Erasme sort du marasme

Malgré les frayeurs d’ordre budgétaire de 2012 et même si son financement n’augmente pas à la vitesse de son succès, le programme Erasmus ne risque pas de disparaître de sitôt.

Le programme Erasmus reste une des plus grandes réussites de l’Union européenne. En vingt-cinq années d’existence, trois millions d’étudiants ont pu effectuer une période d’étude ou de stage dans 33 pays européens. Les destinations les plus prisées par les étudiants belges sont l’Espagne, l’Angleterre et, en troisième position, l’Allemagne. Pour l’ensemble du programme, c’est l’Espagne qui envoie et accueille le plus grand nombre d’étudiants.

Ce constat est réjouissant, mais en décembre dernier, le programme Erasmus a évité de peu une crise financière. Les Etats membres et le Parlement européen ont conclu un accord de dernière minute jusqu’en 2013. Le Conseil européen du 8 février a donc proposé, malgré une baisse du budget général de l’Union, d’augmenter les allocations dans le domaine de l’éducation et de la formation. Pour Androulla Vassiliou, commissaire européenne en charge de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse,  » c’est une reconnaissance claire de la valeur ajoutée du programme pour nos jeunes citoyens, mais aussi pour l’idée européenne « .

Pour la période 2014-2020, la commissaire a proposé un nouveau projet nommé  » Erasmus for all « . L’esprit est inchangé. Mais le programme sera ouvert à des pays non européens. Il rassemblera différents programmes en vigueur actuellement sous un même nom, pour plus d’efficacité et de simplicité.

S’inscrivant dans la stratégie  » Europe 2020 « , le but est que 20 % des diplômés de l’enseignement supérieur aient accès à la mobilité d’ici à 2020. Le budget initial a été estimé à 19 milliards d’euros. D’après Fabrice Comptour, du cabinet de Mme Vassiliou,  » il est clair que ce montant sera revu à la baisse. Selon nos extrapolations, « Erasmus for all » recevra près de 14,5 milliards d’euros. « La balle est maintenant dans le camp du parlement, qui doit débattre de cette nouvelle proposition.

Ces deux dernières années, les bourses accordées, de 250 euros par mois en moyenne, ont elles aussi été revues à la baisse. Jugeant que ce montant est insuffisant pour couvrir les frais d’un séjour, 29 % des étudiants renoncent à partir.

Laura revient de Hongrie, où elle a vécu avec une bourse de 150 euros par mois.  » Ce n’est pas énorme, mais cela me permettait de couvrir mon loyer. Grâce à un job d’été et l’aide de mes parents, j’ai pu profiter pleinement sans compter. « A Dublin, avec seulement 30 euros de plus, Arthur devait faire face à un loyer de 450 euros.  » Avec l’avion et mes dépenses quotidiennes, mon Erasmus m’a coûté 6 000 euros.  » La contribution des parents fut indispensable, mais Arthur ne regrette pas son choix.

En partant, l’étudiant a plus souvent à l’esprit le film de Cédric Klapisch, L’Auberge espagnole, que les discours sur la citoyenneté européenne. Au cours de son séjour, il aura pratiqué les langues étrangères, se sera frotté à des cultures différentes. Il en reviendra plus autonome et ouvert d’esprit. Même si les bourses diminuent, le succès reste grandissant, et le nouvel Erasmus a de beaux jours devant lui.

Par Elise Parentani (IHECS)

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