© BELGA

Trois responsables de la prison de Saint-Gilles arrêtés abusivement

Le personnel de la prison de Saint-Gilles a mené une action dimanche pour protester contre l’incident survenu dans la journée avec le juge d’instruction Wim De Troy, connu pour l’opération dite « Calice ». Le directeur de la prison de Saint-Gilles et les deux membres du personnel interpellés dimanche ont été entendus par la section de la police judiciaire fédérale active à Brussels Airport, la PJF Airport.

Le juge d’instruction Wim De Troy a refusé les mesures de sécurité qui l’empêchaient de rentrer dans l’enceinte de la prison avec sa voiture. Pour des raisons de sécurité, seuls les fourgons cellulaires et les véhicules de police peuvent pénétrer au sein de la prison. Face au refus du personnel de l’établissement pénitentiaire, il a alors fait interpeller trois personnes – un directeur, un adjudant et le responsable de l’accès à la prison. Les trois personnes auraient entre-temps été relâchées.

« C’est tout de même un peu fort. Un magistrat, quelle que soit sa fonction, doit subir les contrôles comme tout le monde », réagit Guy Milis du syndicat VSOA. « Nous avons déjà connu des problèmes par le passé dans d’autres établissements avec certains juges d’instruction qui se donnent de grands airs. Il est grave que l’on en arrive là et que des personnes soient sanctionnées juste parce qu’elles font leur travail ».

L’opération n’a pas été menée par la police locale de Zaventem, comme indiqué précédemment, mais par la PJF Airport. « Le juge d’instruction a demandé l’intervention des agents de la PJF car il voulait mener une audition dans le cadre d’une enquête », a expliqué une porte-parole de la police fédérale. « Il s’agissait de l’audition d’un homme interpellé à l’aéroport pour trafic de drogue. »

Le ministre Stefaan De Clerck a affirmé que l’intervention de la PJF Airport avait pu avoir lieu après un refus de la police locale de la zone Midi, compétente pour le territoire de Saint-Gilles, de procéder aux arrestations et aux auditions mais ni la police fédérale, ni la porte-parole de la zone Bruxelles-Midi, ne pouvaient en dire plus à ce sujet.

Le ministre de la Justice prendra des mesures à l’encontre de Wim De Troy s’il venait à se confirmer après enquête que le juge a fait enfermer trois membres du personnel de la prison de Saint-Gilles dont un directeur.

Le ministre attend pour lundi midi un rapport détaillé de différents services après l’incident de samedi, a-t-il fait savoir. « Il apparaît à première vue que le personnel de la prison a agi correctement », a-t-il indiqué. « Si les informations se confirment, j’estime que la réaction du juge d’instruction est très étrange. C’est hors proportion », a-t-il précisé.

Stefaan De Clerck a l’intention de demander aux autorités hiérarchiques du juge d’instruction d’adopter à son égard une réaction appropriée si les faits qui lui sont reprochés étaient corroborés. « Je ne vais pas laisser cette affaire en l’état. Nous faisons beaucoup d’efforts en ce qui concerne les prisons. Le nombre historiquement bas d’évasions en 2010 le prouve. Je ne peux admettre qu’un juge d’instruction foule aux pieds les règles en vigueur », a-t-il conclu.

Une « forme flagrante d’abus de pouvoir »

Comme les autres syndicats, la CSC Services publics a dit lundi espérer que l’incident avec le juge d’instruction Wim De Troy. « Il s’agit d’une forme flagrante d’abus de pouvoir, en dehors de toute proportion », a estimé lundi le syndicat dans un communiqué de presse.

« Nous ne voulons pas anticiper sur le système judiciaire mais un signal clair doit être donné aux personnes concernées », a indiqué le secrétaire syndical Luc Neirynck. « Cela ne doit pas rester sans suite. »

Le syndicat compte à cet égard sur des prochaines démarches du ministre de la Justice ou de la hiérarchie du juge d’instruction impliqué. En attendant, les syndicats vont se réunir lundi après-midi pour décider d’éventuelles actions futures. « Le personnel pénitentiaire a déjà donné un signal immédiatement après les faits. Les autorités administratives ont d’ailleurs bien réagi », a estimé Luc Neirynck

Pas de commentaire du parquet de Bruxelles

Le porte-parole du parquet de Bruxelles, Jean-Marc Meilleur, n’a souhaité faire aucun commentaire sur l’incident. « Il s’agit d’un litige entre un établissement pénitentiaire et un juge d’instruction, le parquet de Bruxelles ne fera dès lors aucun commentaire », a indiqué lundi matin le porte-parole du parquet de Bruxelles.

De Troy a mis la sécurité de la prison en danger

Le juge d’instruction Wim De Troy a mis la sécurité de la prison de Saint-Gilles en danger en faisant arrêter une directrice, un adjudant et un agent, selon le syndical de la police Sypol.be. Le syndicat de la police estime que le personnel a appliqué les règles et n’a commis aucune erreur.

C’est également le point de vue de l’administration pénitentiaire, dont le directeur général, Hans Meurisse, s’est rendu dimanche soir sur place, affirme Kris Popelier, de Sypol.be.

Levif.be avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire