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 » Nous ne pensons qu’à la victoire « 

L’ultime match de la Jupiler Pro League 2016-2017 est l’occasion pour Ostende de se qualifier pour l’Europe. Ce serait une première pour le club.La parole à son capitaine, Sébastien Siani.

A cinq jours du match de barrage contre Genk, il fait aussi chaud à Ostende que l’année dernière au Cameroun, quand nous y avions discuté avec Sébastien Siani. Une blessure à l’aine rend le capitaine incertain pour ce qu’il considère comme le match le plus important de la saison. Beaucoup de choses ont changé depuis qu’il a signé pour le club, alors pensionnaire de D2, en 2013.

 » Nous n’étions nulle part « , répond-il.  » Le président a conféré une autre dimension au club grâce à son capital. Ostende a progressé sur tous les plans. Le stade, le complexe d’entraînement, le noyau. Nous avons même notre propre car. Avant, nous nous rendions aux matches en déplacement à bord d’un bus de De Lijn (l’équivalent flamand du TEC, ndlr). Désormais, nous sommes fiers de faire partie du KVO.  »

S’il s’impose mercredi, Ostende découvrira l’Europe. Une première dans son histoire. Nul n’a besoin qu’on lui explique l’importance de l’ultime match de la saison.  » Si nous sommes encore ici, c’est pour ce match. Nous y avons investi dix jours de vacances. Nous ne pensons à rien d’autre et nous savons ce que nous devons faire ce jour-là : gagner, rien d’autre que gagner. Peu importe que nous jouions bien ou mal, pour autant que le score soit à notre avantage à l’issue du match. Nous sommes tous prêts à donner le maximum pour ajouter une dimension à l’aventure d’Ostende. Nous ne pensons vraiment qu’au succès.  »

 » Défendre doit être l’affaire de tous  »

Quelles leçons tirez-vous de la finale de coupe perdue contre Zulte Waregem ?

SEBASTIEN SIANI : La seule leçon à en tirer, c’est qu’il faut gagner une finale.

Mais comment ? Quel est votre plan ?

SIANI : Nous y avons travaillé à l’entraînement, en corrigeant ce que nous n’avions pas bien fait contre Zulte. Nous cultivons notre rage de vaincre. On ne gagne pas seulement grâce à sa technique, à son physique ni à sa tactique mais aussi par sa mentalité.

Pourquoi avez-vous perdu la finale de la coupe ?

SIANI : Parce que nous n’avons pas été assez méchants. Quand on marque trois buts dans une finale, on doit gagner. Nous avons pris l’avantage à deux reprises mais nous avons permis à l’adversaire d’égaliser. Nous sommes si obnubilés par l’attaque que nous oublions parfois de défendre. Quand le score est de 4-3, nous voulons marquer le 5-3 et nous oublions que nous nous exposons à encaisser un but. Nous ne verrouillons pas nos matches, nous continuons à jouer. C’est lié à notre style de jeu, à notre système. Nous avons suffisamment de footballeurs assez mûrs et intelligents pour bloquer le jeu mais la défense n’est pas que l’affaire des arrières. Il faut s’y prendre collectivement. Par exemple si, en perte de balle, les attaquants commettent une faute dans le camp de l’adversaire au lieu de compter sur un médian ou un défenseur pour résoudre le problème, chacun a la possibilité de revenir derrière le ballon. Si nous nous imprégnons tous de cette mentalité, nous serons plus forts et nous progresserons ensemble.

C’est aussi dû au profil des joueurs. Ostende se passe souvent de véritable numéro six devant la défense. Sébastien Siani est un ancien attaquant, Michiel Jonckheere a été un dix et Kevin Vandendriessche occupait le huit, le dix ou le sept à Mouscron. Andile Jali est bien un médian défensif mais il a été blessé, n’est plus parvenu à réintégrer l’équipe et ne s’est pas toujours comporté avec professionnalisme.

