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Quel avenir pour la Ligue des Champions ?

En coulisses, l’UEFA prépare la réforme de la Ligue des Champions et de l’Europa League. Mais quels sont les plans ? On vous explique tout.

Trois mois après la spectaculaire demi-finale face à Tottenham, l’Ajax tente à nouveau de se qualifier pour les poules de la Ligue des Champions par le biais des tours préliminaires.  » Le système est injuste « , râle le coach, Erik ten Hag. Liverpool, vainqueur de l’épreuve la saison dernière, a disputé moins de matches européens que l’Ajax, qui avait déjà dû passer par les tours préliminaires et qui doit refaire le parcours du combattant avec un noyau plus petit et de moindre valeur tandis que le quatrième du championnat d’Italie a directement accès la phase de poules.

De nombreux dirigeants de grands clubs européens comprennent la position de l’Ajax.  » Nous aimerions protéger des équipes comme celles que l’Ajax alignait la saison dernière « , dit Aleksander Ceferin, le boss de l’UEFA. Une déclaration qui n’est pas due au hasard. Le cas de l’Ajax tombe à point nommé au moment où l’UEFA s’apprête à devoir justifier un plan explosif. Suite à une proposition de réforme de la Ligue des Champions et de l’Europa League, Ceferin s’est retrouvé dans la ligne de mire de toute l’Europe. Son plan est discutable et bouleverse l’ordre établi. Une nouvelle pyramide avec une Ligue des Champions semi-fermée et un système de montée/descente de et vers l’Europa League.

Une image de la finale de la LC 2019 : Divock Origi, Sadio Mané et Jan Vertonghen sont en lutte pour le ballon.
Une image de la finale de la LC 2019 : Divock Origi, Sadio Mané et Jan Vertonghen sont en lutte pour le ballon.© BELGAIMAGE

Ce plan est le fruit de négociations avec les dirigeants de l’European Club Association (ECA), une organisation qui rassemble les meilleurs clubs européens et est présidée par Andrea Agnelli. Le patron de la Juventus est considéré comme le meneur de ce démantèlement et tente aussi de se justifier en faisant référence au cas de l’Ajax.  » Comment un club comme celui-là pourrait-il grandir si les choses ne changent pas et qu’il n’a qu’un accès limité aux grands tournois ?  »

Vision 2024

Examinons en détail les plans de l’ECA et de l’UEFA. Pour cela, nous utiliserons la présentation que la confédération européenne et l’ECA ont préparée en coulisses afin de convaincre les fédérations nationales, les ligues professionnelles et les clubs. Un document de 68 pages intitulé Vision 2024 dans lequel on signale avant tout que la croissance de la formule actuelle atteint ses limites et on propose une solution : un nouveau mode de fonctionnement.

Au cours des 27 années qui ont suivi le premier but de Daniel Amokachi en Ligue des Champions, les contrats n’ont cessé d’augmenter – on ne parle plus de millions mais de milliards – et le nombre de clubs capables de soulever la coupe aux grandes oreilles n’a cessé de diminuer. De 1992 à 1999, le nombre de participants est passé de 8 à 32. En 2004, le modèle d’une phase de poules, attractif sur le plan commercial (plus de matches et de chances de voir les meilleurs clubs passer), a été appliqué à la Coupe de l’UEFA, rebaptisée Europa League en 2009.

Au cours des dernières années, le format n’a pas changé mais l’UEFA a accepté davantage de clubs des grandes nations et a étalé les matches sur l’ensemble de la soirée (19 h et 21h), ce qui n’a fait qu’accroître la valeur de l’épreuve. Les accords conclus entre l’UEFA, les fédérations, les ligues et les clubs sont toujours d’une durée de trois ans. Au cours de cette période, on ne peut pas toucher au format, aux horaires, aux prize money et aux critères d’accès.

