Liesbeth Homans et Tom Meeuws © Belga

Anvers: Pourquoi la N-VA veut « détruire » le socialiste Tom Meeuws

Walter Pauli
Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

C’est incontestable: le président du sp.a anversois est traité de manière impitoyable, et ces attaques viennent de l’entourage de la N-VA. L’aversion contre Meeuws provient d’un certain nombre de causes politiques, mais la raison principale est d’ordre privé.

Rares sont les hommes politiques qui n’ont jamais été ministre, ni même jamais parlementaire, député parlementaire, bourgmestre ou conseiller communal, à être poursuivis par autant de scandales que Tom Meeuws, président du sp.a anversois depuis 2016 et depuis cette semaine numéro deux sur la liste du sp.a anversois pour les élections communales, après la tête de liste Jinnih Beels. Il y a quelques mois, Meeuws occupait la troisième position de Samen, l’alliance rouge-verte entre-temps enterrée qui avait l’ambition d’éjecter Bart De Wever du mayorat.

Cette fois, les événements prennent une tournure éminemment plus personnelle, même si à première vue les motifs étaient « purement politiques ». Cela s’est avéré une première fois quand Meeuws a annoncé son ambition de diriger le sp.a anversois. Avant même qu’il soit élu président local, la N-VA anversoise lui a reproché d’avoir livré ses services de consultant aux associations de mosquées anversoises pour l’organisation pratique de l’abattage rituel pour la Fête du Sacrifice. Il n’y avait là rien d’illégal, mais en associant le nom de Meeuws à « abattage rituel », il a souffert d’un préjudice d’image. À gauche et surtout à droite, on se demandait si un tel homme possédait bien l’intégrité morale pour faire de la politique.

En début d’année, la situation s’est encore envenimée quand Meeuws, à présent président sp.a en fonction, a accusé le collège échevinal anversois d’amadouer ses amis promoteurs immobiliers par une « taxe d’enjôlement ». Parue dans le quotidien De Morgen, sa carte blanche a été la cause directe des yeux humides de Bart De Wever à la télévision. Le bourgmestre anversois était alors en fâcheuse posture. Le site d’informations Apache avait diffusé des images cachées de la fête de l’anniversaire au restaurant Het Fornuis d’ Erik Van der Paal, promoteur immobilier pour Land Invest. Ce dernier avait invité la fine fleur du collège d’échevins anversois, ainsi qu’un groupe intrigant d’avocats d’affaires et de lobbyistes. C’était du rarement vu, Bart De Wever et les ténors de la N-VA en compagnie des fixeurs du PS honnis, ne serait-ce que pour boire un Coca Zero.

Cependant, ce n’est pas De Wever, mais Meeuws qui en a payé les pots cassés. Il s’est révélé qu’il était également en contact avec Land Invest, non comme politique, mais comme entrepreneur privé. Il avait également dîné au Fornuis avec Land Invest. Et ensuite, il a eu la bêtise/l’honnêteté/l’imprudence d’envoyer un message privé via WhatsApp pour dire que Land Invest devait tout de même avoir vu qu’il ne visait aucun de leurs projets. Immédiatement, De Tijd a diffusé le contenu de cette communication WhatsApp, l’occasion pour Groen de lui retirer sa confiance, – et, quand le sp.a ne l’a pas fait – de faire sauter la liste Samen.

Ensuite, il a fuité que, lorsqu’il était directeur De Lijn pour la région d’Anvers, Meeuws avait fait preuve de créativité comptable. Il avait fait organiser un festival du tram dont les factures étaient si élevées que Meeuw n’aurait jamais pu les approuver- c’était au conseil d’administration à le faire. Les faits datent d’il y a quelques années. Pour De Lijn, c’était une raison de licencier Meeuws, mais les deux partis avaient conclu un arrangement autour de la liquidation financière de l’affaire, y compris une clause de ne pas communiquer sur les véritables circonstances de son départ. Meeuws a constaté que cette confidentialité a été rompue, et que sa réputation était encore plus endommagée. Le sp.a a pointé un doigt accusateur vers le nouveau président de la compagnie De Lijn, le N-VA Marc Descheemaecker, et l’a traité d’instigateur de cette affaire classée. Aux yeux des socialistes, c’était inacceptable : bien que Meeuws ait reconnu son erreur, l’affaire semblait révolue. On pouvait reprocher une erreur de gestion à Meeuws, mais pas d’infractions à la loi.

Mercredi dernier, il y a eu un nouvel épisode dans l’affaire. Quelques heures après que le sp.a anversois ait dévoilé sa liste pour les élections communales, VTM NIEUWS a déclaré que De Lijn avait porté plainte contre Tom Meeuws « parce qu’on avait fait encore plus de découvertes ». Le parquet a confirmé l’ouverture d’une enquête. Quand Meeuws a une nouvelle fois relativisé l’affaire, Marc De Scheemaecker s’est levé pour expliquer que les choses seraient bien plus sérieuses que ne laisse entendre Meeuws. Cependant, il n’a pas divulgué plus de détails.