SIANI : Ce sont trois types complètement différents mais chacun donne le meilleur de lui-même quand il est aligné. Pour moi, le plus facile est d’évoluer aux côtés de Jali, parce qu’il n’est pas stéréotypé. Je veux dire que Jali n’est pas un footballeur programmé. Il sent le jeu, reste calme en possession du ballon et joue facilement. Je suis plus à l’aise avec lui qu’avec les autres. Pour moi, il est un des meilleurs, si pas le meilleur de l’équipe. On ne joue pas seulement avec ses pieds mais aussi avec sa tête. Il est revenu dans le onze de base depuis quelques semaines et il a retrouvé le plaisir de jouer. Évidemment, quand on a été aussi longtemps sur la touche, il n’est pas évident d’être au sommet de sa forme à chaque match. J’espère en tout cas qu’il va jouer, pour nous apporter un peu de fraîcheur et de magie et ainsi nous aider à nous qualifier.

 » S’il n’est pas harcelé par la mafia, Dimata ira loin  »

Autre particularité d’Ostende, ses profils offensifs, autour du solide avant-centre Landry Dimata : légers, techniques, créatifs. Des ailiers dotés d’une action et un meneur comme Franck  » Maestro  » Berrier, qui ne prennent pas toujours leurs missions défensives à coeur.

SIANI : Nous avons une des meilleures attaques de Belgique. On ne peut pas tout avoir ni s’attendre à ce que défendre soit aussi simple qu’attaquer. Nous sommes conscients de posséder des techniciens en attaque et nous jouons en fonction d’eux. C’est pour ça que nous trouvons si souvent le chemin des filets. Pour jouer autrement, il faut des profils différents. Un type comme Frank Berrier n’est pas fait pour défendre. Il faut jouer en fonction de ses qualités. Si on l’oblige à beaucoup défendre et tacler, il perdra la force et la lucidité nécessaires pour faire la différence quand il est en possession du ballon.

Landry Dimata (19 ans) apporte une énorme plus-value devant. Contrairement à Cyriac, il est un numéro neuf qui travaille pour l’équipe et qui pèse sur une défense.

SIANI : Dimata est la grande surprise de cette saison. Il a surgi de nulle part, il s’est manifesté d’emblée, grâce à ses qualités et à sa préparation, il est resté modeste et n’a cessé de travailler et d’écouter les conseils. La principale surprise, c’est qu’il a joué quasiment tous les matches, directement. Je pense que sa blessure vient sans doute de cette succession de matches. Non seulement il est costaud mais il est bien élevé, très intelligent et déjà très mûr pour son âge. Il reste calme en toutes circonstances. Il n’est pas impulsif et ne riposte jamais. C’est aussi un élément crucial. Le joueur qui réunit toutes ces qualités devient naturellement un excellent footballeur. S’il poursuit sur sa lancée et qu’il n’est pas trop harcelé par la mafia, il ira loin.

Ce match de barrage contre Genk est déjà ta troisième finale de la saison puisque début février, tu as remporté la Coupe d’Afrique des Nations avec le Cameroun contre l’Égypte.

SIANI : Ce succès, nous le devons à la force de notre collectif. Seul, on ne peut pas gagner de match. On gagne toujours tous ensemble. J’espère que nous allons aborder le match contre Genk dans cet état d’esprit.

En principe, tu te rends dès le lendemain au stage de l’équipe nationale camerounaise en Guinée Équatoriale. Ensuite, il y a la Coupe des Confédérations en Russie, du 17 juin au 2 juillet. Ta saison ne sera pas encore achevée quand Ostende reprendra l’entraînement pour l’exercice suivant. Mais tu ne veux pas rater ce mini-mondial.

SIANI : Ce tournoi n’a lieu que tous les quatre ans et on n’a sans doute l’occasion d’y participer qu’une fois dans sa carrière. Surtout quelqu’un comme moi, qui est arrivé très tard en équipe nationale. Pour moi, chaque match international est un Mondial. Je joue toujours comme si c’était la première et la dernière fois. Mais pour l’heure, je suis concentré sur le mercredi 31. On verra bien après.

par Christian Vandenabeele – photos Belgaimage

 » Pour jouer autrement, il nous faut d’autres profils de footballeurs.  » Sébastien Siani

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