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Une ville flottante qui ferait le tour du monde

Muriel Lefevre

Une entreprise de Floride souhaite construire une ville de 40.000 habitants qui voguerait sur les flots. Ce bateau géant serait si gros qu’il ne pourrait atteindre aucun port, mais ferait le tour du monde tous les deux ans. Si cela semble un peu fou, Freedom Ship pourrait bientôt devenir réalité. De quoi relancer la polémique autour de ces utopies qui ont des relents antiétatiques.

Une ville flottante qui fait le tour du monde et accueillerait des hôpitaux, des écoles, un aéroport, des galeries d’art, des entreprises, des parcs, un centre commercial, un aquarium et même un casino pour le plus grand plaisir de ses 40.000 habitants. Un navire qui ressemble à un immense parking et qui serait haut comme un immeuble de 25 étages et long de 1.6 kms. Des panneaux solaires et la force des vagues fourniraient l’énergie nécessaire à son fonctionnement. En plus de ses habitants, tous exemptés d’impôts, le navire pourrait accueillir 30.000 visiteurs par jour et 20.000 membres d’équipage et travailleurs. Le tout pour un coût est estimé à 7,3 milliards d’euros. De nombreuses photos sont visibles dans le dailymail en cliquant ici et dont voici une vidéo.

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C’est le projet un peu fou qu’est Freedom Ship. Un navire si grand qu’aucun port ne peut l’accueillir. Si le projet n’est pas encore dans une phase concrète, ses concepteurs ont déjà établi le programme. Le départ se ferait de la côte Est des États-Unis en juin pour arriver en Europe pendant l’été où il commencerait son périple au nord de l’Écosse pour rejoindre Gibraltar et la Méditerranée. Noël au large de l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud en janvier. C’est là qu’il finirait son parcours en passant de la Patagonie à Rio de Janeiro avant de retourner aux États-Unis. Ce cycle recommencerait tous les deux ans Selon slate.

Un bien étrange projet Le projet devait déjà voguer sur les flots en 2003, mais il semblait avoir depuis sombré dans l’oubli. C’est donc avec une certaine surprise que le bateau géant refait surface. Selon les initiateurs cités par Slate « l’économie mondiale n’a pas vraiment encouragé des projets jamais vus avant et progressifs comme le nôtre au cours des dernières années. Néanmoins nous attirons plus d’intérêt autour du projet depuis six mois et nous pensons pouvoir lever le milliard de dollars nécessaire pour commencer les travaux. ». Ce projet titanesque semble donc bel et bien parti pour connaître un second souffle.

Libertarien

Depuis quelques années, des libertariens américains- qui plaident pour une morale minimaliste et une liberté individuelle maximaliste- investissent des millions dans des entreprises semblables. Sur ces villes flottantes, une seule loi serait de mise : celle du libre marché. De quoi attirer de nombreux investisseurs.
Parmi les principaux soutiens de ces nouveaux territoires flottants, on retrouve Peter Thiel, le cofondateur multimillionnaire de PayPal tout auréolé de son aura de brillant visionnaire et le lobby Seasteading Institute qui vise à promouvoir ses îles, et ce d’un point de vue technologique, légal et financier. Toujours selon Slate, le co-fondateur de ce lobby est Patri Friedman, le petit-fils de Milton Friedman qui n’est autre que le père du néolibéralisme. Loin d’être anecdotiques, les idées libertariennes ont du succès. Pour preuve Atlas Shrugged,le livre de Ayn Rand une libertarienne, est, après la Bible, le livre le plus influent pour les Américains selon une étude de la bibliothèque du Congrès en 1991. Ce même livre serait à l’origine de la passion de Peter Thiel pour les îles flottantes.

Les projets de cet acabit ne sont pas neufs, pourtant aucun n’a jusqu’à présent vraiment dépassé le stade de l’utopie (voir encadré). Ce qui pousserait les libertariens à se ruer dans de tels projets pourrait se résumer, selon China Miéville l’auteur britannique cité par slate « au refus de payer des impôts et à la peur panique du conflit social qui pousse les classes moyennes américaines à s’isoler derrière les grilles de « gated-communities » pour vivre avec leur famille ».

À la différence de projets plus anciens, le Freedom Ship n’est pas réservé qu’aux libertariens et est au contraire ouvert à tous ceux qui sont intéressés par l’expérience et désireux de se détacher des diverses modes étatiques. Une utopie pragmatique en quelque sorte.

Ces îles qui devaient redorer le blason du libéralisme Dans les années soixante, un certain Tom Marshall avait déjà songé à créer une île, Preform, où tous pourraient échapper à l’État américain. Marshall ayant choisi la vie d’ermite et vivant reclus dans les bois de l’Oregon, c’est Werner Stiefel qui reprend le projet. L’Opération Atlantis est lancée en 1968 pour donner vie à Preform. Les îles Prickly Pear Cays sont envisagées avant de se tourner vers les Silver Shoals. Mais voilà ces îles également revendiquées par les Bahamas et Haïti. Allant d’échec en échec, seule une constitution, Orbis, survivra au projet. On la retrouvera dans l’État autoproclamé indépendant de Somaliland (au nord-ouest de la Somalie), mais là aussi cela reste à l’état d’utopie. Slate.fr cite encore le projet de Michael Oliver et sa République de Minerve. Proclamée en 1972, cette république se trouve sur un ilot inhabité à la limite du territoire de l’île Tonga. Mais le roi des Tonga ne se laisse pas faire et l’île finit par disparaître dans l’océan.

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