morts dénombrés dans ces cas, dont 80% d’enfants en bas âge, décédés à la suite de malnutrition, de plaies infectées, de brûlures et de diarrhées aiguës.

« Parmi ces enfants décédés, on compte au moins deux enfants belges », relève le délégué général aux droits de l’enfant de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Selon lui, l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM) « parle de 150-160 enfants belges qui ont été à un moment dans les territoires en guerre ».

« Aujourd’hui, il y a une trentaine d’enfants qui sont localisés dans des camps, les camps de Al-Hol ou de Al-Roj, qui sont des camps dans lesquels les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Dans le camp de Al-Hol, qui est un camp qui a été construit pour accueillir entre 7.000 et 10.000 personnes, il y a actuellement 78.000 personnes. On peut donc imaginer les conditions sanitaires, les conditions de sécurité, toutes les conditions qui sont horribles dans ce camp, et des enfants », a-t-il ajouté à la RTBF.

Il note que les positions du gouvernement ont varié avec le temps. L’une d’entre elles concerne l’âge des enfants à rapatrier. Il a d’abord été fixé à 10 puis à 12 ans, pour considérer que ces enfants pourraient être « automatiquement » rapatriés et qu’au-delà de cette « limite » chaque mineur d’âge serait automatiquement considéré comme combattant potentiel et devrait faire l’objet d’un traitement individualisé qui statuerait sur son éventuel retour.

« Notre avis n’a jamais varié sur la question: la Convention des Nations Unies qui protège leurs droits considère comme enfants toutes les personnes âgées +de moins de dix-huit ans+. Nous ne voyons pas ce qui pourrait permettre de faire exception à la règle concernant ces enfants-là », poursuit encore M. De Vos.

Certains pays ont adopté une attitude plus souple. Ainsi, la France étudie les situations « au cas par cas » et ne rapatrie que des orphelins ou enfants isolés. Cinq orphelins sont ainsi revenus de Syrie le 15 mars et une fillette de trois ans le 27 mars.

Les autorités semi-autonomes kurdes ont annoncé lundi avoir remis cinq orphelins norvégiens à une délégation venue les rapatrier.

« Depuis plus de deux ans, je n’ai eu de cesse de recommander que tout soit mis en oeuvre pour sauver les enfants belges du drame humain qui se prolonge et s’intensifie au fil du temps long des atermoiements politiques et autres », écrit encore M. De Vos.

Il rappelle aussi dans sa lettre ouverte que le Comité des droits de l’enfant de Genève s’est lui aussi inquiété de la situation pour réclamer, dans ses dernières recommandations publiées en janvier 2019, que la Belgique facilite le rapatriement de « tous les enfants belges, avec leur famille chaque fois que c’est possible », des anciennes zones de conflit détenues par Daesh (l’acronyme arabe pour l’EI) en territoires irakien et syrien.

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