L’indéboulonnable chef de cabinet

Homme jovial et modeste, Jacques van Ypersele de Strihou est, paraît-il, le premier amusé de ce qui s’écrit sur lui. Le chef de cabinet de deux souverains, Baudouin et Albert II, a déjà beaucoup inspiré les journalistes qui l’ont qualifié, entre autres, de vice-roi et de Machiavel. C’est qu’il est difficile de résumer, en un mot ou en quelques lignes, une carrière professionnelle et l’influence d’une personnalité exceptionnelle.

Comme beaucoup d’aristocrates de son âge, van Ypersele, né en 1936, a entamé ses études chez les jésuites, au collège Saint-Michel, à Bruxelles. Originaire de Ninove, sa famille a été anoblie par Léopold II à la fin du xixe siècle. Le jeune docteur en droit de la Katholieke Universiteit Leuven (Université catholique flamande de Louvain) a d’abord enseigné au Congo, à l’université Lovanium de Kinshasa. Les événements de 1960 ont précipité une réorientation de carrière : van Ypersele a alors décroché une licence en économie à l’Université catholique de Louvain (UCL), puis un doctorat en économie à l’université Yale, aux Etats-Unis, grâce à une bourse de l’Otan. La voie royale pour une entrée au Fonds monétaire international, à Washington.

Après quelques années d’une carrière internationale, van Ypersele est revenu, en 1970, en Belgique, comme sous-directeur au groupe Empain, pour lequel son père avait déjà travaillé. Sa mère provenait, quant à elle, de l’ancienne famille de banquiers anversois de Kinder.

Deux ans plus tard, nouvelle réorientation : van Ypersele est devenu conseiller de trois ministres des Finances successifs, aux sensibilités politiques différentes : André Vlerick (CVP), Willy De Clercq (alors PVV, aujourd’hui VLD) et Gaston Geens (CVP). Dans quelle mesure, cette reconversion professionnelle est-elle liée à son mariage avec Brigitte du Bus de Warnaffe, descendante d’une très ancienne famille catholique qui a fourni plusieurs responsables politiques à la Belgique ? Nommé inspecteur général à l’administration des Finances, en 1976, van Ypersele a aussi travaillé pour les Premiers ministres CVP Leo Tindemans et Wilfried Martens. A maintes reprises, il a été appelé pour remplir des missions internationales. En tant que président du comité monétaire de la CEE (1978-1979), il a participé au lancement du système monétaire européen. De 1972 à 1983, il a donné quelques cours à l’UCL et à l’Institut catholique des hautes études commerciales (ICHEC), entre une série de livres et d’articles scientifiques sur les finances européennes et l’Union monétaire. Wim Duisenberg, ancien président de la Banque centrale européenne, vantait régulièrement l’étendue de ses compétences.

En 1983, van Ypersele est entré au service de Baudouin et s’est coulé, avec abnégation, dans son ombre, puis dans celle de son frère Albert, sans jamais se départir de son éternel sourire ni de sa rigueur professionnelle. Engagé socialement auprès des plus démunis en Asie, le chef de cabinet est avare de confidences, plus particulièrement encore sur sa foi, dont la profondeur lui vaut un dernier sobriquet, celui d' » évêque de Kraainem « , com-

mune où il habite.

D.K.

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