Biberons et Star Academy

La naissance d’Olivia, il y a deux mois, a bouleversé votre vie…

Toni Brogno (29 ans, Westerlo): Bien plus que nous ne le pensions, même si nous jouions beaucoup avec les enfants de nos deux familles. Il nous a fallu dix jours pour nous rendre compte que ce bébé était bien à nous. Nous voulions un enfant et nous savions qu’une naissance s’assortit de contraintes, mais elles dépassent ce que nous imaginions, même si chaque jour nous apporte du bonheur. Avant, quand je revenais de l’entraînement, nous passions dire bonjour à nos familles, nous mangions puis nous passions la soirée chez l’un ou l’autre. Maintenant, il y a le biberon, le bain… Et Olivia doit être couchée à 21 heures: elle ne s’endort que lorsqu’il fait noir. Sortir devient une expédition: il faut préparer un sac. Au début, ça nous prenait une heure. Maintenant, c’est fait en cinq minutes. Avant sa naissance, nous faisions des balades en vélo dans le quartier. Maintenant, nous promenons la poussette. Je m’occupe d’elle: ce sont des moments privilégiés. Pour Francesca, c’est dur car la petite se réveille deux fois par nuit.

Souhaitez-vous d’autres enfants?

Franceca en voulait deux et moi un. C’est l’inverse, maintenant, mais son accouchement, par césarienne, a été très pénible. J’y ai assisté. Je n’ai pas tourné de l’oeil mais c’est impressionnant! Nous voulons d’abord voir Francesca grandir. On verra bien plus tard. De toute façon, elle a des tas de cousins.

Vous restez fidèle à la région de Charleroi. Pourquoi?

Ma famille a beaucoup d’importance, même si, à cause de notre travail, mes frère et moi ne nous voyons que le dimanche après-midi. Nous n’avons jamais déploré de dispute mais chacun a son chez-soi. J’ai deux clubs en Belgique: Westerlo et Charleroi. J’avais 11 ans quand Dante y a fait ses débuts et j’aimerais y jouer un jour.

Aimeriez-vous vivre en Italie?

Nous ne pourrions pas: nous sommes belges. Mes deux années en France ont constitué une expérience mais je ne voudrais jamais y habiter, plus tard. Nous avons encore de la famille en Italie, dans le sud. La mentalité est trop différente: les gens vivent au jour le jour, ils cuisinent très sainement. Ils font eux-mêmes les pâtes, les saucissons, l’huile d’olive. Ils n’ont pas les moyens d’aller au supermarché plusieurs fois par semaine. Ils se contentent de peu, la femme ne travaille pas. Ils ne connaissent pas le stress de la Belgique.

Vous restez aussi fidèle à vos origines.

A 57 ans, mon père travaille toujours à l’usine. Avant, elle était à 500 mètres de la maison. Maintenant, il doit se déplacer à Namur. J’ai connu ça pendant quatre ans. On gagne peu d’argent. Le matin, m’éveiller n’est pas pénible, même si je sais qu’il y aura des bouchons, car j’exerce ma passion. Je suis resté ami avec mes anciens collègues. Il n’y a pas de barrière entre nous. J’ai la chance d’avoir des amis de tous horizons. L’un d’eux a mal tourné mais je continue à le voir. Dans 10 ou 15 ans, les joueurs n’auront plus que des salaires d’ouvriers. Je pense souvent à nos supporters: un père qui gagne 1.250 euros par mois et qui vient au foot deux fois par mois avec son fils dépense près de 40 euros par match, en prenant un verre et un hamburger. C’est nous qui devons les respecter, pas le contraire.

Quels sont vos loisirs?

Jardiner est un moment privilégié. J’ai conçu les massifs moi-même, je m’occupe de l’entretien. Je ne pense à rien, en écoutant le chant des oiseaux. Je préfère les plantes vertes et vivaces aux fleurs, qui ne durent qu’une saison, mais j’en plante pour Francesca. Sinon, j’aime le tennis, la Playstation et je regarde certains matches à la TV.

Quelles sont les caractéristiques de Francesca?

