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Depuis 1289, la famille de Gaiffier d’Hestroy n’a cessé d’occuper la vie publique namuroise. Echevins, bourgmestres et gouverneurs de père en fils, ils ont traversé les siècles. En toute discrétion.

Guillaume de Gaiffier d’Hestroy, conseiller à l’Union wallonne des entreprises, appartient à l’une des plus anciennes familles namuroises.  » La famille n’a jamais cherché les honneurs, commente-t-il. Elle a toujours participé à la vie publique namuroise, sans qu’aucune rue ni place soit jamais baptisée de son nom. « 

Une discrétion dont le baron est fier :  » Je n’ai rien fait pour porter ce titre. Tout le mérite en revient à mes ancêtres. Par respect pour eux, je me dois de maintenir un certain style de vie. « 

Habitant le château d’Everhailles, à Yvoir, hérité du côté de son épouse, il affirme qu’il vendrait jusqu’à sa dernière chemise pour ne pas se séparer de cette demeure. Attaché à la province de Namur, Guillaume de Gaiffier d’Hestroy souhaite rester dans ce qu’il appelle  » le berceau familial « . Pour lui, même si l’on quitte le nid à un moment de sa vie,  » on retourne toujours là où l’on est né. Un peu comme les saumons, qui reviennent mourir sur le lieu de leur naissance « .

La famille de Gaiffier, dont on retrouve la trace pour la première fois en 1289, dans le Livre des Cens et Rentes du Comté de Namur au xiiie siècle, possède encore aujourd’hui le château de Houx, où la mère et le frère de Guillaume de Gaiffier sont installés. Quant à l’hôtel de Gaiffier, imposante bâtisse où logeait Paul de Gaiffier d’Hestroy, gouverneur de la province de Namur entre 1919 et 1937, il accueille le musée provincial des Arts anciens du Namurois. En 1950, la fille du gouverneur en a fait don à la province, à la condition expresse que l’hôtel familial soit transformé en musée.

Paul de Gaiffier d’Hestroy a exercé sa fonction de gouverneur comme un véritable sacerdoce : il a ainsi refusé, tout au long de son règne de gouverneur, de toucher ses émoluments, pourtant comparables à ceux d’un ministre. De même, il n’a pas voulu habiter la résidence provinciale.

La chose publique n’a cessé d’être au centre des activités de la famille de Gaiffier. Herman, le fils du gouverneur, qui était par ailleurs un excellent cavalier – il a remporté une médaille d’argent au concours hippique des Jeux olympiques d’Anvers, en 1920 -, est ainsi devenu bourgmestre de Houx. Avant que son fils Guy ne devienne conseiller communal à Yvoir.

Si l’on remonte l’arbre généalogique de la famille, on constate que les Gaiffier ont exercé presque sans discontinuer des fonctions politiques au niveau local ou provincial. On ne compte pas les échevins, bourgmestres de Namur et autres membres du conseil provincial qui se sont succédé de père en fils. Godefroid de Gaiffier, né en 1475, décroche la timbale : il occupe un poste d’échevin à 27 reprises au cours de sa carrière namuroise !

L’anoblissement, pour asseoir la situation sociale

Appartenant dès l’origine à la haute bourgeoisie, les Gaiffier sont anoblis en 1635. Guillaume de Gaiffier d’Hestroy, qui a étudié l’histoire familiale, avance une explication :  » Les finances de la famille devaient être un peu moins bonnes à l’époque. Pour asseoir leur situation sociale, elle a probablement sollicité son anoblissement.  » Le premier titre de noblesse sera décerné à Pierre-Joseph-Baudouin de Gaiffier d’Hestroy. C’est Napoléon Bonaparte qui le fait baron. Président de l’administration communale de Namur, puis maire de la Ville de Namur à l’époque du Directoire, il reçoit l’empereur et son épouse en 1803. S’adressant à Napoléon, il lance, inspiré :  » Vous avez épuisé tous les genres de gloires, vous n’épuiserez jamais l’amour des Namurois !  » L’empereur reconnaissant lui offre alors une tabatière en or massif. Un trésor que la famille de Gaiffier possède encore.

G. Q.

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