Ukraine: des milliers de manifestants devant le Parlement à Kiev

(Belga) Plusieurs milliers d’Ukrainiens manifestaient mardi à Kiev devant le parlement, qui s’apprêtait à examiner une motion de défiance du gouvernement, sous la pression d’une mobilisation inédite depuis la Révolution orange après avoir renoncé à un rapprochement avec l’UE.

« Honte! », criait la foule brandissant de nombreux drapeaux ukrainiens rassemblée devant la Rada (parlement) qui est encerclée par un cordon de plusieurs centaines de représentant de forces de l’ordre casqués. Après une manifestation ayant rassemblé plus de 100.000 personnes dimanche, l’opposition réclame le départ du pouvoir ukrainien, qui a renoncé à signer un accord d’association avec l’UE lors du sommet de Vilnius la semaine dernière. Dans un geste de conciliation, le président du Parlement, Volodymir Rybak, a annoncé mettre à l’ordre du jour mardi la question de la défiance du gouvernement, comme le réclame l’opposition. L’assemblée est dominée par le Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch. « Ce que nous exigeons, c’est d’abord de voter un texte sur le départ du gouvernement et ensuite de soumettre au vote la libération (de l’opposante Ioulia) Timochenko et de trois militants arrêtés illégalement », a déclaré lundi soir l’un des leaders de l’opposition, Arseni Iatseniouk, proche de l’ex-Premier ministre emprisonnée. « Nous allons voter pour le départ de ce gouvernement de bandits », a de son côté averti l’ultra nationaliste Oleg Tiagnibok, lors d’un meeting lundi soir. Plus de mille personnes ont passé la nuit de lundi à mardi sur la place de l’Indépendance, ont rapporté des journalistes de l’AFP. La plupart d’entre eux se sont rassemblés mardi matin autour du parlement, rejoints par plusieurs milliers de manifestants. « On est ici pour faire la révolution. On restera ici jusqu’à la victoire, on n’a peur de rien », a assuré à l’AFP Anatoli Krilouchine, 65 ans, arrivé trois jours plus tôt de Berdytchiv (ouest), qui accuse le gouvernement d’avoir « trahi le peuple ». « On manifeste pour la démocratie », a expliqué de son côté, café à la main, Mata Mikititch, 21 ans, arrivée mardi matin de Lviv (ouest) dans la capitale ukrainienne. Une centaine de manifestants favorables au président ukrainien était rassemblés à proximité du gouvernement, également sous haute surveillance policière. Un millier de personnes étaient également réunies devant le siège du gouvernement, proche du parlement, dont l’opposition compte bloquer les accès jusqu’au départ du pouvoir. La mobilisation de l’opposition a été provoquée par la volte-face du pouvoir ukrainien, qui a soudainement suspendu fin novembre la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne, en préparation depuis des mois, pour se tourner vers la Russie. Dimanche, plus de 100.000 manifestants se sont rassemblés à Kiev et des dizaines de milliers d’autres dans d’autres villes du pays pour protester contre la décision de M. Ianoukovitch de ne pas signer d’accord d’association avec l’UE. Il s’agit d’une mobilisation sans précédent depuis la Révolution orange de 2004 qui avait renversé le régime en place et porté alors au pouvoir des pro-occidentaux. Des affrontements dimanche avec la police ont fait de nombreux blessés, dont une cinquantaine de journalistes et une centaine de policiers. « Ce qui se passe présente tous les signes d’un coup d’État », a dénoncé lundi le Premier ministre, Mykola Azarov. Il a également affirmé qu’une prise d’assaut du parlement était en préparation, sans donner plus de précisions. Le président russe Vladimir Poutine, qui a joué un rôle décisif pour dissuader Kiev de signer l’accord avec l’UE, a lui aussi fustigé lundi les manifestations en Ukraine, « préparées de l’extérieur » et qui « ressemblent plus à un pogrom qu’à une révolution ». La Maison Blanche, en revanche, a estimé qu’il s’agissait de « manifestations pacifiques » durement réprimées. Le président Ianoukovitch a pour sa part reconnu dans une interview aux télévisions ukrainiennes que les forces de l’ordre étaient « allées trop loin » dans l’usage de la force contre les manifestants. Le président ukrainien, qui doit se rendre prochainement à Moscou pour signer une « feuille de route de coopération » a aussi laissé entendre que l’intégration européenne était toujours sur la table. Il a demandé à M. Barroso de recevoir une délégation ukrainienne pour discuter « de certains aspects de l’accord d’association » que Kiev a refusé de signer la semaine dernière. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lancé un appel au calme et au dialogue, appelant « toutes les parties à agir avec retenue, à éviter toute nouvelle violence et à respecter les principes de liberté d’expression et de rassemblement pacifique », a déclaré son porte-parole Martin Nesirky. (Belga)

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