Jeux vidéo : les ados sont-ils  » accros  » ?

De la consommation abondante à la dépendance, il n’y a qu’un pas. Peu de jeunes le franchissent. Mais la vigilance parentale reste de rigueur.

En février dernier, un Chinois de 26 ans est mort devant son ordinateur. Il venait de jouer une semaine entière à des jeux vidéo en ligne, sans dormir ni manger. Ces faits divers, sans être tous aussi extrêmes, se multiplient aux quatre coins du monde, notamment en Belgique. Où de nombreux parents s’inquiètent de leurs gamins, rivés à l’écran des heures par jour, les yeux rougis.  » Mon fils est drogué aux jeux vidéo, et le vôtre ?  » demande un père sur un forum Internet.

Pourtant, pour le pédopsychiatre Jean-Yves Hayez,  » les parents ne doivent pas être paranos. Seulement 4 à 5 % des gros consommateurs deviennent dépendants « . Mais où se trouve la limite ? Les experts ont identifié une série de symptômes : faire passer le jeu avant toute autre chose, ne parler que de ça, devenir irritable ou dépressif en cas de privation, mentir sur le temps passé à jouer. Les accros ne contrôlent plus leur consommation, la machine dirige leur vie.  » La nuit, je faisais semblant d’aller dormir, mais je me relevais pour jouer. Je manquais les cours pour aller au cybercafé. Parfois je buvais même du soda à la caféine pour tenir le coup… « , témoigne Mike, 18 ans. Le fait de présenter un ou plusieurs de ces symptômes ne signifie pas forcément qu’on est dépendant. Aurélien, 20 ans, joue entre 10 et 12 heures par jour. Son entourage se fait du souci.  » Aux yeux des autres, ça paraît être toute ma vie, soupire-t-il. Mes proches pensent que je n’ai pas de boulot à cause de ça. Ils se trompent, je garde le sens des priorités. Je vais bientôt commencer à bosser et j’arriverai à décrocher du jeu.  »

Une grande consommation peut simplement servir à combler l’ennui. Parfois, elle cache d’autres problèmes. L’ordinateur devient alors un refuge.  » Avoir une vie sociale pauvre ou être affecté d’une grande timidité sont des facteurs à risques, prévient Jean-Yves Hayez. Un jeune qui se sent dépassé à l’école trouvera du plaisir dans le jeu. Là, il aura l’impression de réussir. Et jouer lui donnera encore moins envie de se pencher sur ses devoirs ; puis le coupera d’autant plus des activités sociales.  » Pareil comportement ne dure généralement pas longtemps.  » Souvent, la soumission à l’Internet ne s’éternise pas, affirme le psychiatre. Quand l’ado entame une nouvelle période de sa vie, comme des études supérieures ou une vraie relation sentimentale, il décroche.  » Christel l’a constaté :  » Je n’avais plus aucun contact avec mon fils, Raphaël. Il ne faisait que jouer. Mais ça s’est régularisé depuis qu’il a rencontré sa petite amie, voici quelques mois.  »

 » La majorité des jeux vidéo sont bien faits  »

Pour les parents, il convient donc d’être vigilants sans s’inquiéter outre mesure.  » Il faut poser des limites, dès le plus jeune âge, et s’y tenir, conseille Jean-Yves Hayez. Mais, surtout, les parents doivent dialoguer avec leur adolescent, attaquer de front les problèmes, comme la mauvaise intégration scolaire.  » Et renoncer aux ordinateurs et autres consoles de jeux ?  » Non, la majorité des jeux vidéo sont bien faits : ils exercent les fonctions cognitives, les réflexes, permettent de s’évader…  » L’essentiel, donc, garder au moins un pied dans la réalité. l

Julie Calleeuw

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