L’impasse de la force

Je partage entièrement votre éditorial. Oui, la  » lutte contre la barbarie saccage les peuples et renforce le terrorisme. C’est l’échec des va- t-en-guerre « . Mais comment faire comprendre cela au prophète George W. Bush et aux dirigeants du peuple élu de Dieu ? Tout ce qui les intéresse est de brandir bien haut l’étendard de la croisade contre l’Infidèle et d’écraser sous les bombes tout ce qui ose se dresser sur leur chemin. Pour cela, leur seul moyen est d’imposer – par les armes, s’il le faut – un système unique, basé sur une puissance unique, sur une langue unique, sur une idéologie unique, comme le proclamait avec véhémence Margaret Thatcher lors d’une conférence aux Etats-Unis en 2000 :  » Au xxie siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, la langue dominante est l’anglais, le modèle économique est le capitalisme anglo-saxon.  » Malheur à ceux qui auraient l’outrecuidance de mettre en doute cette évidence !

La force n’est-elle pas parfois nécessaire pour faire triompher le droit, comme l’histoire nous en donne de nombreux exemples ? Sans la force, Israël aurait été rayé de la carte depuis longtemps. Vous parlez d’un  » échec absolu  » des efforts de démocratisation. Peut-on parler en ces termes de la tenue réussie d’élections en Irak, en Palestine, en Afghanistan, même si la situation qui en est issue est décevante ?

Vous concluez que le terrorisme intégriste est né du conflit israélo-palestinien, et qu’il se nourrit, entre autres, du spectacle des carnages  » dus aux bombes des démocraties « . Pourtant une évidence s’impose à tous : le combat intégriste dépasse totalement la question palestinienne, qui n’en est que le prétexte dérisoire et il vise l’Occident, non pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il est : un monde libre – mais oui ! – et prospère, qui ne doit (plus) rien à l’impérialisme et au colonialisme. Et en matière de carnages, chacun sait que l’atroce violence quotidienne en Irak est le fruit des conflits séculaires entre sunnites et chiites.

Vous parlez de la nécessité  » d’imposer  » une solution au Moyen-Orient. Pourquoi pas ? Commençons alors par imposer aux extrémistes islamistes la reconnaissance de l’Etat d’Israël, qui se montre irréductible que sur un seul point : son droit à l’existence, mais peut négocier sur tout. (…)

Depuis plusieurs semaines, les médias et particulièrement la télévision nous décrivent le drame du Liban et le désespoir de ses habitants broyés par la guerre israélo-arabe. Force est de constater que jamais aucun journaliste ou commentateur ne rappelle la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui oblige Israël à quitter les territoires occupés par Tsahal depuis la guerre des Six-Jours (5-10 juin 1967). Lors des différents commentaires durant les JT des chaînes européennes, cinq principes sont d’application. 1. Quand Israël tue trop de civils, les pays occidentaux l’appellent à  » proportionner  » ses attaques, c’est ce que l’on appelle la réaction de la communauté internationale. 2. Les Arabes (palestiniens ou libanais) n’ont pas le droit de tuer des soldats ou des civils de l’autre camp : cela s’appelle du terrorisme. 3. Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers et c’est toujours Israël qui se défend : cela s’appelle des représailles. 4. Israël a le droit de tuer les civils arabes (ou chrétiens) : cela s’appelle de la légitime défense. 5. Ni Irgoun, ni le groupe Stern, ni le massacre de Deir Yassim ne sont liés à l’Etat d’Israël : ce ne sont que des mensonges fascistes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire