» Liège doit compter dans l’Europe de demain « 

Le maître mot, à Liège, est  » projet « . Projets pour la ville, mais aussi pour toute l’agglomération, avec le retour du tram, la candidature à l’Expo 2017, celle à l’accueil du Centre pour sportifs de haut niveau de la Communauté française ou encore Trilogiport. Le Liégeois Willy Demeyer (PS) a pris la tête de la Conférence des bourgmestres de l’agglomération pour enclencher cette  » communauté urbaine de projets « .

Le Vif/L’Express : Serez-vous candidat à votre succession aux communales de 2012 ? Et quel sera le rôle de Jean-Claude Marcourt ?

Willy Demeyer : Je serai tête de liste pour le PS. Mais c’est bien qu’il y ait un deuxième, si je devais m’en aller, on ne sait jamais. Mais rassurez-vous, ce n’est pas au programme.

En 2005, vous aviez démissionné de votre mandat de député wallon pour vous consacrer pleinement à la ville. Vous êtes toujours bourgmestre, depuis plus de dix ans, mais aux élections de 2010 vous avez été élu sénateur, et vous êtes même vice-président du Sénat. Sénateur, cela demande moins de travail que député wallon ?

Quand j’ai démissionné en 2005, c’est parce que je venais d’être porté à la présidence de la fédération socialiste de Liège, et qu’il y avait une incompatibilité de fait. Mais, aujourd’hui, je suis plus âgé, mieux expérimenté, et mon travail au Sénat, dans les commissions de l’Intérieur et de la Justice, est proche des préoccupations des grandes villes, en matière de sécurité par exemple.

A la fédération, vous avez fait le ménage ?

Oui. A la fédération, nous avons maintenant un consensus très large sur la manière de voir le développement de l’agglomération, avec les nouveaux élus de 2006. Contre toute attente peut-être : vous savez, Frédéric Daerden est un ami personnel…

Cette belle entente vous permet d’avancer dans votre projet Liège métropole…

C’est en tout cas la fin du grand malentendu avec les communes voisines.  » Liège est une ville endettée, mal gérée, qui nous prend notre fric « , entendait-on d’un côté.  » Ils nous piquent nos bijoux de famille et nos habitants « , disait-on de l’autre. Aujourd’hui, la Région a repris la dette de Liège (voir l’encadré), et nous avons en quelque sorte reçu notre certificat de bonne gestion. Le malentendu est donc résorbé. La Ville a par exemple cédé le musée de la Vie wallonne à la province, de même que la bibliothèque centrale. Liège a retrouvé son rôle central, qui est accepté par les autres.

Liège métropole, c’est une image de marque : l’université, l’aéroport, le Port autonome… En 1905, Liège était le phare économique du monde entier. Nous avons touché le fond au tournant du siècle, mais nous sommes en train de remonter la pente. Sur le plan institutionnel, pour la première fois, les communautés de communes sont envisagées dans la Déclaration de politique régionale wallonne. Pour la première fois également, le ministre wallon des Pouvoirs locaux porte aussi le titre de ministre de la Ville. C’est la première fois qu’il y a une reconnaissance officielle du phénomène urbain. Le retour vers les villes est un mouvement mondial, les villes redeviennent les centres. C’est l’Europe des villes, avec leur rayonnement, comme au Moyen Age. L’urbanité, la concentration de l’habitat, c’est un phénomène qui doit être reconnu. L’étalement de l’habitat, c’est fini. C’est impayable, et en opposition avec les principes du développement durable.

Mais une communauté urbaine pour quoi faire ?

Pour faire mieux avec moins, sur la base d’une stratégie globale et cohérente, en matière de culture, d’enseignement, d’habitat, de soins, de mobilité… Nous devons aussi trouver une taille pertinente vis-à-vis de l’Europe qui, de plus en plus, ne prend en compte que les villes de plus de 500 000 habitants. L’arrondissement de Liège comprend 24 communes et quelque 600 000 habitants. Liège, Seraing et Herstal en ont 300 000 à elles seules. Ces trois communes sont source de la grande richesse de l’agglomération… mais aussi le réceptacle de la grande pauvreté. Il faut donc chercher le niveau de pouvoir le mieux adapté à chaque problème. Cela peut être le fédéral, la Région, la province, l’arrondissement, la commune, voire le quartier. Nous avons ici une majorité de bourgmestres qui pensent comme cela. L’implantation d’un hôpital ou d’un pôle commercial doit se décider au niveau du bassin de vie, pour centraliser les fonctions et renforcer les solidarités entre les communes. Nous devons trouver des accords sur l’aménagement du territoire dans l’arrondissement, et même dans la province, pour arriver à un équilibre harmonieux entre Liège et sa périphérie. Nous devons établir le cadastre des équipements, pour éviter les doublons, et remédier aux manques. Nous allons formuler des propositions. Nous avons par exemple déjà travaillé à une collaboration entre polices en créant un peloton antibanditisme commun à Liège, Seraing, Neupré, Herstal et Flémalle. Autre exemple : le casino de Liège, c’est celui de Chaudfontaine, dont le bourgmestre, Daniel Bacquelaine, est libéral.

Vous êtes également président du GRE, qui travaille sur le retour du tram, ou sur l’Expo 2017…

Le GRE (Groupe de redéploiement économique) a été créé en réponse aux menaces qui planaient sur la sidérurgie liégeoise. C’est un outil de reconversion. Je le laisse travailler, et ça marche. Mais c’est vrai, nous travaillons sur l’avenir, dans une  » communauté urbaine de projets  » qui associe la conférence des bourgmestres et la Province, parfois avec les pouvoirs locaux de Verviers et de Huy-Waremme. Le retour du tram, par exemple, a été présenté en 2007 par la conférence des pouvoirs locaux de l’arrondissement de Liège. C’est un projet structurant pour toute l’agglomération. Nous travaillons aussi à la candidature de Liège pour l’Exposition internationale de 2017 (voir en page 100). Cette expo internationale pourrait nous faire gagner quinze ans de positionnement international, et resituer la ville sur la carte du monde. La Région wallonne, la Communauté française, la Belgique, l’Europe, la francophonie nous soutiennent. Il n’y a pas d’autre candidature européenne, ni venant d’une ville appartenant à la francophonie. Et tous les conseils communaux liégeois appuient notre dossier. Je visite aussi les villes flamandes pour les convaincre. En 2012, nous recevrons des délégations des 157 pays concernés pour leur présenter notre projet. En fait, 2017, avec l’Expo, le tram et la concrétisation de tant d’autres projets, c’est un aboutissement. Et un départ : Liège doit redevenir une des métropoles qui comptent dans l’Europe de demain, une métropole dans laquelle il fait bon vivre, c’est notre destin.

Entretien : Michel Delwiche

 » 2017, avec l’Expo, le tram…, est un aboutissement. Et un départ « 

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