Twitch, génération post-YouTube

Drainant une large typologie d’utilisateurs, la plate-forme Twitch est le phénomène Web et gaming 2014.

Malheureux avec son Fire Phone et son service de streaming concurrent à Netflix, Amazon a lâché une somme astronomique (quelque 749 millions d’euros) pour racheter Twitch en août dernier. Derrière ce site Web aux 55 millions de visiteurs mensuels, une plate-forme de streaming dédiée aux gamers. Ceux-ci y diffusent en direct leur partie tout en commentant leurs moindres faits et gestes au micro ou face à leur Webcam. A priori futile et nombriliste, le nouveau phénomène Web et gaming a provoqué les sarcasmes de Mathilde Serrell et Antoine De Caunes :  » Une activité pathétique  » selon les animateurs du Grand Journal de Canal Plus, qui l’ont descendu en flamme, à coups de commentaires erronés.

La réaction de la communauté n’a pas tardé. Disproportionnée, elle a exigé des excuses, via une pétition en ligne à 70 000 signatures. De Caunes les a finalement présentées via Twitter puis à l’antenne. Le politiquement correct et l’auto-censure dictés par les communautés d’internautes les plus actives ont tranché. Sec. Il faut dire qu’on ne badine pas avec les twitcheurs. Car la plate-forme draine une large typologie d’utilisateurs. Les e-sportifs pro, qui gagnent plusieurs millions de dollars par an, viennent y livrer des masterclasses en temps réel. On y apprend les gestes techniques parfaits sur StarCraft II ou League of Legends (134 313 spectateurs sur une soirée juste pour ce dernier). La promesse ? Améliorer son style de jeu, un peu comme un joueur de tennis amateur suivrait une Webcam harnachée à un Roger Federer commentant son entraînement. La force ? Twitch permet de chatter directement avec ces sportifs pro qui réagissent souvent très rapidement au clavier.

À quand YouTube ?

Terre de liberté et d’excès à ses débuts, Twitch resserre toutefois la vis depuis son rachat par Amazon. Tout comme Google l’a fait sur YouTube en termes de pub notamment. Un des moteurs de Twitch tourne en effet grâce à des pro gamers sponsorisés par des marques. Ces derniers peuvent également décrocher des pactoles grâce à des fans. Au début de cette année, Summit1G récoltait par exemple 15 500 euros sur une seule partie de 24 h livrée dans Titanfall. Certaines gameuses comme Biiotch et Tarababcock jouent, elles, du décolleté plongeant et du  » booty shake  » pour attirer les likes et les billets.

Pro et biatch ne sont toutefois pas les seuls profils à tapisser le réseau Twitch. Tel un animateur télé trash, EdEMonster fait par exemple hurler de rire les foules sur Destiny, nouveau First Person Shooter de Bungie. StreamerHouse récoltait lui 4000 viewers pour le marathon de 200 heures qu’il livrait sur le même jeu en novembre dernier. Des studios belges comme Faëria voient leur notoriété boostée lorsqu’une star de Twitch se penche sur leurs projets. Habitué à inventer de nouvelles tendances, Valve a lui-même fini par craquer et lâcher Steam Broadcasting, son propre service de streaming de jeux vidéo. A quand YouTube ?

MICHI-HIRO TAMAÏ

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