Ars Musica 2011 sort le grand jeu

Barbara Witkowska Journaliste

Le fil conducteur ? Privilégier la création belge et multiplier les dialogues avec toutes les musiques. Manifestement, la 22e édition du festival prend la bonne direction. Pourquoi ne pas la suivre ?

Riche en 55 événements, le programme d’Ars Musica, composé à quatre mains par Patrick De Clerck, directeur du festival, et par Pierre Bartholomée, son commissaire artistique, explore sans tabous la réalité musicale d’aujourd’hui et reflète ses tensions et sa liberté. Exit la musique contemporaine monolithique. Voici venu le temps des synergies, des bouillonnements, des métissages et des nouveaux potentiels sonores. Première bonne nouvelle ? Les amateurs de la création musicale en Belgique seront à la fête. Après une éclipse de plusieurs années, les compositeurs belges reviennent enfin en force. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la Belgique a joué un rôle de premier plan sur la scène de la musique contemporaine. Il suffit de citer Henri Pousseur, Pierre Froidebise, André Souris ou Karel Goeyvaerts. La création du IIIe millénaire est foisonnante et méconnue et il était donc temps de mettre en lumière ses grands courants esthétiques et technologiques.

Pas moins de 40 compositeurs, toutes générations confondues, se partageront l’affiche tout au long du festival. L’incroyable diversité de leurs démarches, vives et surprenantes, sera une bonne occasion d’admirer les nouveaux paysages musicaux. Seconde bonne nouvelle ? Ars Musica se place au carrefour de tous les genres de musique et se fait témoin des échanges extraordinaires qui se produisent entre avant-gardes et musiques populaires. Quoi de plus normal quand on sait que les Beatles écoutaient Stockhausen et que David Bowie copinait avec Phil Glass et Steve Reich. Dans cet ordre d’idée, Patrick De Clerck et Jean-Paul Dessy, le chef de l’ensemble Musiques Nouvelles, ont sélectionné (via un appel sur Internet) 13 jeunes compositeurs qui, réunis sous le label Mons Kinky Pinky Orchestra, revisiteront les succès des Pink Floyd, des Sex Pistols, de Nirvana, de Genesis ou de Kate Bush. Le spectacle (le 16 mars au Théâtre royal de Mons) s’annonce déjà comme l’un des moments forts du festival. Autres curiosités attendues ? La soirée  » Musique et poésie  » où l’on pourra écouter les créations mondiales de compositeurs belges inspirées de… poèmes japonais ou coréens (le 26 mars à Flagey) et la nuit  » Electro belge  » +  » Electro-vidéo  » (le 23 mars à l’Espace Senghor).

Fort de son succès en 2010, le look  » rose  » du Festival est reconduit. Patrick De Clerck insiste sur l’importance du  » branding  » et sur une image réjouissante, démocratique, conviviale et chaleureuse. Il faut animer les salles, créer un nouveau public, le former et diversifier l’offre. Tout nouveaux, les 9 concerts  » lunchs  » (à 4 euros) se présentent comme une sorte de  » zakouski  » de grande qualité à l’attention d’un public curieux de découvrir la musique contemporaine. Ils se tiendront dans le cadre historique du Conservatoire de Bruxelles et inviteront, aussi, des étudiants à donner un échantillon de leur talent, dans un programme en relation avec les £uvres du concert  » lunch « . Tous les concerts du soir seront précédés d’une très courte  » surprise « , proposée par des danseurs, poètes ou vidéastes. Superbement inventif, Ars Musica 2011 donne une vision des profonds changements esthétiques qui s’opèrent dans les arts.

Du 3 mars au 3 avril, à Bruxelles, Liège, Mons, Anvers et Bruges. Programme complet : www.arsmusica.be

BARBARA WITKOWSKA

UNE IMAGE RÉJOUISSANTE, DÉMOCRATIQUE, CONVIVIALE ET CHALEUREUSE

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