Trois compétitions de 32 clubs

Le cycle actuel prend fin en 2021 et le cycle suivant est déjà lancé. En 2021, une nouvelle compétition verra le jour. Elle n’a pas encore de nom. Au même moment, l’Europa League passera de 48 à 32 clubs. Comme 32 autres clubs lutteront pour accéder à la nouvelle coupe, on aura trois compétions de 32 clubs, soit un total de 96 clubs européens.

Au fil des années, l’UEFA a vu le fossé entre les revenus des grands clubs et les autres se creuser rapidement. Quelque 452 des 670 clubs que compte l’Europe ont un budget inférieur à dix millions d’euros. 124 (dont Gand et Salzbourg) doivent se contenter de dix à cinquante millions.

Un échelon plus haut, le peloton de 47 clubs dans lequel on retrouve le PSV et la Lazio pédale avec un budget de cinquante à cent millions. Mais il accuse une telle distance sur le groupe de tête qu’on ne peut même plus parler de poursuite. Et entre les deux, on retrouve encore un groupe de 42 clubs (dont l’Ajax) affichant un budget de 100 à 300 millions.

Dans le groupe de tête, certains éprouvent de plus en plus de difficultés à suivre. L’AC Milan et l’Inter ont été rétrogradés dans le groupe de l’Ajax. Ils ne sont plus que douze à bénéficier d’un budget supérieur à trois cents millions : le FC Barcelone, le Real Madrid et Manchester United emmènent ce peloton depuis des années et, à terme, leur chiffre d’affaires devrait atteindre le milliard d’euros.

Seuls des clubs issus de ce groupe peuvent encore espérer remporter la Ligue des Champions. L’Inter (vainqueur en 2009) et l’AC Milan (vainqueur en 2007) n’en font plus partie mais, lorsqu’ils se sont imposés, ils figuraient encore parmi le groupe de tête. La seule véritable surprise, c’est la victoire du FC Porto en 2004.

Droits de télévision

L’UEFA a pleinement profité de la popularité des clubs. Par le passé, son cheval de bataille, c’était le championnat d’Europe mais aujourd’hui, la Ligue des Champions lui rapporte davantage. Depuis le début du siècle, les revenus engendrés sont passés de 600 millions à 2,8 milliards d’euros.

Une grande partie de ces recettes est redistribuée aux clubs. C’est ainsi que, la saison dernière, l’Ajax a touché 80 millions de primes de l’UEFA. Pour les clubs des plus petits championnats, ces primes de plus en plus élevées comptent de plus en plus. Elles ont moins d’impact sur la croissance des clubs des grands championnats.

Manchester United n’a pas toujours pris part à la Ligue des Champions au cours des dernières années et il ne l’a plus remportée depuis 2008 mais son chiffre d’affaires (700 millions d’euros) reste le troisième au monde. Dans tous les grands clubs, les primes de l’UEFA ne sont qu’une goutte d’eau dans une mer de centaines de millions.

Ce qui compte pour eux, ce sont les droits de télévision. Ensemble, les clubs de Premier League, de Liga, de Bundesliga, de Serie A, et de Ligue 1 gagnent près de dix fois autant que ceux des cinquante autres championnats européens réunis.

Ces inégalités de plus en plus fortes ont influencé l’aspect sportif. Au cours des dix dernières années, les petits championnats ont nettement moins évolué. Comme les primes de l’UEFA sont de plus en plus fortes, elles jouent un rôle de plus en plus important dans les budgets des clubs moyens. Grâce aux succès européens, le chiffre d’affaires de l’Ajax en 2018/2019 a doublé par rapport à la saison précédente.

Cinq grands et puis le reste

Les matches les plus importants de l’année se jouent en août. Prendre part à la Ligue des Champions, c’est s’assurer une bonne saison sur le plan économique. Echouer aux tours préliminaires est synonyme de crash financier.

