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Gérard Deprez: « Je m’interroge sur la bonne stratégie à mener »

Le Vif

Le sénateur MR, ex-président du PSC, annonce à 70 ans son envie de briguer un nouveau mandat. Tout en confiant ses doutes sur l’avenir du mouvement qu’il a fondé, le MCC.

Entretien : François Brabant

Le Vif/L’Express : Votre choix de coeur, pour le scrutin du 25 mai prochain, ce serait d’être candidat à quel endroit ?

> Gérard Deprez : Je dirais en premier lieu au parlement européen, où j’ai siégé vingt-cinq ans. Le deuxième choix, ce serait d’aller à la Chambre. Dans quelle circonscription ? Il y a des provinces où je ne suis pas forcément souhaité, d’autres où je pense que je ne ferais pas un bon résultat, ça limite le choix. Je suis d’origine luxembourgeoise. J’ai habité dans le Brabant wallon. Et j’ai une petite maison à Chièvres, dans le Hainaut. Bref, il y a plusieurs options.

Vous avez décidé, en 1998, de quitter le PSC. Sans regret ?

> Je vous corrige : je n’ai jamais voulu quitter le PSC. L’origine du différend entre le PSC et moi vient du fait qu’en 1977, j’ai proposé de créer une fédération pour réunir les sociaux-chrétiens et les libéraux. Par la suite, je n’ai jamais abandonné cette idée de mettre sur pied une alternative à la domination socialiste, pour qu’on ne soit pas toujours dans le même moule, avec les mêmes personnes. Regardez : Laurette Onkelinx – et j’ai de l’estime pour elle – est ministre depuis plus de vingt ans. Les autres partis font en permanence la danse du ventre devant le PS, en espérant être choisi comme partenaire. Il faudrait quand même changer de modèle.

Sauf qu’aujourd’hui, le MR gouverne au fédéral avec les socialistes depuis quatorze ans, tandis que le PSC, rebaptisé CDH, a évolué sans vous.

> Oui, et ça n’a jamais été gai pour moi. Quand le PSC a refusé mon idée de fédération avec les libéraux, je me suis dit : je vais quand même faire quelque chose, pour indiquer qu’il y a moyen d’aller dans cette direction-là. D’où la création du MCC. Mais ce n’était pas le premier choix, ça. Je voulais construire autre chose, et je n’ai pas réussi à le faire. Au fond, je reste un social-chrétien, un centriste. Je n’ai jamais changé.

Si vous quittez la vie politique active, le MCC continuera d’exister ? On n’y voit pas de nouvelles figures émerger.

> Vous touchez là une question délicate. Un certain nombre de libéraux pensent que plus le CDH est faible, mieux c’est. Moi, je n’ai jamais pensé ça. Le MCC a contribué – modestement – au renforcement du MR, qui représente aujourd’hui, de loin, la deuxième force politique francophone. Mais si le but, demain, est simplement de pomper des voix au centre, par l’entremise du MCC, afin de remplacer le CDH au pouvoir en alliance avec les socialistes, je dis : c’est pas mon trip. Je n’ai pas fait tout ce que j’ai fait pour ça. Donc aujourd’hui, je suis un peu gêné aux entournures, parce que je m’interroge sur la bonne stratégie à mener.

L’interview intégrale, avec notamment le regard de Deprez sur les questions institutionnelles, dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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