» Touche pas à mon Tintin ! « 

Séduits par le procédé numérique du motion capture, les plus enthousiastes estiment que Steven Spielberg ne trahit pas l’univers d’Hergé. D’autres spectateurs sont plus critiques.

Il ne faudra pas seulement plaire aux tintinologues, aux tintinophiles, aux publics français et belge, il faudra plaire à tout le monde « , prévenait, dès 2003, Nick Rodwell, le directeur de Moulinsart SA., alors en pleine négociation avec Steven Spielberg pour l’adaptation sur grand écran des aventures de Tintin. Résultat : les spécialistes de l’£uvre d’Hergé et tous ceux que Tintin a fait rêver dès l’enfance se demandaient à quelle sauce hollywoodienne allait être mangé leur héros.

Promo et marketing obligent, Sony Pictures, distributeur en Europe de Secret of the Unicorn, a rendu publics, au cours des derniers mois, des images et quelques bandes-annonces du film de Spielberg. Ces visuels et trailers ont suscité des réactions en sens divers au sein du monde des tintinophiles. Sur les blogs et les réseaux sociaux, les plus enthousiastes ont piaffé d’impatience ( » Viiite, le film ! « ). Séduits par le procédé numérique du motion capture, ils estiment que Spielberg ne trahit pas l’univers d’Hergé.  » Il parvient à en restituer le réalisme et la fantaisie « , assurait pour sa part le journaliste tintinophile Hugues Dayez après avoir assisté à la vision de presse.

La magie du monde d’Hergé

D’autres, en revanche, se lamentent, dans le registre  » Touche pas à mon Tintin ! « . Le film d’animation américain dénature, estiment-t-ils, l’une des séries les plus emblématiques de la bande dessinée européenne. Ils ne retrouvent pas, dans les visages et les décors du film en 3D, la  » magie  » de l’£uvre originale à laquelle ils sont attachés. Ils critiquent les images saturées d’informations, les affiches du film stéréotypées et les scènes d’action – poursuites, cascades – formatées.

Trahison suprême, ajoutent-ils, Spielberg n’a pas respecté sa promesse de rester fidèle au récit hergéen : le scénario signé Steven Moffat (qui s’est retiré du projet en 2008), Joe Cornish et Edgar Wright reprend grosso-modo la trame du Secret de la Licorne – avec quelques emprunts au Trésor de Rackham le Rouge – et la mélange avec l’intrigue du Crabe aux pinces d’or, aventure dans laquelle Tintin fait la connaissance du capitaine Haddock. Les deux aventures n’ont pourtant pas de liens entre elles : le Crabe, 9e album, a été prépublié en noir et blanc en 1941, tandis que le Secret, 11e épisode, est sorti en 1943 et a pour suite Le Trésor, paru en 1944.

Dans le film, les frères Loiseau, escrocs antiquaires, sont escamotés, le vieux Sakharine n’est plus un personnage secondaire et la poursuite dans les rues de la cité marocaine de Bagghar se fait en side-car, une touche rétro qui renvoie à la saga spielbergienne Indiana Jones.  » La chance a voulu que les héritiers d’Hergé acceptent que l’on s’approprie Tintin librement. Ils ne nous ont pas imposé une adaptation littérale « , a tenu à rappeler le réalisateur américain dans une interview à Studio Ciné Live.

 » Rackham le Rouge et Omar ben Salaad dans la même histoire, il y a comme un malaise « , commente un internaute.

UN DOSSIER SPÉCIAL DE 16 PAGES SUR LE FILM À LIRE DANS FOCUS VIF

O.R.

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