Fraiture et JT

Pratiquez-vous encore un sport?

Marc Grosjean (44 ans): Pas depuis que je suis entraîneur. J’ai tourné la page sans regret. J’ai toujours dû me soigner et travailler, consentir des sacrifices. Quelque part, j’en avais marre. De toute façon, je n’ai plus le temps de faire du sport. Il m’arrive de jouer au tennis ou au mini-foot avec des copains, en vacances. Quand je prends une décision, je ne reviens pas facilement dessus. Je suis Vierge et j’en ai beaucoup de caractéristiques mais, ceci dit, je ne crois pas aux horoscopes au quotidien.

Quels sont vos centres d’intérêt?

Peu. J’essaie de mieux faire le vide et de consacrer plus de temps à ma famille. Avant, lorsque j’avais le choix entre le football et la famille, je privilégiais le foot. Je relativise mieux les choses depuis ce qui s’est passé à La Louvière. C’était mon premier coup dur. J’adore mon travail. Lorsqu’il est fini, je suis à la taverne.

Ramenez-vous vos problèmes à la maison?

Je crois que Corinne l’a remarqué mais j’essaie de les mettre de côté. Mon entourage n’a pas à pâtir de mon métier, aussi prenant soit-il.

Vos enfants sont-ils sportifs?

Marine (13 ans) est accro du foot. Elle connaît le jeu, les équipes, mais elle ne joue pas! Elle s’adonne au tennis. Même si le football féminin évolue très bien, je ne trouve pas que ce soit un sport élégant pour une femme. Caroline (18 ans) joue au basket et Pierre-Etienne (20 ans) touche un peu à tout. Je n’ai jamais forcé mes enfants à pratiquer un sport. Je ne suis pas davantage déçu que Pierre-Etienne ne joue pas: sinon, j’irais encore au foot le dimanche matin!

Quel père êtes-vous?

Avec l’âge, on prend conscience de ses responsabilités. Marine est privilégiée car j’essaie de lui apporter ce que je n’ai pu ou su offrir aux autres. Plus jeune, j’étais trop braqué sur moi et sur le football.

Malgré vos longues navettes, vous restez fidèle à votre région…

J’ai la chance d’habiter où je l’ai toujours voulu, à Fraiture, un charmant petit village très paisible. L’atmosphère est restée très villageoise, tout le monde se connaît. Il est à mi-chemin entre Sprimont, d’où je viens, et Comblain-au-Pont, où Corinne tient la taverne familiale.

Comment avez-vous rencontré Corinne?

Ni au foot ni au café! Nous nous connaissons depuis longtemps mais nous nous sommes perdus de vue. Nous nous sommes revus grâce à son cousin, Michel Rasquin.

Qu’aimez-vous chez Corinne?

C’est une femme foncièrement honnête et sincère, d’une grande lucidité dans ses décisions. Elle a le sens du partage, elle fait preuve de rigueur et de sérieux dans son travail. Elle sait donner un but à sa vie, elle est peu influençable et a le sens des responsabilités. Corinne est une femme qu’il ne faut pas décevoir. Je ne sais pas si, plus jeune, j’aurais apprécié ses qualités. Nous sommes mariés depuis 15 ans, maintenant.

A quoi ressemblent vos vacances idéales?

Huit ou dix jours me suffisent! Sinon, ça m’énerve. Les vacances sont synonymes de repos car nous voyons des gens toute l’année et jusqu’à présent, les clubs que j’ai entraînés requéraient beaucoup de disponibilité, de présence. Nous aimons l’Italie. Nous sommes allées trois ou quatre fois à Venise, nous avons fait les deux côtes. Ce que j’aime? La convivialité, la nourriture, le soleil. Il ne faut pas faire dix heures d’avion! En plus, ma femme peut faire les boutiques. Si nous partons aussi en décembre, ce que nous aimerions, je pencherais pour les sports d’hiver. Sans l’avoir beaucoup pratiqué, puisque c’était interdit, j’aime le ski. Plutôt le ski de fond, car j’apprécie ce genre de dépense physique.

Vous vous intéressez à l’actualité. Qu’est-ce qui vous interpelle le plus?

L’horreur au quotidien qui règne au Proche-Orient. On ne sait jamais où la mort va frapper: à une terrasse, dans une voiture… Je comprends la gravité du problème mais il n’y a plus de limite. Le pire, c’est qu’on a l’impression qu’il n’y a pas de volonté d’arrêter ça, que c’est un jeu dirigé pour arriver à quelque chose qui va exploser. Il faut dialoguer. Quand je pense au conflit qui a failli éclater entre le Maroc et l’Espagne pour cet îlot minuscule!

