Nouvelles crèches sur les rails

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Une première crèche pourrait s’ouvrir dans une gare, l’an prochain. Charleroi accueillerait un projet pilote, ouvert aux parents navetteurs et au personnel de la SNCB.

Les cris des bambins ne couvriront pas le bruit des trains. Mais ils mettront une touche de vie permanente dans ces lieux si particuliers où l’on ne fait d’habitude que passer : les gares. L’ouverture de crèches dans les grands n£uds ferroviaires du pays figure en effet dans les cartons de la SNCB et du gouvernement de la Communauté française. L’idée serait venue des navetteurs eux-mêmes, confrontés à la difficulté de trouver des places d’accueil pour leurs enfants, et du personnel de la SNCB, qui compte de plus en plus d’agents féminins.

Une expérience pilote pourrait être lancée dans le Hainaut, où l’ancien centre de tri postal de la gare de Charleroi-Sud serait reconverti pour héberger une centaine d’enfants.

A ce jour, aucun projet n’a toutefois été déposé à l’ONE (Office de la naissance et de l’enfance), seule institution habilitée à autoriser l’ouverture d’une crèche en Communauté française et impliquée dans le financement du personnel.  » L’appel à projets pour les années 2008 et 2009 ne sera lancé qu’au deuxième semestre de 2007, après l’approbation du nouveau contrat de gestion de l’ONE « , indique Brigitte Marchand, attachée à la cellule  » Enfance  » du cabinet de la ministre de tutelle Catherine Fonck. S’il est retenu, ce projet ne verra donc pas le jour avant 2008, dans le cadre du plan Cigogne, adopté par le gouvernement de la Communauté française, et qui prévoit l’ouverture de 8 000 nouvelles places pour enfants de 0 à 3 ans, d’ici à 2009.

Charleroi dispose de quelques  » atouts  » qui pourraient plaider en sa faveur : c’est l’une des régions de la Communauté française les moins bien pourvues en structures d’accueil, avec un taux de couverture des enfants en âge de se rendre en crèche de 14 %, contre 24 % en moyenne. La cité carolo répondrait aussi aux critères socio-économiques retenus pour sélectionner les nouveaux projets de crèches. Enfin, il y passe chaque jour quelque 12 000 navetteurs, sans parler des membres du personnel de la SNCB.

C’est que la compagnie de chemin de fer est, elle aussi, demandeuse. La législation ne permet toutefois pas de réserver des places d’enfants pour une certaine catégorie de personnel, sauf dans le cadre du projet SEMA (synergies employeurs milieux d’accueil). Celui-ci impose à l’employeur de verser à l’ONE 3 000 euros par place réservée et par an. Mais l’ouverture de structures d’accueil pour enfants dans les bâtiments de la SNCB ne pourra de toute manière se faire sans une modification du contrat de gestion qui la lie à l’Etat fédéral et qui fixe ses missions et leur financement.

Assurer un service et humaniser les gares

 » L’idée nous paraît très séduisante, affirme Philippe Tomberg, porte-parole de la SNCB. Une étude de faisabilité a d’ailleurs été demandée à notre cellule en charge du patrimoine immobilier. En soi, ça tombe sous le sens d’installer des crèches dans les gares. Ce projet entre parfaitement dans le cadre de notre politique de valorisation des gares, considérées comme le c£ur des villes. Autrement dit, nous voulons faire de ces n£uds d’intermodalité des lieux où le consommateur se verra proposer une multitude de services.  » En plus des commerces classiques et des distributeurs de billets installés non loin des voies, les navetteurs ont déjà, ou auront à terme, la possibilité de faire laver leur linge en un jour dans les gares, d’y faire développer leurs photos, de s’y approvisionner dans une moyenne surface ou de se rendre dans un Point Poste. A la gare de Vilvorde, un service de repassage, assuré par une entreprise d’économie sociale, a récemment vu le jour, tandis qu’à Bruxelles-Central un point vélos (dépôt, surveillance et réparation) a été inauguré il y a peu. Anvers-Central accueille aussi des £uvres d’art. Alors pourquoi pas des enfants ?

Laurence van Ruymbeke

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