Entre-temps, Tom Meeuws s’était plaint dans la presse de la politique de logement et de location à Anvers et du fait que le marché locatif s’adressait davantage aux investisseurs qu’aux habitants. Le lendemain, on apprenait que Meeuws est lui-même propriétaire d’un appartement qu’il loue. On ignore d’où vient l’information – cela pouvait être Land Invest, mais aussi l’administration urbaine, la municipalité ou un opposant (politique) non identifiable.

Le fil rouge – ou jaune – est pourtant assez clair. Quand Tom Meeuws se profile, la N-VA réagit, et elle vise toujours l’élément personnel dans le comportement ou la carrière de l’opposant politique. L’animosité de plus en plus virulente devenait incontestable. C’est pourquoi la plupart des rédactions avançaient une autre explication. De nature extrêmement personnelle. Si c’est tout à l’honneur du journalisme flamand de ne pas vite révéler une affaire privée, quand celle-ci prend une tournure politique, cela devient inévitable.

C’est ce qui s’est produit. Knack a appris ce que « savaient » de nombreux autres médias : que Tom Meeuws a eu une liaison avec Liesbeth Homans (N-VA) de mi-2013 à 2015. Au début de leur relation, Tom Meeuws occupait un poste de haut fonctionnaire à l’administration de la ville d’Anvers. En tant que présidente du CPAS et échevine aux Affaires sociales, Homans était sa responsable politique. À partir de 2014, Homans a été nommée ministre flamande de l’Intérieur, du Logement, de la lutte contre la Pauvreté et de l’Économie sociale. En 2015, Meeuw est licencié par De Lijn. La même année, il fonde une entreprise de consulting. À l’été 2016, il fait son coming-out comme candidat à la présidentielle du sp.a anversois, et devient donc l’un des principaux opposants de Bart De Wever. Ces aspects politiques opposés rendent la relation doublement intrigante : en tant que nouveau numéro un du sp.a local, Meeuws incarne l’opposition sociale ; en tant qu’échevine et ministre, Homans symbolise la politique « sociale » beaucoup plus dure, contre laquelle toute la gauche proteste depuis quatre ans.

La politique anversoise était au courant de la liaison entre Meeuws et Homans. Tant le président du sp.a John Crombez que la présidente de Groen Meyrem Almaci (au temps de Samen) étaient au courant de la relation, entre-temps terminée. À la N-VA aussi, on était au courant de la relation – Liesbeth Homans est amie avec le président de la N-VA et bourgmestre Bart De Wever depuis qu’elle est étudiante. Très affecté par l’infortune d’Homans, De Wever nourrit une rancune contre Tom Meeuws. Mais alors que la gauche prenait « acte » de ce qui était considéré comme une affaire strictement personnelle, la droite a réagi différemment. Liesbeth Homans traversait une période difficile en tant que ministre et n’a jamais vraiment répondu aux attentes élevées du gouvernement flamand.

À la N-VA, on impute cette dépression explicitement à sa vie privée. Un membre haut placé de la N-VA déclare à Knack – après avoir été informé du fait que le magazine relaierait ses propos en cas de pertinence : « Nous avons averti Liesbeth plusieurs fois, mais elle pensait avoir trouvé l’amour de sa vie en Tom Meeuws. Elle pensait vraiment qu’il quitterait sa famille pour elle. Il ne l’a pas fait, et cela n’a pas été oublié. Chez nous on dit effectivement: ‘Il faut détruire Meeuws’. Pour ce qu’il a fait à Liesbeth. » Homans elle-même n’aurait rien à voir avec la cabale contre Meeuws.

Tom Meeuws a repris le fil de sa vie familiale. Mais son parti, ses proches et lui-même paient les pots cassés : la même source N-VA confirme que ce qui s’est produit ces dernières semaines à Anvers découle de cette rupture. Au sp.a, on encaisse les coups, même si Meeuws déclare : « Toute cette histoire doit cesser. » Mais est-ce possible, et la N-VA est-elle prête à laisser tomber, vu le climat actuel ? Reste à voir quelles seront les retombées politiques d’une relation passée entre un haut fonctionnaire de gauche et une femme politique de premier plan de droite.

Réaction de Liesbeth Homans

La ministre flamande Liesbeth Homans (N-VA) a déploré jeudi qu’un journaliste du Knack ait évoqué dans un article sa relation passée avec le chef de file des socialistes anversois Tom Meeuws.

L’hebdomadaire Knack a publié un article intitulé « Pourquoi la N-VA veut briser Tom Meeuws ». Dans les colonnes de celui-ci, le journaliste évoque la relation amoureuse entretenue entre mi-2013 et 2015 entre Mme Homans et le socialiste, qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête judiciaire pour des falsifications de factures lorsqu’il était directeur chez De Lijn. Le journaliste voit un lien entre la situation actuelle de M. Meeuws, cible de nombreuses attaques, et son ancienne idylle avec la nationaliste flamande. « Je déplore au plus haut point qu’un journaliste mélange des éléments de ma vie privée d’il y a près de 4 ans avec une discussion politique en cours », a déclaré LiesbethHomans à Belga. D’après elle, son ancienne relation avec Tom Meeuws n’a « pas la moindre pertinence politique ».

Belga

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