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Avoir un bébé : aider une nature récalcitrante

Le Vif

Les couples contraints de se tourner vers la médecine pour concevoir l’enfant si ardemment désiré se posent parfois une foule de questions : chances de réussite, effets secondaires et risques d’anomalies…

Un couple sur 4 a aujourd’hui besoin d’une aide médicale pour concevoir un enfant. Les difficultés découlent majoritairement d’un problème au niveau de l’ovulation (31 %) ou du sperme (31 %), plus rarement d’une anomalie des trompes (16 %) ou d’une endométriose (4 %). Il importe de préciser d’emblée que ces facteurs ne provoquent pas systématiquement des troubles de la fertilité, la présence d’un paramètre défavorable chez l’un des partenaires pouvant être compensée par les particularités de l’autre. Le diagnostic de stérilité absolue n’est posé que chez 3 à 4 % des couples ; dans ce cas de figure, il reste néanmoins possible d’utiliser du matériel (ovocytes, sperme ou embryons) provenant de donneurs.

Des examens préliminaires chez les candidats parents devront établir dans un premier temps si un traitement de fertilité est bien indiqué et, dans l’affirmative, quelle est l’approche la plus appropriée (voir cadre). Cette première vague d’informations suscite déjà parfois chez le couple un certain nombre de réserves ou de questions pratiques.

La nature hors-jeu ?

Beaucoup de futurs parents s’interrogent ainsi sur le risque d’anomalies chez les enfants conçus par fécondation in vitro (FIV). « La probabilité de malformation légère passe de 1,4 % chez les enfants conçus ‘naturellement’ à 1,6 % chez ceux qui ont été conçus par FIV, avec ou sans injection intracytoplasmique d’un spermatozoïde (ICSI) ; celle d’un problème plus grave de 3,0 à 3,7 %. Cette augmentation ne découle toutefois pas uniquement de notre intervention médicale, car une fertilité réduite s’accompagne automatiquement d’un risque accru d’anomalies », précise le Pr Herman Tournaye, chef du centre de médecine de la reproduction de l’UZ Brussel.

Sachant que l’ICSI suppose une injection directement dans l’ovocyte, certains ont du mal à croire qu’elle ne provoque pas plus de dégâts. « Et pourtant, ce risque est extrêmement faible. Dans l’ovocyte mature, le bagage génétique (qui doit rester intact) se concentre tout au bord de la cellule, loin du site d’injection », explique le Pr Tournaye.

Le fait que le spermatozoïde utilisé pour féconder l’ovule soit choisi par un médecin inquiète également certains parents. « Cela ne signifie pas que nous muselons complètement la nature, rassure le spécialiste. La paire choisie par nos soins devra encore passer une foule de contrôles naturels ; ce n’est qu’après avoir été ‘approuvée’ à tous les niveaux qu’elle pourra éventuellement déboucher sur la formation d’un embryon. »

Ovaires surstimulés

Les effets secondaires des traitements de fertilité se bornent généralement à quelques maux de ventre ou ballonnements après la stimulation des ovaires. Certaines femmes développeront toutefois un syndrome d’hyperstimulation ovarienne susceptible de provoquer de violents maux de ventre, des nausées, des vomissements, une prise de poids conséquente et des difficultés respiratoires ; dans certains cas, une hospitalisation pourra être nécessaire. « Le risque est le plus important chez les jeunes femmes minces et chez celles qui souffrent d’un syndrome des ovaires polykystiques », précise le Pr Tournaye.

Selon la sensibilité individuelle aux traitements et la nature des médicaments – qui peut varier de façon assez considérable – il n’est pas rare d’assister à des sautes d’humeur… auxquelles s’ajoutent, pour les deux partenaires, les tensions et incertitudes quant à l’issue de la grossesse. « Il ne faut donc pas s’étonner qu’un traitement de fertilité pèse parfois très lourd sur le plan psychologique. N’hésitez donc pas à vous faire aider si le besoin s’en fait sentir. »

Jumeaux-surprise

En ce qui concerne les chances de réussite, il en va des traitements de fertilité comme des conceptions naturelles : plus la femme est âgée, plus la probabilité d’avoir un enfant est mince. « L’âge réduit en effet les chances de nidation de l’embryon et accroît le risque de fausse-couche », explique le Pr Tournaye. Alors que la probabilité qu’une série de 6 cycles de FIV (remboursés) débouche sur une naissance est de 90 % avant 37 ans, elle tombe à 45 % au début de la quarantaine (3). C’est aussi pour cette raison que les femmes de plus de 36 ans sont autorisées à faire implanter deux embryons dès leur première tentative de FIV alors que les plus jeunes doivent légalement attendre le troisième essai. « La seule exception concerne le recours aux embryons congelés : l’implantation de deux embryons est alors toujours autorisée d’emblée, si le couple le souhaite évidemment. Cette règle remonte à l’époque où cette approche était moins efficace, mais les embryons congelés donnent aujourd’hui des résultats comparables grâce à la meilleure technique de conservation (vitrification) utilisée depuis un peu plus de cinq ans. Les futurs parents doivent dès lors pouvoir décider en connaissance de cause s’ils sont prêts à accueillir des jumeaux. »

Éléments perturbateurs

Le profil médical de la future maman contribue également à déterminer les chances de succès du traitement de fertilité. « La présence de liquide dans les trompes de Fallope risque par exemple de réduire la qualité de la muqueuse utérine. Dans ce cas, les chances de réussite de la FIV pourront être pratiquement doublées par l’ablation ou la ligature des trompes. »

Enfin, l’issue du traitement est aussi influencée par certains facteurs touchant au mode de vie. « Des études sur la FIV ont notamment démontré que la probabilité d’une grossesse est inférieure d’un tiers chez les femmes en surpoids ; et celles qui fument une dizaine de cigarettes par jour ont besoin de près de deux fois plus de traitements que les non-fumeuses, poursuit le spécialiste. Les hommes ont aussi tout intérêt à abandonner la cigarette, qui affecte la qualité du sperme. Quant à la consommation d’alcool, elle est susceptible non seulement de réduire le nombre d’ovocytes récoltables mais aussi et surtout d’affecter le développement précoce du foetus et de provoquer des malformations. Sachant qu’une grossesse ne se remarque pas toujours tout de suite, mieux vaut donc s’abstenir dès les premières tentatives de conception ! »

An Swerts

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