© Thinkstock

En Belgique, la moitié des enfants de 18 mois prononcent moins de 6 mots

Muriel Lefevre

L’ONE s’inquiète du niveau d’apprentissage de la langue maternelle qui serait insuffisant, voire inférieur à la norme internationale.

L’office de la naissance et de l’enfance trouve que le niveau d’apprentissage de la langue maternelle est insuffisant. La moitié des enfants de 18 mois prononcent moins de 6 mots. Ce qui est inférieur à la norme internationale en psychologie du développement. D’autant plus que le comptage des mots se fait avec l’aide des parents qui cochent les mots prononcés par les enfants comme l’explique Christelle Maillart professeure en logopédie à l’université de Liège qui a réalisé cette étude en collaboration avec l’UCL. Par ailleurs ce mot ne doit pas être prononcé parfaitement pour être comptabilisé. Il suffit que ce mot soit effectivement lié à ce que l’enfant veut dire et lui ressemble peu ou prou. Sous cet angle, le chiffre de six mots parait donc effectivement bien faible.

« À titre d’exemple, les premiers mots apparaissent vers 1 an. Dans les six mois qui suivent, les enfants vont apprendre 50 mots en plus. Vers deux ans se produit ce qu’on appelle l’explosion lexicale où l’enfant va apprendre 1 mot par heure d’éveil. Dès la naissance, il existe un décalage important dans l’apprentissage du langage entre les différents milieux sociaux. Une étude américaine a démontré que cela pouvait passer d’un ratio de 1 à 3 en fonction de la scolarité de la maman. Dans les milieux sociaux les plus faibles, un enfant entend 600 mots par heure alors que dans les tranches plus élevées il en entend 2100. Ce qui fait qu’à l’âge de trois ans, il existe un écart de 30 millions de mots entre les enfants issus d’un milieu social inférieur et ceux issus d’une classe ayant un plus haut niveau d’étude » précise la professeure Maillart.

Au-delà du quantitatif, le qualitatif joue aussi un rôle puisque les mères ayant un niveau d’étude plus élevé introduisent aussi plus de diversité dans leur langage et ce y compris dans leur structure de phrases. « Dans les milieux plus défavorisés, on va davantage utiliser l’impératif. Le vocabulaire y est très fonctionnel et dirigiste. Dans d’autres milieux, on parle plus par plaisir que par nécessité ». Or un retard dans l’apprentissage du langage peut avoir des conséquences sur la facilité à apprendre et donc conditionner d’autres apprentissages.

Le chiffre de moins de 6 mots à 18 mois provient des constatations de l’ONE pour le rapport Banque de Données Médico-Sociales 2013. Cependant, on verra davantage de gens défavorisés à L’ONE et donc, s’il est significatif, ce chiffre n’est pas forcément le reflet exact de l’ensemble de la population. Les classes plus aisées se dirigeant plus facilement vers leur pédiatre ou un spécialiste. Ce constat n’est pas non plus définitif puisqu’un retard à cet âge peut être rattrapé. Au-delà des enfants, c’est les parents qu’il faut éduquer à plus interagir avec leur enfant.

Pour cela L’ONE pousse les parents à raconter des histoires à leur chanter des chansons quitte à chanter comme une casserole. L’affectif a en effet un rôle central dans l’apprentissage, car il permet de rendre le langage significatif. Il a été démontré que lorsqu’un parent raconte une histoire ou chantonne cela active beaucoup plus de zones cérébrales que lorsque c’est un CD ou la télé.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire