Juin, mois de la danse !

20 projets, répartis dans 4 lieux et sur 4 semaines : le Danse Balsa Marni & Raffinerie fait le plein de danse, toutes générations confondues. Morceaux choisis

Au départ, il y eut la Balsamine, à Schaerbeek, pour un festival essentiellement dédié à la jeune création. Il y a quatre ans d’ici, le théâtre Marni (à Ixelles) venait s’associer à l’aventure. De Danse à la Balsa, l’événement devenait Danse Balsa Marni et s’ouvrait à un plus large panel de chorégraphes… Cette année, un troisième partenaire rejoint le tandem : la Raffinerie de Charleroi/Danses (à Molenbeek). Au festival alors de changer à nouveau d’appellation : Danse Balsa Marni & Raffinerie… Un titre à rallonge qui omet un quatrième lieu d’accueil de cette édition 2006 : l’Espace Senghor, à Etterbeek. Quoi qu’il en soit, voici un festival qui distille sa programmation un peu partout dans la capitale et qui, d’année en année, s’affirme comme le rendez-vous incontournable des curieux de danse contemporaine made in Belgium.

Parcours de familles

Mêlant volontairement les genres et les générations, l’événement privilégie les surprises en présentant essentiellement des créations. Sans pour autant négliger le plaisir de reprises, comme l’ingénieux et déroutant histoire(s) d’Olga de Soto (ou comment reconstruire une pièce mythique de la danse sans pour autant la plagier) et le magico-technologique Light Music de Thierry De Mey, solo dans lequel les mouvements de bras d’un homme se font images et composition sonore. Ou encore, le mystérieux et ludique Blobettes, de Florence Corin : une installation audiovisuelle en interaction avec un duo au féminin.

Du côté des créations, la toute jeune génération semble flirter avec un certain minimalisme du geste, proche du conceptuel ou de ce que certains appellent la  » non-danse « . Tels Delusive Figures, de Leslie Mannès (pour un jeu d’exposition du corps aux accents très Charlotte Vanden Eynde), et Babbel, un trio autour de la parole signé Mélanie Munt.

Quant à la plus auguste des artistes invités, Diane Broman (pionnière de la performance en Belgique), elle nous invite à un hommage très personnel au cabaret berlinois des années 1930.  » Violet Shoes in a Ditch ( » Chaussures violettes dans un fossé « ) est un spectacle chanté, scandé et raconté, explique l’artiste, qui est né de ma rage, en tant qu’Américaine, par rapport à ce qui se passe dans le monde actuellement. Un solo qui parle aussi d’un personnage hybride, non ancré, qui est né sur un continent et vit dans un autre. Ce qui est le cas pour de plus en plus de monde aujourd’hui.  »

Entre ces deux générations, pléthore de propositions. C’était demain, notamment : carte blanche offerte à Fatou Traoré, dans laquelle la chorégraphe retourne sur l’une de ses créations les plus ambitieuses et les plus injustement dénigrées, Mar’L, un plongeon kaléidoscopique dans l’£uvre complexe de Julio Cortazar. Autre création : Urban Bubbles, de Johanne Saunier, sur une sonate de Mozart. Une pièce pour trois danseurs, un pianiste et des iPod ( sic), pour un tout qui s’annonce résolument énergique et pétillant ; Saunier oblige, serait-on tenté de souligner. Mentionnons également le complètement disjoncté et absurde Siegfried for Ever, trio au masculin pluriel de Mauro Pacagnella, ainsi que Drink Your Wine in My Glass, un duo dense et léger à la fois entre Fernando Martín et Sarah Piccinelli, pour une gestuelle hautement nourrie, régulièrement griffée d’accents un brin surréalistes et de moments plus rudes : quand la complicité d’être à deux n’efface pas le poids de sa propre solitude.

Enfin, notons aussi quelques propositions plus  » plastiques « , comme Paradoxal, de Pascale Barret, qui, dans les caves de la Balsamine, a dessiné un environnement audiovisuel interactif entre images, son, performance et spectateurs.  » Pour une expérience à la fois humaine et technique « , dixit la chorégraphe…

Danse Balsa Marni & Raffinerie. Du 1er au 25 juin, à la Balsamine, au Marni, à la Raffinerie et à L’Espace Senghor, à Bruxelles. Tél. : 02 735 64 68 ; www.balsamine.be

Olivier Hespel

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