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Attaque à Bamako: 27 tués dans la prise d’otages, revendiquée par Al-Mourabitoune

Le bilan de la prise d’otages dans l’hôtel Radisson de Bamako s’élevait vendredi soir à « au moins trois terroristes tués », et au moins 27 morts parmi les clients et employés, dont un belge. Le groupe jihadiste Al-Mourabitoune a revendiqué l’attaque.

« Le dernier bilan est d’au moins trois terroristes tués ou qui se sont fait exploser », a affirmé cette source militaire sous le couvert de l’anonymat, estimant que leur nombre total ne dépassait pas quatre.

Au moins 27 clients et employés de l’hôtel sont morts dans l’assaut et la prise d’otages, a ajouté cette source, sans être en mesure de préciser leurs nationalités.

D’après le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, cinq Belges se trouvaient dans l’hôtel. Deux d’entre eux sont sortis sains et saufs, un est donc décédé. Ce haut fonctionnaire au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles « était en mission à Bamako dans le cadre d’une convention de collaboration avec la francophonie parlementaire pour une durée de trois jours », a indiqué l’assemblée dans un communiqué. Le sort des deux derniers Belges n’est pas encore connu.

Selon le ministère malien de la sécurité intérieure, les assaillants sont au nombre de « deux ou trois », des témoins faisant état d’une « dizaine d’assaillants » armés. « Ca se passe au 7e étage, des ‘jihadistes’ sont en train de tirer dans le couloir », a déclaré par ailleurs une source de sécurité à l’AFP.

Attaque du groupe jihadiste Al-Mourabitoune ?

L’Algérien Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe jihadiste Al-Mourabitoune, fidèle à Al-Qaïda, « est sans doute à l’origine » de l’attentat à l’hôtel Radisson Blu à Bamako, a déclaré vendredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

« Il est recherché par de nombreux pays depuis longtemps, il est sans doute à l’origine de cet attentat, encore qu’on n’en est pas tout à fait certain », a dit le ministre sur la chaîne de télévision française TF1.

Dans un communiqué lu au téléphone au site mauritanien Al-Akhbar et à la chaîne de télévision panarabe Al-Jazeera, Al-Mourabitoune a revendiqué cet attentat comme une opération conjointe avec al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Cette revendication n’a pas été officiellement authentifiée.

L’attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, s’est produite vers 7h00 (locale, 8h00 heure belge).

Selon le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, situé à l’ouest du centre-ville de Bamako, « 125 clients et 13 employés » étaient « toujours dans l’immeuble » de 190 chambres peu avant 15h00.

A la mi-journée, la télévision publique malienne a annoncé la libération d' »environ 80 otages ».

Compte tenu de la dimension du lieu, une bonne partie des personnes présentes s’étaient enfermées et n’étaient donc pas sous la menace directe des ravisseurs, a souligné le ministère.

Les assaillants sont entrés dans l’enceinte de l’hôtel au même moment qu’une voiture munie d’une plaque diplomatique, selon le ministère. Des tirs d’armes automatiques ont ensuite été entendus. Outre des policiers et militaires maliens, des forces spéciales de la gendarmerie étaient déployées, ainsi que des membres de la Minusma et de la force française Barkhane. « Les Américains également sont en train de nous apporter un appui à l’intérieur de l’hôtel », a précisé le colonel Salif Traoré.

Nationalités diverses

Parmi les clients évacués, un journaliste de l’AFP a vu trois personnes, dont deux femmes, une Turque et une Ivoirienne, qui ont déclaré avoir vu le corps d’un homme à la peau claire gisant au sol, puis une quatrième, un Chinois.

Au moins trois gardiens de l’établissement ont été blessés, dont l’un grièvement, selon un secouriste. Un journaliste de l’AFP a également vu un policier touché par balle.

Six blessés ont été admis aux urgences de l’hôpital Gabriel, selon la ministre malienne de la Santé, le Dr Marie Madeleine Togo.

Parmi les étrangers séjournant dans l’hôtel figuraient notamment 20 Indiens (tous évacués), 12 employés d’Air France (désormais « en lieu sûr », selon la compagnie), sept de Turkish Airlines, dont cinq évacués, sept Algériens, (tous exfiltrés, selon Alger), deux Allemands (évacués) et enfin « au moins six citoyens américains » mis à l’abri selon des sources militaires américaines. Sept Chinois et quatre Belges séjournaient également dans l’établissement au moment des faits mais on ignorait leur sort.

Selon un touriste chinois cité par l’agence officielle Chine nouvelle, après les premiers coups de feu vers 06H30 GMT, suivis de « fusillades sporadiques », une odeur de brûlé « s’est répandue dans les couloirs et les chambres, l’Internet a été coupé et la réception de l’hôtel ne répondait plus aux appels téléphoniques ».

Le président Ibrahim Boubacar Keïta, a écourté son séjour au Tchad, pour un sommet des cinq pays du Sahel, afin de rentrer à Bamako.

Début 2012, le nord du Mali est tombé sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l’année vers le centre, puis le sud du pays.

Dans un enregistrement remontant à octobre et récemment authentifié, le chef du groupe jihadiste Ansar Dine, allié d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, dénonçait l’accord de paix signé en mai-juin entre le camp gouvernemental et la rébellion et appelait à frapper la France « croisée ».

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