De nombreux clubs européens entament la saison sans savoir s’ils seront qualifiés pour les poules d’une coupe d’Europe. Comme ils n’ont pas la garantie de toucher des primes de l’UEFA, ils ne peuvent pas les utiliser pour proposer des contrats de longue durée aux joueurs.

Ils ne peuvent donc pas concurrencer les clubs des grandes nations qui, en raison du nombre élevé de participants dont leur pays bénéficient, sont pratiquement assurés d’être européens et qui, de plus, peuvent compter sur des droits de télévision plus importants qui les immunisent en cas de non participation à la Ligue des Champions.

Les stars sont donc regroupées dans un cercle de clubs de plus en plus restreint : 240 des 250 joueurs les mieux côtés au monde évoluent dans les cinq plus grands championnats.

Cela pose problème à l’UEFA : comment faire en sorte qu’il y ait encore du suspense en Ligue des Champions si l’écart entre les équipes sur le terrain est tellement important ? Au cours des quinze dernières années, le nombre moyen de points des vainqueurs de groupe est passé de 12 à 14. Les deuxièmes ont également deux points de plus qu’au début du siècle tandis que les troisièmes et quatrièmes sont de plus en plus largués.

Des ténors de plus en plus forts

Si on analyse plus en profondeur les rapports de force, on constate que le groupe des super-clubs prend de plus en plus d’avance. L’an dernier, en phase de poule, le PSG a battu l’Etoile Rouge 6-1. Le Bayern (5-1), l’AS Roma (5-0), le Real Madrid (5-0) et Manchester City (6-1) se sont également imposés sur des scores-fleuve. On ne peut plus parler d’accident car, de 2003 à 2018, le nombre de matches remportés par trois buts d’écart est passé de 17 à 23 %.

La différence de buts affichée par les vainqueurs de poules est de plus en plus importante et les victimes sont les troisièmes et quatrièmes du groupe. En somme, les matches sont de plus en plus prévisibles. Dans 80% des cas, c’est l’équipe favorite sur papier qui remporte le match (voir tableau).

En fait, seuls quelques clubs peuvent encore remporter la Ligue des Champions. Même les demi-finales sont devenues un terrain de jeu pratiquement exclusivement réservé aux clubs des grands championnats. Les deux dernières exceptions viennent des Pays-Bas : l’Ajax en 2019 et le PSV en 2005.

Petit à petit, ça pose problème à l’UEFA. Le suspense, les surprises et le caractère imprévisible de la Champions League contribuent en bonne partie à sa valeur. Au cours des dernières années, ces facteurs ont souffert. La saison dernière, l’Ajax a rendu un grand service à l’UEFA mais on peut parler d’accident.

Si la tendance actuelle se confirme, la phase de poules ne sera bientôt plus qu’une formalité, un passage obligé. C’est l’UEFA elle-même qui est responsable de cette situation car elle a accordé quatre places aux grandes nations et aucune à d’autres. Il serait assez simple de rétablir l’équilibre en redistribuant les primes et en permettant à davantage de clubs portugais, hollandais, turcs ou belges d’accéder aux poules mais tout cela est théorique.

Un super championnat

En pratique, les grands clubs ne cessent de menacer de créer leur propre super championnat, indépendamment de l’UEFA. Ils font pression sur la confédération européenne et l’obligent à chercher des solutions pour conserver ses bijoux de famille et contenter les grands clubs.

Elle leur présente donc des modèles qui doivent leur garantir plus de revenus encore. Alors que son objectif premier doit être de garantir un football sain et attractif sur le continent, elle se profile donc de plus en plus comme une firme qui assure avant tout le marketing de ses tournois.

A l’horizon 2024, c’est un nouveau tournant qui l’attend. L’UEFA et l’ECA constatent que le marché des droits de télévision est en train de changer de façon drastique. Les jeunes regardent de moins en moins la télévision, ce qui peut influencer les audiences et les recette publicitaires.

