Les volailles, la grippe, les vaccins et nous

Le H5N1 reste encore, essentiellement, un grand problème de santé animale. Ce qui n’empêche pas les humains de se demander comment s’en protéger

1Faut-il vacciner les élevages contre la grippe aviaire ?

 » Pour les poules, les vaccins contre la grippe aviaire offrent une bonne protection clinique, explique Didier Marlier, vétérinaire, docteur en sciences et maître de conférences à l’université de Liège. En fait, les oiseaux, une fois vaccinés, ne présentent plus aucun signe de la maladie et ils n’en meurent plus. Le problème, c’est qu’ils peuvent toujours être infectés et le virus se trouve toujours dans leurs excréments. En tout cas, l’homme n’est plus alerté par les premiers signes de la maladie, qui attiraient son attention : il perd donc un de ses principaux moyens de contrôle de la grippe aviaire. Cela signifie qu’en cas de vaccination le suivi et les contrôles sanitaires et sérologiques doivent être accrus. Or les tests actuels ne sont pas infaillibles : ils n’indiquent pas, à coup sûr, qu’un animal vacciné est aussi infecté.  » Voilà pourquoi, sauf situation d’épidémie (ce qui n’est encore le cas ni en Belgique… ni en France, qui vient pourtant de recevoir de la Commission européenne une autorisation de vacciner), on a de bonnes raison d’hésiter à mettre en £uvre cette vaccination.

 » Actuellement, ajoute ce spécialiste, celle-ci n’aurait de sens que pour les animaux à haute valeur génétique, ceux dont le mode de production requiert un élevage en plein air (comme les canards d’élevage, les produits bio ou ceux avec un label) ou encore les volailles de particuliers.  » Mais pas dans les élevages industriels, où les volailles ne sont jamais dehors.

2 Devrions-nous cesser de manger du poulet ?

Nos volailles ne sont pas malades. De plus, tous les experts assurent qu’on peut en consommer en toute sécurité, puisque nous les cuisons, ce qui détruit les virus. Les productions industrielles, dont les volailles ne sont jamais en contact avec les oiseaux sauvages, bénéficient d’un facteur de protection supplémentaire.

De nombreuses personnes s’inquiètent aussi à l’idée que leur chat ou leur chien mangerait éventuellement un oiseau infecté. Qu’elles se rassurent : les probabilités de contamination de leur animal de compagnie semblent encore plus rares que… pour l’homme.

3 Dans combien de temps une épidémie de H5N1 pourrait-elle toucher les hommes ?

 » C’est une pure question de hasard !  » explique le Dr René Snacken, chef du département à l’Institut scientifique de santé publique. Il ne manque que quelques mutations – qui pourraient aussi, répétons-le, ne jamais se produire – pour que le virus de la grippe aviaire s’adapte et devienne transmissible d’homme à homme. Actuellement, il n’a contaminé les humains que de façon exceptionnelle.  » Mais, plus il y a de foyers épidémiques, comme c’est le cas, actuellement, en Roumaine ou au Nigeria par exemple, plus cette mutation risque de se dérouler « , rappelle ce spécialiste. Il signale au passage que trouver quelques oiseaux morts, cela ne fait pas une épidémie ! Enfin, à titre de comparaison, la grippe espagnole semble avoir contaminé des hommes dès 1916 : elle aurait donc mis deux ans avant de provoquer des ravages.

4 Etre vacciné contre la grippe, cela-nous protège-t-il ?

Le vaccin proposé contre la grippe saisonnière contient des souches grippales humaines, celles qui sont censées circuler cette année là et menacer les hommes. Donc, selon les experts de l’OMS, on ne peut pas attendre de cette vaccination qu’elle assure une protection contre un virus pandémique appartenant à une espèce aviaire, d’un sous-type différent (comme le H5N1). Au mieux, la protection serait très faible.

En revanche, par cette vaccination, les spécialistes espèrent pouvoir éviter qu’une personne (un éleveur ou un soignant, par exemple) soit infectée, en même temps, par un virus humain de la grippe et par celui de la grippe aviaire. En effet, cela donnerait à ces virus l’occasion d’échanger des gènes et de produire un nouveau virus transmissible à l’homme.

5 Comment s’informer ?

Les sites www.influenza.be ou www.afsca.be sont bien conçus. Le premier vient de mettre en ligne un folder destiné aux instituteurs. Pour ceux qui ne consultent pas Internet, voici un numéro d’appel gratuit : 0800 99 777.

Pascale Gruber

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