SPD : des socialistes qui réforment

Ni grèves ni manifestations outre-Rhin, malgré la menace d’une retraite à 67 ans

Moins de remboursements pour les dépenses de santé, des licenciements plus faciles, moins d’allocations chômage pour les chômeurs de longue durée… Et bientôt, peut-être, la retraite à 67 ans ! Le tout sans grèves ni manifestations. Gerhard Schröder serait-il sur le point de réussir là où tous les gouvernements qui l’ont précédé ont échoué ?

Baptisée  » agenda 2010 « , la réforme du système social allemand ressemble fort à un dépeçage. Les grandes lignes du projet n’en ont pas moins été approuvées, le 1er juin, par le parti social-démocrate.  » L’aile gauche du parti a beau ruer dans les brancards, elle n’a plus de poids depuis la démission d’Oskar Lafontaine de son poste de ministre des Finances, estime Uwe Jun, politologue à l’université de Potsdam. Le chancelier a désormais les mains libres pour poursuivre une politique proche de celle de Tony Blair et du New Labour.  »  » Les Allemands attendaient que quelqu’un prenne l’initiative de mesures qui font mal mais sont jugées indispensables « , assure un observateur. Le chancelier l’a senti  » au plus tard avec les défaites de son parti en Basse-Saxe et en Hesse l’an passé « . L’opinion, qui observe avec étonnement ou désapprobation les mouvements de grève en France, semble convaincue de la nécessité des réformes. Y compris l’électorat social-démocrate. Selon un récent sondage de l’institut Forsa, 50 % des syndicalistes sont favorables à l’agenda 2010, 43 % se prononcent contre et 10 % sont indécis.  » En Allemagne, souligne Uwe Jun, même l’homme de la rue est conscient que le système actuel doit être réformé, du fait de l’évolution démographique.  » L’agenda 2010 doit encore être entériné par les Verts, alliés aux sociaux-démocrates au sein du gouvernement. Ils se prononceront au cours d’un congrès extraordinaire les 15 et 16 juin. Le texte devra ensuite être approuvé par le Bundestag, où la coalition ne dispose que d’une courte majorité de quatre sièges, puis, enfin, par le Bundesrat (l’assemblée des Länder), dominé par l’opposition. Logiquement, les chrétiens-démocrates ne devraient pas bloquer un texte qui reprend nombre de leurs propositions. Sauf s’ils choisissent û ce qui n’est pas exclu û de privilégier la politique politicienne…

Nathalie Versieux (à Berlin)

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