Afin d’augmenter la valeur des droits de télévision de la Ligue des Champions, il faut donc miser sur d’autres continents. Et la question est de savoir si c’est possible avec le format actuel. En Asie, personne n’est prêt à rester debout jusqu’à quatre heures du matin pour voir un match entre Barcelone et Bate Borisov. Les gens veulent des affiches, comme Barcelone – Manchester City. Et si possible le week-end, à des heures convenables.

De plus, l’UEFA s’intéresse de plus en plus à internet, afin de conquérir un public jeune. Au début du siècle, les plus grandes marques de la planète étaient Coca-Cola et Microsoft. Aujourd’hui, c’est Apple et Google. Ce n’est pas pour rien qu’au début de l’année, l’UEFA a lancé UEFA TV, une plate-forme de streaming qui, dans un premier temps, diffuse des résumés de matches de Ligue des Champions et de Ligue des Nations.

C’est encore gratuit mais celui qui veut l’utiliser doit s’enregistrer via un compte UEFA, Google ou Facebook.  » Le paysage digital change et nous devons anticiper « , dit Ceferin, le président de l’UEFA.  » Nous pouvons miser sur de jeunes groupes de fans dans le monde entier.  »

Trois possibilités et sept points

C’est ainsi que, dans leur présentation, l’UEFA et l’ECA imaginent ce que sera le monde de demain et se disent que, si on ne change rien, la croissance risque de s’en ressentir. Elles définissent trois possibilités susceptibles de conférer encore plus de valeur à la Ligue des Champions :

1. Jouer le week-end, surtout pour valoriser le potentiel de la compétition en Europe de l’Est.

2. Plus de places assurées pour les clubs attractifs au niveau mondial.

3. Créer d’autres possibilités de diffuser des rencontres live via d’autres canaux (en ligne), histoire d’augmenter le nombre de spectateurs.

L’UEFA reconnaît que les intérêts sont divergents. D’un côté, on a douze multinationales qui veulent conquérir le monde. De l’autre, des clubs qui doivent lutter pour rester compétitifs et d’autres qui éprouvent carrément des difficultés à survivre. Pour développer les futures modèles, sept points ont été pris en compte :

1. Organiser la meilleure compétition possible qui permette aux clubs ne faisant pas partie des cinq grandes nations d’être les plus concurrentiels possible.

2. Refléter au mieux le rapport de forces en Europe.

3. Faire en sorte que la compétition soit stable en assurant la participation (de certains clubs).

4. Conserver l’avance sur d’autres concurrents dans un paysage médiatique changeant.

5. Trouver une solution pour élargir l’éventail de possibilités de retransmissions live et remédier aux lacunes en matière d’horaires pour les pays en dehors de l’Europe.

6. Respecter et valoriser les championnats nationaux.

7. Récompenser les vainqueurs des coupes nationales.

Modèle pyramidal

Après cette ébauche de la situation actuelle, l’UEFA et l’ECA sortent un lapin de leur chapeau : un modèle pyramidal avec montée/descente (voir schéma 1). Analysons d’abord les projets en matière de Ligue des Champions. On a imaginé une compétition semi-fermée dont 24 des 32 participants se qualifient en vue de l’édition suivante.

Quatre groupes de huit et une phase de poules qui passe de six à quatorze rencontres. Les cinq premiers de chaque poule sont qualifiés pour l’édition suivante. Les huitièmes descendent et disputent les barrages de l’Europa League la saison suivante. Les sixièmes et septièmes s’affrontent pour le maintien. Les vainqueurs restent et les descendants se retrouvent en Europa League la saison suivante. Autrement dit : celui qui arrive en Ligue des Champions a très peu de chances de ne plus être européen la saison suivante.

Comme 24 clubs poursuivent leur route en Ligue des Champions la saison suivante, il reste huit places à attribuer. Dans cette proposition, quatre d’entre elles sont réservées aux demi-finalistes de l’Europa League. Il n’en reste donc que quatre pour les vainqueurs des championnats nationaux, qui doivent passer par une phase de qualification (schéma 2).

