Le pilote a repris les commandes

Le ministre Stefaan De Clerck (CD&V) a tardé à s’emparer de la patate chaude. Mais il semble déterminé à obtenir, par une rafale de procédures, que la justice aille au bout de son travail d’assainissement.

Avant que la bombrief de Glenn Audenaert n’éclate, un avocat est allé s’ouvrir au parquet général de Gand des soupçons de corruption qu’il nourrissait à l’encontre de la présidente du tribunal de commerce de Bruxelles, Francine De Tandt. Comme si de Gand – où est instruit le Fortisgate – devait venir le salut, comme si plus aucune autre magistrature n’avait le courage de s’attaquer aux dysfonctionnements bruxellois…

Et pourtant. C’est bien, en toute logique territoriale, au procureur général près la cour d’appel de Bruxelles, Marc de le Court, que le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck (CD&V), a demandé de tirer l’affaire au clair.

Plus question de la jouer discrète…

Depuis le 9 juillet, Stefaan De Clerck détient le rapport explosif de la police judiciaire fédérale de Bruxelles, sans très bien savoir qu’en faire, d’ailleurs. Consulté, le procureur général Marc de le Court avait suggéré, le 17 juillet, de se limiter à approfondir l’enquête disciplinaire. Proposition acceptée le 5 août par le ministre, mais chahutée par les  » révélations  » du Tijd. Tétanisé par les fuites qui prolifèrent dans la presse – sous une forme anonyme -, depuis le 13 août, De Clerck se tait dans toutes les langues jusqu’au 18, obligé qu’il était de réagir : une poignée de parlementaires, relayant la stupéfaction de l’opinion publique, exigeaient, en effet, des éclaircissements.

La justice est maintenant en ordre de bataille. Trois procédures vont être menées de front : 1. L’enquête pénale  » à charge et à décharge  » (cela va sans dire, habituellement) sur Francine De Tandt : le parquet général n’aura qu’à reprendre l’enquête disciplinaire interne qui l’avait lavée de soupçons de  » faits pénalement répréhensibles  » et investiguer à fond, comme à Gand (examen de la téléphonie, accès aux comptes bancaires, confrontations, etc.), pour infirmer ou confirmer les soupçons de corruption. C’est du sérieux. 2. L évaluation, par la Cour de cassation, de la qualité de l’enquête disciplinaire engagée le 1er août 2007 à l’encontre de Francine De Tandt et qui est restée dans le tiroir du premier président de la cour d’appel Guy Delvoie ; 3. Le rapport du procureur général Marc de le Court, à remettre pour la fin du mois d’août (il est donc supposé le plus facile à boucler) sur la manière dont a été traité le dossier de l’avocat Robert Peeters et comment la police judiciaire fédérale a recueilli et transmis ses informations au parquet.

Le 28 août, le ministre de la Justice espère avoir obtenu suffisamment d’éléments sur cette affaire, qualifiée dès l’abord de  » nébuleuse et complexe « , jusques et y compris à la police fédérale, pour s’adresser aux membres de la commission Justice de la Chambre. Le député socialiste Thierry Giet a été le seul à réclamer la réunion des commissions conjointes de la Justice et de l’Intérieur, dans la mesure où l’on pourrait s’interroger aussi sur l’éventuel viol du secret professionnel par le patron de la police judiciaire fédérale de la capitale, qui s’est taillé, à tort ou à raison, une stature d’incorruptible. Mais personne, des syndicats policiers à la magistrature, n’éprouve l’envie de rejouer le duel police-justice de l’affaire Dutroux.

M.-C.R.

plus jamais le duel justice-police de l’affaire Dutroux

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