Attention, v’là l’iPhone !

Cinq mois après les Etats-Unis, le dernier bijou technologique d’Appel débarque en Europe. La concurrence s’annonce implacable. Les  » iPhone killers  » sont lâchés…

Mais à quoi donc ressemble cet appareil multimédia que le magazine Time vient de baptiser  » invention de l’année  » ? Avant tout, l’iPhone est un téléphone tactile, sans clavier ni boutons. Il suffit d’un léger mouvement du pouce pour passer d’une fonction à une autre. Véritable couteau suisse du high- tech, l’iPhone, tour à tour téléphone, appareil photo ou encore lecteur MP3, a su rendre la navigation d’une fonction à l’autre intuitive. La manipulation de ce malin gadget se révèle d’une simplicité étonnante, comme seul Apple en a le secret.

Par contre, il n’est pas adapté pour l’écriture rapide de SMS, ni compatible avec la 3G, la toute nouvelle norme haut débit de téléphonie euro- péenne. Sa batterie est de courte durée et sa caméra, de faible résolution. Enfin, un seul opérateur par pays (ATT aux Etats-Unis, Deutsche Telekom en Allemagne, Orange en France) permet d’y avoir accès. Cela n’a pas empêché 1,4 million d’Américains de se l’arracher dans les nonante premiers jours qui ont suivi sa commercialisation.

Pourtant, si Apple s’est lancé dans la course aux mobiles, c’est moins pour établir un record de vente de téléphones portables – Steve Jobs, cofondateur d’Apple, vise seulement, à l’en croire, une vente de 10 millions de terminaux – que pour prendre position sur la plate-forme d’avenir de consommation de médias. Le téléphone portable apparaît de plus en plus comme un supermarché, où il est possible de quasiment tout commercialiser, et Apple a eu l’intuition qu’il ne fallait pas rater ce train à grande vitesse.

Dans le monde, on compte deux fois plus de mobiles – trois milliards – que d’ordinateurs. Or, aujourd’hui, il est possible de surfer sur Internet grâce à son GSM. C’est le cas des smartphones, littéralement  » téléphones intelligents « . Ces machines à tout faire (écoute de la musique, réception de films, commande de tickets de cinéma, envoi d’e-mails…) ne cessent de se démocratiser et de gagner du terrain. Selon une étude de Jupiter Research, le nombre de ventes de ces merveilles technologiques va passer de 20 millions cette année à 150 millions en 2011. Désormais, dans les pays émergents, un internaute sur deux le devient grâce à un téléphone mobile. Et c’est sur ce nouveau champ de bataille que vont s’affronter des industriels venus d’horizons différents : fabricants de portables, géants de l’Internet ou encore, opérateurs traditionnels.

La concurrence s’annonce sans merci. Sur son chemin, l’américain Apple se trouve face à des constructeurs voraces, comme le chinois Amoi et le finlandais Nokia, bien décidés à vendre leurs appareils, mais surtout des services à plus forte valeur ajoutée. Si le nombre de terminaux est en constante augmentation, leur fabrication elle-même s’avère de moins en moins lucrative. Soumis à la pression des prix chinois, les constructeurs n’ont guère le choix : les prix des GSM haut de gamme sont en train de chuter. Le hardware n’est plus porteur. Cap donc sur les services. Signe des temps : Olli Pekka Kallasvuo, patron de Nokia, vient de lancer une foule de sites Web dédiés à la musique et aux jeux vidéo, de plus en plus utilisés sur des mobiles.

Apple se confronte aussi aux maîtres historiques du logiciel, à l’instar de Microsoft qui a créé Windows Mobile pour HTC, et aux géants de l’Internet qui mettent au point des systèmes d’exploitation pour GSM. Google vient de lancer Android qui, comme Mac OS ou Vista sur les ordinateurs, s’apprête à faire tourner des mobiles surpuissants, dès le printemps 2008. Le géant de Mountain View, en Californie, a réussi à s’allier une trentaine de partenaires, parmi les plus grands noms des télécoms, et semble décidé à atteindre une nouvelle hégémonie. De leur côté, les opérateurs traditionnels de téléphonie n’ont d’autre choix que de repenser leur métier. Et vite ! Le transport de la voix, désormais assuré sur Internet de manière quasi gratuite, n’est plus intéressant pour eux.  » En 2012, près de la moitié de ces opérateurs auront développé une activité en dehors des télécoms, comme les médias ou la publicité « , estime David Bradshaw, analyste chez Ovum.  » Dans cet univers très bousculé, chacun essaie d’avoir un accès direct au client et de le facturer au maximum « , enchérit Jim Basilie, cofondateur de BlackBerry. Qui gagnera cette guerre technologique et commerciale ? Difficile à dire, tant les stratégies des acteurs, anciens ou plus récents, diffèrent. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura pas de place pour tous. On comptera les morts…

Guillaume Grallet et Thierry Denoël

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