Le Futuroscope en quête d’avenir

Nouvelles attractions, réduction des coûts : après avoir frôlé le dépôt de bilan, le parc créé il y a vingt ans entame sa seconde vie.

Voyage vers le futur ou retour sur le passé ? A la veille de rsaire, le 2 juin prochain, le Futuroscope n’hésite plus. Sans renier le temps béni de sa création, en 1987, le parc technologique préfère aujourd’hui se projeter dans l’avenir.

L’attraction phare de Poitiers revient de loin. Né de la volonté d' » apprivoiser le futur  » et de faire connaître le département de la Vienne, le pionnier français des parcs à thème a rapidement atteint ses objectifs.  » Il a enrichi l’image de la région et servi de locomotive à son économie « , assure Arnaud Bennet, président du syndicat français des parcs de loisirs. En moins de dix ans, en effet, le Futuroscope favorise l’implantation d’un pôle d’activités, tandis que près de 3 millions de visiteurs se pressent tous les ans devant ses écrans pour y découvrir des images en 3 D. Un record. Pourtant, ce succès porte en lui les germes d’un retournement. Les responsables ne voient pas vieillir leur  » bébé « .  » Lorsqu’on se proclame parc du futur, on prend le risque de se ringardiser à tout moment « , lâche un concurrent. Les attractions, peu renouvelées, donnent une image dépassée. Le Futuroscope s’essouffle… et coûte cher à la collectivité. Selon la cour régionale des comptes, il a absorbé 48 % des dépenses du département pendant quinze ans ! Sa reprise par le groupe Amaury, au début de 2000, n’arrange rien. Au contraire, la fréquentation continue à chuter, les pertes se creusent. En 2002, Amaury jette l’éponge. On parle alors de dépôt de bilan. Mais le dossier est très politique.  » Hors de question de fermer le parc « , martèle Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre de l’époque et né à Poitiers.

On efface tout, on recommence. Repris par le département, avec de nouveaux actionnaires – la Caisse des dépôts, Unibail, spécialiste de l’immobilier commercial, et I-Parks, un professionnel du secteur – le Futuroscope subit un traitement de choc. Son nouveau patron, Dominique Hummel, lance un plan drastique de réduction des coûts, qui conduit au départ de 250 salariés sur 620.

A lui l’équation gagnante des parcs de loisirs.  » 10, 20, 60 : consacrer 10 % du chiffre d’affaires à renouveler 20 % des attractions pour générer 60 % de revisites « , explique-t-il. Une politique qui commence à porter ses fruits. Depuis le début de 2007, déjà 500 000 visiteurs ont franchi les portes du Futuroscope (en 2006, le parc a accueilli 1,4 million de visiteurs). Avec une dépense moyenne de 44 e,  » une des plus élevées du secteur « , souligne Didier Arino, consultant chez Protourisme.

La nouveauté de l’été, Mission : Eclabousse !

 » C’est une seconde vie « , espère Dominique Hummel, qui table sur 1,5 million de visiteurs cette année. A condition de se diversifier. Car, selon Didier Arino,  » les parcs à thèmes se contentant de faire découvrir les progrès de la science ne marchent pas « . Le public réclame des spectacles et des attractions. Désormais à son écoute, le Futuroscope a lancé, en 2006, la  » Danse avec les robots  » et prévoit pour 2008 une nouvelle attraction, les Animaux du futur, qui mêlera la réalité au virtuel. Et, cet été,  » Mission : Eclabousse !  » plongera les visiteurs dans une vague de sensations maritimes.

Mais, si le parc est en bonne voie, sa fréquentation d’antan ne reviendra pas.  » La concurrence est rude, le budget loisirs des ménages en baisse. On n’atteindra plus les 2,5 millions de visiteurs « , reconnaît Dominique Hummel. Après tout, oublier le passé permet parfois de mieux imaginer le futur.

Corinne Scemama

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