Bruxelles ou la politique d’immobilité

Juillet – Au début des vacances d’été, la mobilité dans et vers Bruxelles est catastrophique. Une situation qui a, malheureusement, tendance à se répéter.

L’épisode du piétonnier au centre-ville témoigne, une nouvelle fois, de la politique d’immobilité de la Ville de Bruxelles. C’était une question de jours pour que les automobilistes  » s’habituent « . Les choses ont, effectivement, fini par s’arranger, mais plus en raison du démarrage des vacances que d’une faculté d’adaptation miraculeuse des navetteurs, en l’absence de véritable plan B via les rues avoisinantes, elles-mêmes saturées.

De nouvelles zones piétonnes sont projetées pour 2018. Alors qu’on attend toujours le RER, le métro nord-sud et l’élargissement de la jonction Nord-Midi. De vraies alternatives sans lesquelles un switch des automobilistes n’est pas envisageable. A moins, comme en Inde, de s’asseoir sur les toits des rames.

La démolition du viaduc Reyers devrait durer près d’un an. Aucun plan B d’envergure n’a réellement été mis en place. Et de nos jours, l’hélicoptère reste un luxe. A l’est, le quartier est truffé de parcs d’entreprise dont il devient périlleux de sortir vers 17 h. Les communes voient surtout dans ces Enterprise Parks des recettes fiscales stables. Mais tous les zonings existants et ceux en projet mènent aux voiries existantes. La paralysie est donc inscrite dans les astres.

Plus à l’extérieur, le ring de Bruxelles à deux fois trois bandes n’est pas plus large qu’une autoroute de campagne entre Liège et Louvain. Le ring est  » Mont-Saint-Jean  » n’est qu’à deux fois deux bandes et n’a pas même le statut d’autoroute. Au nord et à l’est du ring, les velléités flamandes d’élargissement se heurtent à l’utopie verte qui règne à Bruxelles.

Au sud-ouest, sur l’autoroute Mons-Bruxelles, le viaduc de Wauthier-Braine vaut le détour : après trois ans et demi de travaux, le passage sud-nord n’est toujours pas terminé. C’est un chantier fantôme. Pas d’ouvriers, pas de bétonneuses.

Fallait-il retarder les travaux à Anderlecht Industrie ? Pensez-vous ! La coordination entre Régions est une notion évanescente. Une heure de file tous les matins depuis Hal. En plein mois de juillet. Et des transporteurs routiers et navetteurs qui tentent leur chance par le ring est…

Les navetteurs restés en poste en ce début de juillet en sont donc pour leurs frais. La situation est pire qu’au mois de juin. Le burnout des travailleuses et des travailleurs commence tôt le matin, sur nos routes. Et l’incapacité de travail pour raisons psychologiques monte en flèche.

Reste la bicyclette. Là aussi, est-elle aussi bienvenue qu’on le dit ? Il suffit d’emprunter l’avenue Roosevelt pour répondre à la question. A côté d’un large terre-plein de gazon laissé vierge pour le plaisir des yeux des diplomates, on a tracé au pinceau deux minuscules et prétendues  » pistes cyclables  » au milieu des voitures qui ne peuvent même plus avancer de front. Ce qui fait, là comme ailleurs, de la petite reine un des moyens de locomotion le plus risqué et accessoirement cancérigène. Peindre un petit motif à l’effigie d’un vélo sur une voirie et prétendre qu’on encourage les deux roues relève de l’imposture.

La situation ubuesque d’une capitale européenne en travaux permanents ne profite qu’aux écoles d’ingénieurs dont les étudiants peuvent apprécier une infinité de travaux pratiques. Comme en témoigne la gare Schuman, une prouesse technologique rendue nécessaire par 50 ans d’improvisation et de politique à courte vue.

Mobilité ? A Bruxelles et alentour, c’est bien d’une politique d’immobilité dont il faudrait parler. En mesure- t-on bien les conséquences toxiques sur le PIB bruxellois ?

Nicolas de Pape

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