» Retenez-moi, ou je flashe… « 

L’étau se resserre, à des rythmes très variables,sur les automobilistes épris de vitesse

Onze mois après la nouvelle loi sur la sécurité routière, un constat s’impose : il devient de plus en plus difficile d’échapper aux accents répressifs manifestés par les forces de l’ordre. Mais aussi û pas toujours û par les responsables politiques de ce secteur. Certes, face au millier de caméras automatiques installées en Flandre, les quelques malheureux radars plantés le long des axes bruxellois et wallons û respectivement 3 et 2 û font pâle figure. En Wallonie, leur renforcement (pas plus de… 25 boîtiers au total, en 2005, si tout se passe comme prévu) relève de plus en plus du vaudeville : combien de boîtiers déjà installés aux frais de la collectivité restent vides, faute d’harmonisation de la part des parquets, de l’administration (MET) et des forces de l’ordre ? Depuis deux législatures, on ne compte plus les effets d’annonce ministériels en cette matière. C’est à croire que les édiles du Sud tendent délibérément aux Flamands le bâton pour se faire battre. Comprenez : pour en arriver à la régionalisation de la sécurité routière. Pas sûr que la volonté d’épargner des vies sur l’asphalte soit le souci premier de ce genre de  » stratégie « . Quant à Bruxelles, le projet d’installer 10 nouveaux radars cette année ne semble pas inutile : selon le dernier baromètre fédéral de la sécurité routière, le nombre d’accidents est resté quasiment stable, alors que l’évolution des deux autres Régions est à la baisse.

A plus court terme, toutefois, la surveillance policière va revêtir des contours très concrets pour l’automobiliste. A la suite d’une directive du collège des procureurs généraux (PG), la marge de tolérance appliquée jusqu’à présent lors des contrôles de vitesse va, en effet, être réduite partout dans le pays. Depuis le 1er février, elle l’est déjà dans la zone qui s’étend de Charleroi à Tournai. C’en est fini, donc, de la tolérance qui permettait à l’automobiliste de  » grappiller  » quelques kilomètres-heure en plus sans trop de soucis. Seule une petite marge technique reste en vigueur. Mais comme les appareils sont de plus en plus fiables et précis, elle se rétrécit comme une peau de chagrin.

Noyés sous les procès-verbaux attendus de telles évolutions, les parquets seront-ils acculés à classer sans suite les infractions de vitesse ? Même pas ! Car l’heure est à la  » perception immédiate  » : la police envoie directement au domicile du contrevenant son  » invitation  » à payer. Les parquets n’interviennent plus qu’en cas de refus du conducteur. Or, selon le collège des PG, une fois le premier rappel envoyé, de 70 à 90 % des conducteurs passeront à la caisse. On jugera sur… facture.

Philippe Lamotte

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