Flics du Pays noir à  » Carolo-plage « 

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

En cette saison, la Westkust accueille de très nombreux vacanciers hennuyers. Qui ne sont pas tous des enfants de chour. Depuis trois ans, des policiers de Charleroi viennent, durant l’été, épauler leurs collègues flamands.

Sur la digue qui longe la plage de Coxyde, Jean-Paul et Jonas déambulent tranquillement. L’humeur est à la détente. Mais les deux inspecteurs en balade ouvrent l’£il – et le bon – à l’affût du vacancier à secourir ou du possible malfaiteur à alpaguer. Dans les deux langues nationales, excusez du peu. Car, par les temps qui courent sur le littoral belge, un policier flamand peut en cacher un autre… wallon celui-là.

Le duo Jean-Paul et Jonas, c’est un condensé de flics flamands et wallons, en mission main dans la main. Linguistiquement, ces deux-là font la paire. L’inspecteur Jean-Paul Dejaegher, policier à la Westkust, depuis vingt-sept ans, joue à domicile. Son équipier du jour, Jonas Fontaine, 22 ans et à peine dix mois de service, débarque tout droit d’un commissariat de Charleroi. Etonnante escapade pour un jeune flic du Pays noir. Et impensable sans l’échange de bons procédés, conclu en octobre 2004, entre les zones de police de Charleroi et de la Westkust.

C’est avec perplexité que, chaque été, la police des stations balnéaires de Coxyde, Nieuport et La Panne voit affluer sur ses plages une marée de vacanciers francophones, souvent originaires du Hainaut.  » Quelque 300 000 touristes « , lâche Johan Geeraert, commissaire à la zone Westkust. On n’y compte pas que des enfants de ch£ur… Durant la haute saison, des bandes organisées de délinquants quittent ainsi leurs terrains de chasse de Charleroi ou du Borinage pour sévir dans cette portion du littoral.  » Pas mal d’entre eux, déjà fichés, commettent ici des cambriolages, des vols de voitures. Ils arrivent en train et repartent avec un véhicule volé « , poursuit le commissaire. Autant dire qu’un renfort carolo est le bienvenu : dans trois quarts des cas, les interventions policières se font en français. Qu’il s’agisse d’assister des victimes ou d’interroger les auteurs de délits. A Charleroi, en revanche, on apprécie le coup de main des flics de la côte pour encadrer les supporters de foot flamands venus soutenir les équipes nordistes contre les Zèbres du Sporting, au Mambourg.

Rien de tel que le patois carolo pour adoucir les excités

C’est grâce à ce deal, unique en son genre, que trois inspecteurs carolos se relaient, chaque semaine, pour donner une touche hennuyère à la présence policière au littoral, en juillet et en août. Jonas s’est porté volontaire. Pour changer d’air. Et quitter le stress du quotidien policier à Charleroi..  » C’est plus calme ici que chez vous, non ?  » lance un policier du coin. Jonas sourit en guise de confirmation, avant de  » confesser  » un Parisien pris en flagrant délit de tentative de vol dans une boutique.

Les policiers du cru ne cachent pas leur admiration : ils savent y faire, ces policiers carolos quand il s’agit d’intervenir pour apaiser les esprits ou mettre un fauteur de troubles hors d’état de nuire.  » On sent qu’ils ont le feeling « , raconte le coéquipier de Jonas. Rien de tel, en effet, qu’un petit rappel à l’ordre en patois du Pays noir pour ramener le calme. Il y a quelques jours, la recette a encore fait mouche quand il a fallu calmer l’excitation d’une Carolo de 16 ans qui avait blessé un motard de la police alors qu’elle tentait de prendre la fuite sur un scooter. Jusqu’à la côte, la police de Charleroi n’oublie pas ses brebis galeuses. l

Pierre Havaux

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