Vous tenez une taverne à Comblain…

Corinne Marquet (44 ans): Depuis 20 ans. Je représente la cinquième génération. Elle passe de mère en fille mais je n’aimerais pas que mes enfants la reprennent: c’est trop dur. On travaille presque jour et nuit. J’ouvre à dix heures et je ferme à cinq ou six heures, en fonction du monde. La taverne est connue dans toute la région. En plus, nous sommes dans un endroit touristique, avec les grottes, les descentes de kayak, l’escalade, le centre sportif, qui attire quatre ou cinq cars tous les jours. C’est un travail dur mais il me permet de me libérer quand Marc a congé. Si j’avais une vie professionnelle classique, nous ne nous verrions pas. J’aménage aussi mes horaires en fonction des enfants: quand ils étaient petits, je les mettais au lit vers 20 h puis je redescendais travailler.

Quels sont les qualités et défauts de Marc?

Il est attentionné à mon égard et envers les enfants. Je crois qu’il exige beaucoup de discipline de ses joueurs mais il est différent ici. Il ne fait jamais de remarque aux enfants. D’ailleurs, ils n’en ont guère besoin: ils sont hyper gentils! Nous avons chacun un travail envahissant, ce qui requiert beaucoup de compréhension mutuelle. Son gros handicap et notre seul sujet de discussion, c’est son inaptitude au bricolage. Marc a sa place, à la maison: dans le fauteuil, à côté du téléphone. En plus, il a deux gsm. éa n’arrête pas! Il n’est pas du tout manuel. éa ne l’intéresse pas et il ne changera pas, car il devrait trop travailler. Par contre, il m’aide à la taverne et il travaille dans le jardin au printemps. Il a un contact formidable avec les gens.

Quels sont vos centres d’intérêt?

Si j’en avais le temps, je ferais du sport. Tout m’intéresseet je touche à tout mais j’abandonne faute de temps ou d’énergie. Je rentre souvent quand je n’en peux plus. J’aime lire des romans distrayants, je regarde volontiers la télévision. Je dois voir le JT au moins une fois par jour, pour me tenir au courant. S’il le faut, l’édition de nuit.

Aimez-vous le football?

Oui. Je m’y intéresse depuis que je partage la vie de Marc. Je ne sais pas encore comment je vais suivre les matches de Mons, car c’est loin. Entraîner est passionnant et stressant. Quand ça va, nous passons une super semaine, sinon, c’est moche. Le problème, c’est que c’est toujours l’entraîneur qui saute, quand les résultats ne suivent pas. Si mon mari perd son boulot, c’est notre avenir qui est en cause. Ceci dit, mon métier est aussi difficile à supporter, ne serait-ce qu’à cause des horaires. Il m’arrive de penser à raccrocher mais je n’aimerais pas dépendre de mon mari et les contacts avec les gens me manqueraient.

Est-ce vous qui vous occupez de la décoration?

Oui. Elle est radicalement différente à la taverne et à la maison, car je ne veux pas mélanger travail et vie privée. Chez nous, c’est plus simple, plus moderne. J’aime le beige, le blanc, le noir. Marc se repose sur moi: pour lui, c’est toujours bon. En matière de vêtements, nous n’avons pas les mêmes goûts. Il est extrêmement classique et il me répète que je veux l’habiller comme un jeune. Mes yeux tournent avec la mode mais sans excès.

Vous êtes un cordon bleu…

J’adore la cuisine asiatique. Mes parents m’emmenaient souvent dans des restaurants asiatiques. Quand j’arrêterai de travailler, j’aimerais suivre des cours. Je devrais me refaire une armoire. Maintenant, c’est impossible: il faut acheter les ingrédients dans une boutique spécialisée et ça prend trop de temps. J’aime toutes les cuisines asiatiques, sauf les plats frits. Je passe la majeure partie de mes jours de congé dans la cuisine. Les enfants adorent manger. Mais s’il fait beau, je me réserve quand même une séance de transat.

La famille est-elle importante à vos yeux?

Très. Mes parents ont trimé jusqu’à l’âge de 50 ans. Ils m’ont élevée dans cet état d’esprit. Nous nous soutenons. Par exemple, j’ai promis à ma fille une semaine de vacances en Turquie. Ma soeur vient de demander de nous accompagner et nos parents vont suivre. Nous sommes très attachés les uns aux autres. Je suis aussi très protectrice à l’égard de mes enfants.

Pascale Piérard

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