En Europa League aussi, la première ébauche offre davantage de sécurité. Outre les quatre demi-finalistes (qui sont promus en Ligue des Champions), les quatre perdants des quarts de finale sont également récompensés : ils sont assurés de disputer l’Europa League la saison suivante. Comme quatre clubs montent de la Division 3 et quatre descendent de la Ligue des Champions, il reste 20 places à attribuer aux clubs par le biais des compétitions nationales.

Ici aussi, des matches supplémentaires sont prévus. L’idée est qu’au terme de la phase de poules, seuls les quatrièmes classés soient éliminés. Les deuxièmes et troisièmes joueraient des barrages afin de savoir qui pourrait accéder à la phase par élimination directe (schéma 3).

Répartition régionale

En ce qui concerne le troisième niveau, on songe à une répartition régionale des séries. Chaque région (nord, sud, est, ouest de l’Europe) compterait quatre poules de quatre clubs. Chacune d’entre elle disputerait son propre tournoi avec une phase de poules et une phase par élimination directe. Les quatre vainqueurs finaux s’affronteraient alors pour le trophée mais ils seraient tous quatre assurés de jouer en Europa League la saison suivante (schéma 4).

Et maintenant, la question qui tue : comment l’UEFA et l’ECA vont-elles sélectionner les 32 heureux participants de la Ligue des Champions ? Elles y ont pensé, bien entendu. Elles suggèrent de faire la moyenne des résultats nationaux des quatre saisons précédant celle du lancement de l’épreuve. Ceci afin d’éviter qu’en 2023/24, des clubs prennent des risques insensés pour tenter d’être champions.

Car les intérêts sont énormes. Celui qui sera de la partie en 2024 aura de fortes chances d’être européen pour longtemps. Et celui qui n’y est pas éprouvera énormément de difficultés à y accéder par la suite.

Selon cette présentation, le nombre de participants de chaque pays à la Ligue des Champions est plafonné à cinq. Le nombre de places pour des pays comme la Russie, les Pays-Bas, l’Ukraine, la Turquie, le Portugal et la Belgique sera donc réduit. Pourtant, l’UEFA affirme que ce système permet à chacun de rêver.

Les avantages pour l’UEFA et les grands clubs sont clairs. Les matches européens vont prendre de la valeur et les grands pays auront le super championnat dont ils rêvent mais sous l’égide de l’UEFA. Les affiches seront nombreuses et plairont au monde entier, Barcelone et le Real Madrid constituant les armes idéales pour accéder à de nouveaux marchés et toucher les jeunes. De plus, les clubs seront plus stables financièrement puisqu’ils seront assurés bien plus tôt d’une participation européenne et ne dépendront plus du classement final de leur championnat national.

Pas mal de reproches

Si l’UEFA et l’ECA pensaient que leurs plans séduiraient tout le monde, elles se sont trompées. Des dirigeants de ligues, de fédérations et de clubs n’ont pas du tout apprécié. Leur principal reproche, c’est que cette formule va court-circuiter les championnat nationaux.

L’Ajax et Barcelone se focaliseront avant tout sur la Ligue des Champions. Ils vont jouer beaucoup plus de matches de poules, au terme desquels ils pourront se qualifier pour l’édition suivante. Ils aligneront donc leurs meilleurs joueurs en Coupe d’Europe.

 » Ils feront jouer les U21 en D2, les U23 en D1 et leur équipe-type en Ligue des Champions « , dit Jacco Swart, directeur des ligues professionnelles européennes (European Leagues). En théorie, il est possible que le troisième de la Jupiler Pro League dispute la Ligue des Champions mais pas le champion.

Le titre national n’aura plus qu’une valeur relative et les droits de télévision, les recettes de sponsoring ainsi que la vente des tickets pour les matches de championnat vont chuter.

