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Qu’attendre de Merkel III ?

Ce mardi 17 décembre sonne le début du troisième mandat d’Angela Merkel. Après 85 jours de négociations, l’alliance entre les chrétiens démocrates de Merkel et les sociaux-démocrates est désormais scellée. La chancelière reste, le partenaire change.

Merkel III sera-t-il différent de Merkel II ? Pour le savoir, Levif.be a posé trois questions à Guillaume Duval, rédacteur en chef du magazine Alternatives économiques, et auteur du livre « Made in Germany : le modèle allemand au-delà des mythes ».

85 jours, ce sont les plus longues négociations en Allemagne. Angela Merkel a dû faire des concessions ?

Je pense qu’il y avait un consensus assez large en Allemagne pour dire qu’il fallait prendre un tournant social et revenir sur certaines réformes de l’ère Gerhard Schröder. Angela Merkel s’est faite un peu prier pour ne pas froisser la frange de son électorat la plus conservatrice.
Du côté du parti social-démocrate, il y avait une histoire assez négative des « Grandes Coalitions », cela explique aussi en partie la durée des négociations.

En passant des libéraux aux sociaux-démocrates comme partenaires, faut-il s’attendre à un fort virage à gauche ?

Angela Merkel est une chancelière assez sociale. Si elle est si populaire, c’est en partie, car elle est plus sociale que les sociaux-démocrates schröderiens. Elle a déjà corrigé des choses, mais elle était un peu bloquée dans son alliance avec les libéraux.
Finalement, les chrétiens-démocrates ont des gènes assez sociaux. Mais ils sont généralement assez conservateurs sur le plan des valeurs. Ce qui est beaucoup moins le cas d’Angela Merkel.

Qu’est-ce qui risque de changer concrètement ?

Une grande partie de l’accord prévoit de revenir sur les réformes du début des années 2000. Il y aura l’instauration d’un SMIC, une réglementation de l’intérim, etc. Les Allemands s’étaient serré la ceinture au début des années 2000. Ils vont un peu la desserrer et soutenir davantage la demande intérieure allemande. Cela devrait avoir pour conséquence d’entretenir un peu plus l’activité dans la zone euro.

Au niveau de l’attitude envers l’Union européenne, il pourrait également y avoir des changements. Alors que Merkel II était une source de blocage et disait souvent « non », l’attitude pourrait désormais être différente. Ses alliés libéraux étaient devenus très eurosceptiques sur la fin du mandat. Avec les sociaux-démocrates, les choses vont peut-être changer.

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