Demotte-Delannois, tandem de choc ou duo explosif ?

Sur le papier, Rudy Demotte et Paul-Olivier Delannois sont complémentaires. Mais si le premier est bourgmestre, empêché, à l’issue du scrutin de 2012, il devra s’impliquer peu ou prou dans la gestion de la ville. Or son suppléant refusera d’être un simple exécutant.

Avec l’installation de Rudy Demotte (PS) à Tournai, les militants socialistes sont doublement  » comblés « . A priori, son arrivée rejette l’éventuelle tripartite MR-CDH-Ecolo aux oubliettes et l’entente avec l’ancien président de l’Union socialiste communale (USC), Paul-Olivier Delannois, apaise les tensions au sein du PS local. En façade du moins.

Sauf énorme surprise, Rudy Demotte sera bourgmestre en 2012 et, empêché, il sera remplacé par le second score PS, qui devrait être l’apanage du premier échevin Paul-Olivier Delannois. Sur le papier, les deux hommes se complètent. Rudy Demotte peut grappiller des voix jusque dans les autres partis grâce à son aura. Lors du scrutin régional de 2009, le ministre-président de la Région wallonne et de la Communauté française avait réalisé 8 038 voix à Tournai, soit le plus haut score jamais réalisé dans la cité scaldienne, toutes élections confondues. Paul-Olivier Delannois, lui, mise sur son action sur le terrain et sa popularité. Il avait récolté 4 434 voix de préférence au dernier scrutin régional à Tournai.

Le hic, c’est que les deux hommes ont des profils différents. Rudy Demotte est posé et diplomate alors que Paul-Olivier Delannois peut se révéler sanguin et ruer dans les brancards, même s’il a adopté un ton plus conciliant ces derniers mois.

Delannois refuse d’être un pantin

Dans ce tandem, Paul-Olivier Delannois refuse en tout cas d’être un pantin, le simple exécutant d’une politique dont les ficelles seraient tirées par Rudy Demotte, qui prendra bientôt la tête de l’USC. Et il ne veut pas que le double ministre-président impose son armada.

Rudy Demotte s’investira en tout cas sur le terrain extra-tournaisien : la Wallonie picarde et l’eurorégion Lille-Courtrai-Tournai. A propos de sa présence dans la cité des Cinq Clochers, il assure  » avoir toujours laissé la liberté de gestion à celui qui doit gérer et qui en a la légitimité démocratique « , en référence à Flobecq, où Philippe Mettens (PS) est bourgmestre faisant fonction. depuis 2000. Cela ne s’est pourtant pas passé sans frictions…

Mais Tournai n’est pas Flobecq. Rudy Demotte devra assurer une présence qui impliquera une certaine immixtion dans la gestion de la ville afin de démontrer qu’il ne fait pas de la figuration. Ce qui risque de créer des tensions avec Paul-Olivier Delannois.  » Cela peut même être explosif « , lancent des élus socialistes.  » Ce sera plutôt un tandem de choc où l’un aura besoin de l’autre. Il y aura des conflits, des coups de gueule, mais les deux hommes feront prévaloir l’intérêt général. Ils devront aussi ignorer des tierces personnes au PS qui veulent les diviser « , souligne la présidente du CPAS Rita Leclercq-Desenclos (PS), qui s’est toujours refusé de prendre position.  » C’est logique que Rudy Demotte s’investisse dans la gestion de la ville, mais nous devrons faire cela en collaboration. Nous devrons trouver nos marques, un équilibre, car nous avons intérêt tous les deux à ce que ce duo marche « , assure l’échevin Paul-Olivier Delannois. Et Rudy Demotte d’enchaîner :  » Regarder dans la même direction, avoir un projet et communiquer, c’est la clé d’une bonne équipe. « 

 » Les résultats des élections seront déterminants pour l’efficacité du duo « , analyse le Flobecquois Philippe Mettens.  » Si les scores sont proches, cela risque de ne pas marcher. Mais s’ils sont éloignés, il n’y aura pas de concurrence réelle. Et l’un comprendra qu’il est politiquement dépendant de l’autre. « 

En tout cas, à l’approche du scrutin communal de 2012, les deux hommes devront se montrer unis, s’ils ne veulent pas donner du grain à moudre aux autres partis.

LAURENT DUPUIS

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