Cela explique que de nombreuses ligues se sont déjà opposées fermement au projet. On s’attendait à ce que le Danemark et la Suisse réagissent de la sorte mais, de façon assez surprenante, la Bundesliga et la Premier League partagent cet avis.  » Nous pensons tous que ces propositions nuisent aux championnats nationaux de tout le continent « , disent les clubs anglais.

Le président de la Bundesliga, qui est aussi le boss du Borussia Dortmund, parle de  » conséquences inacceptables.  » C’est étonnant car cela signifie qu’au sein même de l’ECA, tout le monde n’est pas d’accord avec le plan qu’Agnelli et l’UEFA ont concocté. Plus de de deux cents clubs sont affiliés à l’ECA mais Agnelli semble n’avoir défendu que les intérêts de la Juventus et d’un petit groupe de clubs espagnols ou italiens.

Motus et bouche cousue

Avant la dernière réunion des membres de l’ECA, Schalke 04, la Lazio, l’AS Monaco, Saint-Etienne et Bâle ont d’ailleurs fortement critiqué les plans d’Agnelli. Même de grands clubs comme Manchester City et Liverpool ne sautent pas de joie. Au cours des trois prochaines années, en Premier League, les droits de télévision rapporteront un total de dix milliards d’euros. Pourquoi mineraient-ils leur propre compétition, la plus forte au monde, en contribuant à la création d’un concurrent ?

En juin, au cours d’une conférence de presse conjointe avec Agnelli, Edwin van derSar, directeur de l’Ajax et vice-président de l’ECA, a affirmé que la pyramide présentée offrait une base meilleure et plus solide que le système actuel.  » L’idée générale est de disputer plus de matches européens et c’est ce que les clubs souhaitent, qu’ils soient grands ou petits.  »

L’ECA et Ceferin nient avoir établi ce plan pour contenter les super clubs. Ils utilisent l’exemple de l’Ajax pour expliquer pourquoi la nouvelle pyramide constitue une bonne affaire.  » Nous voulons assurer la stabilité « , dit Agnelli.  » L’Ajax a atteint les demi-finales et a signé un doublé dans son pays mais il doit passer par les tours préliminaires de la Ligue des Champions. Comment un tel club peut-il grandir ?  »

Aujourd’hui, plus personne ne parle. Les nombreuses critiques semblent avoir effrayé l’UEFA. Elle use et abuse de lettres et de communiqués de presse pour faire le ménage parmi les dirigeants qui, en coulisses, ont imaginé le modèle. Le président Ceferin affirme à présent sans sourciller que la présentation n’était qu’une  » base de discussion.  »

Etant donné les détails et le fait qu’un seul modèle ait été présenté, tout le monde en doute. On pense plutôt à un projet clef-sur-porte qui aurait été rapidement adopté si autant de voix ne s’étaient pas levées. Il a été décidé que toutes les parties se remettraient bientôt à table pour discuter de la formule des coupes d’Europe après 2024.

Les opposants au projet de l’UEFA et de l’ECA craignent que celles-ci ne conservent leur modèle pyramidal et qu’on n’y apporte que quelques corrections, notamment en matière de descendants et de vainqueurs des championnats nationaux directement qualifiés. La prochaine réunion aura lieu le 11 septembre. A suivre.

Andrea Agnelli
Andrea Agnelli© BELGAIMAGE
A l'Ajax, on digère mal qu'une équipe qui a atteint les demi-finales la saison dernière, doive passer par les tours préliminaires cette année.
A l’Ajax, on digère mal qu’une équipe qui a atteint les demi-finales la saison dernière, doive passer par les tours préliminaires cette année.© BELGAIMAGE
L'Ajax, représenté ici par Dusan Tadic, doit encore forger sa qualification pour la phase finale face à Hapoel.
L’Ajax, représenté ici par Dusan Tadic, doit encore forger sa qualification pour la phase finale face à Hapoel.© BELGAIMAGE
Quel avenir pour la Ligue des Champions ?
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