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Bahar Kimyongur : libération lundi ?

Arrêté en Italie sur base d’un mandat Interpol relancé par la Turquie, le Belge d’origine turque Bahar Kimyongur a reçu la visite du consul belge à Rome, avec qui il a pu s’entretenir durant deux heures. Il a également été à autorisé à s’entretenir par téléphone avec sa famille pendant dix minutes.

Arrêté le 21 novembre à Bergame (Italie) par une escouade de policiers à sa descente du vol Ryanair, le Belge d’origine turque Bahar Kimyongur est sous le coup d’un mandat Interpol renouvelé cette année par la Turquie. Depuis de nombreuses années, Ankara réclame son extradition pour sa participation à l’organisation « terroriste » d’extrême-gauche DHKP-C. Le 17 juin dernier, il avait été interpellé en Espagne sur base du même mandat. Or Kimyongur a été acquitté par les tribunaux belges pour les faits reprochés par la Turquie, et les Pays-Bas ont refusé son extradition.

Alors que l’assistance consulaire pour notre compatriote n’était pas prévue, « vu qu’il bénéficie déjà de l’assistance d’un avocat italien », expliquait jusqu’alors le porte-parole des Affaires étrangères, la situation est en train d’évoluer. Ainsi, le consul belge à Rome a pu lui rendre visite ce vendredi pendant deux heures à la prison de Bergame. La veille, la famille de Bahar Kimyongur a été reçue par un fonctionnaire du service juridique au ministère belge des Affaires étrangères, qui l’a encouragée à entamer des démarches pour l’avenir, afin d’éviter que l’activiste, à cause du mandat délivré par la Turquie, ne soit arrêté à chaque fois qu’il quitte la Belgique.

Lundi prochain, Bahar Kimyongur comparaîtra devant ses juges lors d’une audience qui statuera sur son sort, avec trois scénarios possibles : remise en liberté et retour en Belgique, assignation à résidence, ou maintien en détention jusqu’à la prochaine audience. La Turquie a 45 jours pour remettre les documents nécessaires à la demande d’extradition. Afin de mettre la pression, elle a déjà dépêché sur place son ambassadeur en Italie.

Né à Bruxelles en 1974, Bahar Kimyongür est issu d’une famille arabe alaouite originaire d’Antioche et aux racines syriennes. Il est un farouche opposant au gouvernement turc actuel. Une semaine avant son arrestation, il manifestait devant l’ambassade turque à Bruxelles pour protester contre la « mansuétude » d’Ankara à l’égard des Belges partis combattre en Syrie. Des familles de djihadistes devaient rejoindre la manifestation, mais elles en auraient été dissuadées par le cabinet de la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet (CDH). En juin dernier, le sénateur Ecolo Benoit Hellings avait subodoré un « donnant-donnant » entre la Belgique et la Turquie : poursuites contre le DHKP-C en échange d’une collaboration de la Turquie sur le dossier des djihadistes belges. La ministre avait vivement démenti.

D’après sa famille, Bahar Kimyongur était précisément parti en Italie dans le cadre de deux conférences sur le conflit en Syrie.


François Janne d’Othée

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