» Bête noire  » des flamingants

Souverain des Pays-Bas version XXL, mais briseur d’autonomie et plutôt piètre en flamand, Charles Quint ne laisse que des mauvais souvenirs aux nationalistes flamands.

Leo Belgicus avait de la gueule, dressé en guise de représentation cartographique des Pays-Bas Belgiques. Depuis le XVIe siècle, l’animal a dû rentrer ses griffes pour se reconvertir en emblème de la seule Belgique. Un royaume aux dimensions plus modestes que l’ensemble territorial qui couvrait l’actuel Benelux et le nord de la France.

Charles Quint pouvait être fier de ses  » Dix-Sept Provinces « . Il sait donner à ce conglomérat de principautés médiévales une dimension d’Etat-nation organisé autour d’institutions centralisées à Bruxelles. Un Commonwealth britannique avant la lettre,  » composé d’Etats indépendants mais mutuellement liés  » (1).

Belle performance : la construction géopolitique soutient la comparaison avec les royaumes de Bohême, Danemark, Ecosse. Mais elle ne survit pas à la disparition de Charles. Philippe II abîme le beau projet dans une guerre de religion qui conduit au divorce entre Nord et Sud.

La version XXL des Pays-Bas fait encore battre le coeur d’une poignée de nostalgiques d’une Grande-Néerlande. Ultra-minoritaires parmi les flamingants. Charles Quint ? Très peu pour eux ! Aucune affinité avec ce briseur d’autonomie des cités flamandes. Avec ce Gantois de naissance qui, comble de tout pour un empereur polyglotte, ne parlait qu’un piètre flamand…

La Grande-Néerlande de Charles Quint : la nostalgie d’une poignée

Eric Defoort, historien et cofondateur de la N-VA, écarte le personnage :  » A part dans le folklore, Charles Quint n’a pas sa place dans le mouvement flamand.  » La Flandre nationaliste a son chouchou de l’époque : Guillaume d’Orange et sa révolte des Gueux contre Philippe II.  » Le Taciturne, voilà notre héros ! Sa devise parle aux nationalistes flamands : point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.  »

En 2000, la grande expo gantoise ciblée sur Charles Quint inspire au parlement flamand ce commentaire offusqué d’un député Vlaams Blok :  » Personne n’ose dénoncer le fait que Charles Quint a arraché les Pays-Bas de l’Europe du Nord pour les offrir à l’Espagne. C’est là, et nulle part ailleurs, que débute le fait belge.  » La Belgique unitaire a su s’en souvenir, lors du centenaire de son indépendance en 1930 : l’Ommegang de Bruxelles vire à la grande manifestation patriotique. Voilà Charles Quint mis à la sauce belgicaine, et à grands frais : près de 5 millions de francs, soit 2 millions d’euros.

(1) Histoire des nations belges, par Lode Wils, éd Labor.

P. HX

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