Choc frontal chez Opel

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Nouvelle gifle pour l’industrie du montage automobile : la nouvelle Astra échappe au site d’Anvers, qui perd 1 400 emplois.

Clap quatrième ! Après Renault Vilvorde, Ford Genk et Volkswagen Forest, la chaîne de montage Opel, à Anvers, se grippe : le groupe automobile General Motors Europe y supprimera, d’ici à la fin de l’année, 1 400 postes sur 4 500. La direction ne lui confiera pas la production du nouveau modèle de l’Opel Astra, à partir de 2010. Ce sont les unités de production allemande (Bochum), polonaise (Gliwice), britannique (Ellesmere Port) et suédoise (Trolhättan) qui ont été retenues.  » Cette décision repose sur des critères strictement stratégiques, assure Carl-Peter Forster, président de GM Europe. En matière de qualité et de coûts, il n’y avait que très peu de différences entre les usines. Le choix s’est fait en fonction des atouts des autres sites, notamment leur position sur les plus grands marchés européens de GM.  » Des voix s’élèvent pourtant pour condamner un choix politique, voire nationaliste… Opel Anvers continuera à monter les modèles Astra actuels, qui entament la deuxième partie de leur cycle de vie, à raison de 155 000 véhicules par an, contre 226 000 actuellement. L’entreprise pourrait aussi se voir confier la production de la Chevrolet.

Cette nouvelle ne constitue pas une surprise. La direction du groupe américain planchait depuis des mois sur une réorganisation de sa production en Europe. Les problèmes, sur le marché de l’automobile, sont connus : le marché est saturé, victime de sa propre surproduction. L’Opel Astra a vu ses ventes reculer, en un an, de 9 %, contre 7 % pour la Volkswagen Golf, retirée à l’usine de Forest.

La restructuration qui s’impose à Opel Anvers intervient quelques mois à peine après que le ciel soit tombé sur la tête du personnel de l’usine Volkswagen, à Forest. Et cet élément change toute la donne.

Pour la deuxième fois en six mois, les responsables politiques ont fait publiquement état de leur désolation et, quoi qu’ils en disent, de leur impuissance. En plus des 1 400 travailleurs concernés, le personnel des 60 sous-traitants de Opel en Belgique sera aussi directement touché. Or les pouvoirs publics n’ont pas lésiné sur les moyens pour venir en aide au secteur de l’automobile. Les cotisations sociales sur le travail en équipe et le travail de nuit, entre autres, ont été revues à la baisse. Au total, Opel Anvers a bénéficié, depuis 1995, de 25 millions d’euros d’aides publiques.

Ni grève, ni action, ni résistance

Dans les rangs syndicaux, le ton adopté par les principaux chefs de file est, en revanche, sans commune mesure avec les propos entendus lors de la restructuration annoncée à Forest. Aucun appel à la grève, ni à la résistance ni à l’action n’a été lancé, même si le personnel a spontanément arrêté le travail. Aucune menace n’a été proférée. La preuve d’une certaine résignation ? Peut-être. Une culture d’entreprise différente ? Sans doute, mais cela n’explique pas tout. La conviction que la majorité du personnel retrouvera du travail ailleurs, dans une Flandre qui connaît moins les affres du manque d’emplois que le reste du pays ? Assurément. Les responsables syndicaux ont aussi en mémoire les primes de départ, historiquement élevées, qu’ont obtenues les travailleurs de VW Forest. Il y a fort à parier que l’idée est d’obtenir, ici aussi, les conditions de départ les plus favorables. VW Forest pourrait servir de mètre étalon, comme le redoutaient d’ailleurs les organisations patronales.

Quant aux travailleurs qui conserveront leur poste à Anvers, ils verront leur salaire raboté et leur temps de travail élargi. La direction de GM Europe vise une augmentation de la productivité de 30 %. Le personnel de VW Forest, désormais dans le giron du groupe Audi, a subi une réduction de coûts de 20 %. C’est ce mètre étalon là que redoutaient les organisations syndicales…

Laurence van Ruymbeke

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