Les Francofolies, ou quand une ville se met en scènes

Quand on n’a pas eu la chance de fouler le Village Francofou et ses tentacules, il faut laisser la parole aux habitués…  » Les Francos, c’est ringard. Mais quelle ambiance ! On a l’impression d’être en vacances, de pénétrer dans un endroit magique, une sorte de forum romain totalement hors du temps. C’est un folklore : les uns mangent du boudin, les autres des barbes à papa ; on croise des scouts et des gamins style tecktonik, les uns imitent Cloclo mieux que l’original, les autres sont des bassistes underground totalement craquants, tout le monde parle fort et on boit de la bière. Pas de doute : cette histoire vient de Belgique « , raconte Julie, Bruxelloise fidèle au festival depuis plusieurs années. Quand elle dit  » ringard « , c’est pour rappeler que l’image des Francos s’apparente davantage à une grand-messe familiale qu’à un plébiscite pour la musique pointue. Encore que… Son codirecteur, Charles Gardier (également premier échevin de la ville de Spa), est lui-même un fan de musique plus audacieuse que celle des Fugain ou Lavoine. Mais son argumentation, à ce niveau, est imparable :  » Ras le bol que l’on dise que les Francos sont populaires ou commerciales. Nous voulons mettre en avant la langue française ou, en tout cas, des artistes issus du monde francophone, sans logique de ghetto. Les Francos, c’est avant tout un festival familial et éclectique : curieusement, cet éclectisme est plus difficile à vendre au public qu’un festival de ska-punk où l’on toucherait une cible bien déterminée. Ici, il faut vaincre les réticences des intégristes. Je me suis toujours étonné de ce débat : dans un festival trash-metal, qui découvre quoi ? Comment faire découvrir de nouvelles choses aux gens si on ne les propose pas ? « 

Qu’on se le dise : la formule parfois consensuelle du festival n’a pas le don d’éloigner ses fans. L’été passé, la direction de l’événement (Charles Gardier et l’homme d’affaires Jean Steffens) a d’ailleurs dû restreindre de 10 000 le nombre de participants. Pour atteindre, tout de même, la barre des 180 000…  » On avait battu tous les records dans le Village Francofou, ce qui commençait à le rendre moins convivial. On a donc décidé de diminuer les invitations, le nombre de places, en supprimant les places gratuites pour les moins de 14 ans.  » Les Francofolies font assurément l’unanimité à Spa, dans une petite ville qui est pourtant littéralement phagocytée quatre jours par le festival.

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