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2013, nouvelle année noire pour les journalistes dans le monde

Le Vif

Avec le conflit syrien et le nombre record de reporters emprisonnés en Turquie, 2013 s’achève sur un bilan noir pour les journalistes dans le monde, selon le Comité pour la protection des journalistes, qui note toutefois une amélioration par rapport à 2012. En 2013, rapporte l’ONG basée à New York, 52 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur profession, contre 73 l’année dernière.

Avec la guerre civile qui y fait rage et où 126.000 personnes sont mortes depuis mars 2011, la Syrie est le pays le plus dangereux pour les journalistes pour la deuxième année d’affilée. Selon le CPJ, 21 reporters y ont été tués au cours de l’année qui s’achève.

Six journalistes sont morts en Egypte, cinq au Pakistan, quatre en Somalie, trois au Brésil, trois en Irak et deux autres au Mali et en Russie. La Turquie, le Bangladesh, la Colombie, les Philippines, l’Inde et la Libye ont chacun vu la mort d’un journaliste cette année.
Pour la deuxième année consécutive, la Turquie est le pays qui emprisonne le plus les journalistes, suivie de près par l’Iran et la Chine. Dans ces trois pays se trouve plus de la moitié des 211 reporters détenus dans le monde en 2013.

« Le fait de mettre des journalistes en prison est la marque distinctive d’une société intolérante et répressive », a jugé le directeur du CPJ, Joel Simon.

Au Vietnam, le nombre de journalistes en prison est passé de 14 en 2012 à 18 actuellement, dans la foulée d’une vague répressive visant les blogueurs, note l’ONG. « Il est préoccupant de voir le nombre de journalistes emprisonnés au Vietnam et en Egypte augmenter », a déclaré M. Simon. « Mais il est vraiment choquant que la Turquie soit le pays qui emprisonne le plus de journalistes pour la deuxième année consécutive ».

Le nombre de journalistes emprisonnés en Syrie est passé de 15 l’an dernier à 13 cette année, mais une trentaine de reporters étrangers ont été enlevés en Syrie depuis le début de la guerre, dont les Américains Austin Tice et James Foley, et les Français Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès.

Le nombre de journalistes enlevés a doublé en 2013

Durant cette année 2013, 87 journalistes ont été enlevés dans le monde, ce qui représente une augmentation de 129% par rapport aux 38 personnes enlevées en 2012, ressort-il mercredi des chiffres annuels de Reporters sans Frontières (RSF). Cette augmentation est due, en grande partie, au conflit qui fait rage actuellement en Syrie.

Selon RSF, 49 journalistes ont été enlevés en Syrie, où ce genre de pratique devient « systématique » et effraie les professionnels de l’information dans leur volonté de se rendre sur le terrain. « Au moins 18 journalistes étrangers et 22 Syriens sont actuellement portés disparu ou enlevés », affirme l’organisation.

Selon l’organisation, la Syrie, la Somalie et le Pakistan confortent leur position parmi les cinq pays les plus meurtriers pour la profession. Parmi les tués en 2013, quatre sur dix (39%) ont ainsi été victimes de conflits, notamment en Syrie, en Somalie, au Mali, dans les provinces de Chhattisgarh (Inde), du Balouchistan (Pakistan) et du Daghestan (Russie). Les autres ont été victimes de la couverture d’attentats, ou assassinés par des groupes liés au crime organisé (mafia, narcotrafic, etc), des milices islamistes, par des forces de l’ordre ou sur ordre d’officiels corrompus.

La baisse du nombre de tués enregistrée en 2013 est cependant relativisée par une augmentation de 9% des agressions et des menaces, qu’elles émanent de groupes infra-étatiques ou des forces de l’ordre. Plus de 2.100 faits ont ainsi été constatés. « Les journalistes ont systématiquement été pris pour cibles par les forces de l’ordre en Turquie et dans une moindre mesure en Ukraine, en marge des mouvements de protestation du parc Gezi et de la place Maïdan », déplore RSF.

Enfin, au moins 178 journalistes sont emprisonnés à ce jour dans le monde. La Chine, l’Erythrée, la Turquie, l’Iran et la Syrie demeurent, comme en 2012, les cinq principaux geôliers.

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