Elle est stressée. Si la petite ne boit que cinq biberons et demi, elle court chez le pédiatre. Maniaque, aussi: tout doit blinquer. Elle peut très bien passer l’aspirateur à 11 heures du soir. Elle ne peut pas quitter la maison si un verre est sale. C’est aussi Miss Catastrophe, sauf en auto et avec la petite: un jour, elle a voulu filtrer une soupe pour en retirer les grumeaux mais elle n’avait pas mis de casserole en dessous de la passoire! Quand elle se lève la nuit, elle emporte les couvertures ou elle se cogne à la porte… En revanche, elle nettoie deux fois plus vite que n’importe qui. Elle est speedée. Et elle dit ce qu’elle pense. Elle n’est pas plus rancunière que moi et nous ne nous disputons guère. Elle est gentille, même trop: elle se couperait en quatre pour les autres.

Comment avez-vous fait la connaissance de Toni?

Francesca Sanchez-Hernandez (33 ans): J’étais caissière et il faisait ses achats. Ce fut le coup de foudre. C’était il y a quatre ans et demi. Nous avons beaucoup de points communs.

Travaillez-vous encore?

Toni a préféré que j’arrête, puisque nous en avons les moyens. Mon travail était stressant. Je devais scanner 33 articles à la minute, de 9 heures à 19 heures, et je devais aussi m’occuper des rayons et nettoyer. Nous voulions consacrer du temps à notre enfant et pas le retrouver pour lui donner son bain et le mettre au lit, comme beaucoup sont malheureusement obligés de le faire.

Vous ne vous ennuyez pas?

Non, je m’occupe du ménage, je vais chez ma mère, je pratique l’aérobic et le fitness, que je reprendrai à l’issue de mes séances de kiné post-natale. Et puis, il y a le shopping, mon gros défaut: je suis incapable de sortir d’un magasin sans acheter quelque chose, même s’il ne s’agit que de chaussettes! Si Toni a besoin d’un pantalon, il n’achète que ça. Moi, je prendrai aussi un chemisier… Avant, je m’achetais des vêtements. Dorénavant, j’en prends aussi pour Olivia. J’achète des choses simples, qui me plaisent, pas des marques. Je n’aime pas les chichis. Je regarde Star Academy. C’est bête mais j’aime bien. Et je regarde aussi le foot.

Aimez-vous le football?

J’y ai joué pendant sept ans, à l’AS Châtelineau, un petit club. J’étais centre-avant. Je le regrette car ça m’a trop musclé les jambes. Toni rigole quand il voit les photos. C’est vrai que ce n’est pas un sport très féminin. Nous parlons peu de football car il aime tirer un trait sur son boulot en montant dans sa voiture. Même quand il perd, son humeur ne s’en ressent pas. J’évite quand même d’aborder un thème délicat la veille d’un match: j’attends le dimanche, pour ne pas l’énerver.

Aimez-vous cuisiner?

Des plats simples, comme une belle assiette de pâtes, mais pas de chichis! Les plats préférés de Toni sont simples: pizza, lasagne, frites. Moi, j’aime la paella. Ma mère est italienne mais mon père espagnol.

Vous avez vécu deux ans à Sedan. Quel souvenir en conservez-vous?

La mentalité et le football sont différents. Les Français estiment être les meilleurs en tout. Ils méprisent quelque peu les Belges. Leur vulgarité nous a parfois choqués, comme certains mots qu’ils emploient à tout bout de champ. Ils soupent tard: vers 8 ou 9 heures. Nous avons été heureux de revenir en Belgique.

Comment décririez-vous Toni?

Il est têtu. Quand il veut quelque chose, c’est tout de suite, pas demain. Il ne remet rien à plus tard. Il est toujours positif, il remonte le moral des autres. Dès le matin, il chante. On n’entend que lui et parfois, c’est pénible car on n’est pas toujours alerte. Lui, en une minute, il est bien éveillé! Il met de l’ambiance, comme Dante, il fait des farces. Et il parle beaucoup: parfois, ses coéquipiers me demandent si je n’en ai pas marre!

Quelles sont vos vacances idéales?

Nous sommes allés une fois en République Dominicaine. C’était fantastique. Pour moi, c’est la plage ou la piscine, sans oublier les balades et le shopping, le soir. Toni est actif. Il touche à tout: tennis, natation, foot, kayak, pédalo, plongée. Mais il n’aime pas les visites. Là encore, nous nous rejoignons. L’année prochaine, avec la petite, ce sera différent! Elle marchera déjà. Enfin, Toni jouera avec elle pendant que je lézarderai. Je m’occuperai d’elle le matin et le soir!

Pascale Piérard,

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