Je n’ai besoin de personne en cabrio

Urbain Vandormael
Urbain Vandormael Spécialiste voitures  

Né il y a plus d’un siècle, le cabriolet séduit une clientèle cossue et… féminine.

En 1903, une information  » inquiétante  » fit la Une des journaux. Les journalistes annonçaient la fin imminente des hippomobiles, des berlines à deux roues que la gentry appréciait particulièrement ! La raison ? Cette année-là, un constructeur germanique mettait sur le marché deux véhicules prestigieux, qui allaient inaugurer une ère nouvelle en matière de mobilité. Très vite, ces deux Mercedes (la Simplex Touring Car et la Simplex Phaéton) emballèrent la haute bourgeoisie. Et, cent ans plus tard, l’enthousiasme pour la marque ne s’est pas émoussé.

Aujourd’hui, la voiture est certes devenu un objet banal. Mais, dès qu’il est question d’un cabriolet, tout devient subjectif. Pourtant, ce quatre-roues cumule de nombreux défauts ! Soyons lucides, en effet : d’abord, le cabriolet est inconfortable, perméable aux courants d’air et à la pluie. Son coffre, quand il en a un, est riquiqui. Il coûte cher, tant à l’achat qu’à l’entretien.

Voir… et être vu(e)

But last is not least… Qui n’a pas rêvé de randonnées en décapotable, cheveux au vent ? Mais rouler en cabrio implique un risque, non négligeable : le coup de soleil ! Comment d’ailleurs expliquer le succès des convertibles dans un pays aussi pluvieux que la Grande-Bretagne ? Il résulterait d’un grand désir de soleil, justement.  » A la moindre éclaircie, les Britanniques décapotent leur voiture pour profiter pleinement du beau temps. Mais le plaisir est de courte durée « , commente Dan Vanden Berghe.

Ce directeur de marketing retraité – ayant fait carrière dans l’automobile internationale – est un passionné. Il bichonne ses oldtimers, quatre belles voitures anciennes qu’il conserve en état de démarrage immédiat. Il ne roule plus aussi vite qu’autrefois, bien que sa Jaguar XJS, type E, et sa Triumph Stag soient équipées de moteurs à essence puissants. Car l’homme s’est assagi…

Les décapotables seraient-elles des voitures pour femmes ? Celles-ci seraient-elles des m’as-tu-vu ? Ou les victimes d’un fantasme hollywoodien ?  » Qui roule dans quoi ? détaille Jan Vroemans, de la luxueuse marque Jaguar. Tout dépend de la marque et du modèle évidemment. Nous le constatons chaque jour, mais les statistiques ne confirment pas nécessairement nos impressions. Exemple : c’est Madame qui conduit la Jaguar XK cabriolet, mais le véhicule est souvent au nom de la firme de Monsieur. Il est donc difficile de dresser un tableau réel de la situation. Mes confrères sont confrontés aux mêmes interrogations.  »

Pour toutes les bourses ?

Chez Peugeot, le profil des acheteurs de cabriolets est bien connu. Selon la porte-parole Olga Rémy, la Peugeot 206 CC attire principalement les femmes (57 %), tandis que la 307 CC séduit davantage les hommes (59,4 %). Un point commun : la couleur, le gris. Les moteurs essence et diesel sont quasi à égalité – les diesels ont donc poursuivi leur progression. Ces derniers s’accordent désormais parfaitement au comportement routier des conducteurs de cabriolets… Le constructeur suédois reste, quant à lui, fidèle à sa philosophie de base : la sécurité. Une série d’innovations font ainsi de la Volvo C70 un véritable exemple. Du point de vue fonctionnel, elle soutient la comparaison de la Ford Focus CC, de l’Astra Twin Top et de la VW Eos. Ces voitures sont de vraies familiales, tout en conservant l’élégance d’un coupé cabriolet. C’est ce qui lui assure sans aucun doute son énorme succès auprès des quadras féminines.

Rien n’a changé depuis 1903 : les cabriolets Mercedes caracolent dans le peloton de tête. Presque toutes les créations techniques furent à l’actif du fabricant allemand. Celui-ci offre d’ailleurs la gamme de modèles la plus étendue. Des cabriolets pour tous les goûts… et pour toutes les bourses : des deux-places sportives, comme les SLK et SL, aux élégantes convertibles CLK, de véritables quatre-places à capote textile. Quant aux roadsters (deux-places), ils sont équipés d’un toit  » Vario « , dispositif développé par le constructeur allemand au début des années 1990. Dix ans plus tard, la plupart des nouveaux modèles cabriolets sont équipés de ce toit rigide escamotable. Toutefois, plusieurs marques préfèrent encore la capote textile.

Wolf-Dieter Kurz, vice-président de marketing Mercedes, dresse le portrait de la SLK et la CLK. Elles s’adressent en effet à des publics éloignés. La SLK – petite s£ur de la légendaire SL -, légère et moins coûteuse, affiche une réussite emblématique parmi les meilleurs roadsters. Quant à la CLK, c’est l’autre grand  » classique  » de la gamme. Elle séduit les acheteurs – notamment, les femmes – par son élégance et ses qualités très fonctionnelles. Ce quatre-places familial de haute qualité, à capote textile, peut se conduire toute l’année.

Les toits métalliques et textiles répondent donc à des options distinctes. Et leurs prix ne sont pas les mêmes. Qu’est-ce qui justifie ces écarts financiers ? Silence radio.  » Pour ne pas trop informer les concurrents…  »

La décapotable, une bagnole  » extravagante  » ? Vous n’avez pas tort. Mais…  » en achetant un cabriolet, j’ai réalisé un rêve de jeunesse, témoigne un conducteur. Certes, il n’a ni direction assistée, ni coffre, ni suspension. J’ai été surpris aussi par les problèmes de corrosion. Et chaque trajet est une épreuve pour les os et les articulations, mais mon bonheur est tel que ça n’a pas d’importance !  »

Urbain Vandormael

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire